Complémentation au robot : trouver le juste équilibre
Le concentré distribué au robot est un élément important de la réussite de la traite robotisée. La clé est de trouver le bon équilibre pour attirer et satisfaire les besoins de toutes les vaches tout en restant compétitif.
Mis à part en début de lactation où les vaches viennent se faire traire pour se soulager, c’est la distribution de concentré qui attire les vaches au robot. « En traite robotisée, les vaches doivent venir volontairement à la traite. Le robot fonctionne bien lorsque la fréquence de traite dépasse 2,5 traites par jour et que moins de 10 % de vaches sont à pousser », rappelle Philippe Arzul, expert nutrition chez Vitalac, lors du congrès 2022 de la SNGTV (groupements techniques vétérinaires). Pour cela, un concentré appétent et en quantité suffisante au robot est essentiel.
Un concentré appétent
« Il faut au minimum 1,5 kg/j de concentré, soit 0,7 kg par visite, pour attirer les vaches en fin de lactation, et 6 à 7 kg/j maximum pour couvrir les besoins des plus fortes productrices », précise Philippe Arzul. La présentation de l’aliment est importante. « Préférez le granulé, qui est plus facile à ingérer que la farine et génère moins de poussière. » La vitesse d’ingestion est de 600 g/min en granulé, 400 g/min en farine. La qualité de la granulation est importante et doit permettre une descente facile du concentré dans le robot.
« Un concentré doit être appétent et non acidogène », insiste l’expert nutrition. Pour le concentré azoté, mieux vaut se baser sur des tourteaux de soja/colza et éviter les sources d’azote non protéique de type urée, vinasse, sulfate d’ammonium. Pour l’aliment de production, il convient de privilégier le maïs grain, les pulpes de betterave, le gluten ou encore les sons pour leur caractère non acidogène. L’aromatisation est un plus, mais n’est pas indispensable.
Un concentré stable dans le temps
La stabilité des formulations dans le temps est par contre un atout, les vaches étant très sensibles aux changements. Il est conseillé aussi d’étalonner les concentrés une fois par mois ou après chaque livraison, de nettoyer les descentes de silos pour s’assurer d’une bonne distribution et d’identifier clairement les silos afin d’éviter tout risque d’inversions. « Les restes d’aliment au robot ne doivent pas dépasser 5 %, précise Philippe Arzul. S’il y en a plus, c’est qu’il y a trop de concentré ou que les vaches n’ont pas assez de temps pour le manger. Il faut qu’elles passent 5 à 8 minutes dans la stalle. »
Par ailleurs, la diversification des sources de concentrés permet un gain de production. Une étude canadienne (Valacta 2019, Gervais Bisson) montre qu’à chaque fois qu’un ingrédient est ajouté dans la ration, il y a un gain moyen de 400 à 500 kg de lait. « L’utilisation de plusieurs concentrés au robot augmente la précision de l’apport nutritionnel et peut permettre de cibler une période précise de la lactation », analyse le nutritionniste.
De plus, l’apport d’un aliment liquide de type précurseur de glucose les trente premiers jours permet un gain de production. « Avec en prime une réduction des cétoses subcliniques et une augmentation des glycémies. » L’apport d’acides aminés protégés sur support de rafle de maïs peut aussi être utile pour les hauts niveaux de production, ce qui implique d’avoir un troisième alimentateur pour les acides aminés ou de les apporter à l’auge.
Bien gérer les débuts de lactation
La traite robotisée permet d’aller chercher des pics de lactation plus hauts et plus précoces grâce à la troisième traite. Les primipares faisant leur pic à 60 jours et les multipares à 35 jours, il faut accompagner les vaches rapidement en concentré. « Je conseille d’atteindre le maximum en azote à 14 jours et le maximum en concentré de production à 21 jours. En cas de distribution de précurseurs de glucose, le maximum doit être atteint à 7 jours. »
Pour les multipares, le passage en alimentation automatique s’effectue en général après 50 jours, et après 60 jours pour les primipares, avec un apport d’au moins 1,5 kg de concentré pour les plus faibles productrices. Il est également possible d’établir un plan plus élaboré en séparant la lactation en quatre périodes : de 0 à 30 jours, de 30 à 50 jours pour satisfaire les vaches les plus productives, de 50 à 120 jours où l’on force sur l’aliment VL pour gérer la mise à la reproduction et de 120 jours de lactation à 10 jours avant le tarissement. « Il est aussi envisageable de faire très simple. En Lettonie, on trouve des robots avec un seul aliment à 23 % de protéines, distribué à 7 kg en moyenne par vache. Et le système fonctionne. »
Quels concentrés en bio ?
En bio, les concentrés sont coûteux et pas toujours adaptés. Ce qui entraîne assez souvent un défaut d’occupation du robot. Des solutions à partir des produits de l’exploitation sont possibles. Le complément énergétique peut être basé sur une céréale (orge), des méteils ou sur du maïs épi déshydraté si vous disposez d’une usine de déshydratation à proximité. Il est alors aussi possible de faire déshydrater du trèfle afin de s’en servir comme correcteur azoté. « Avec des produits de l’exploitation, le concentré doit être apporté à hauteur d’au moins 2 kilos par vache », estime Philippe Arzul.
Repères
Pour qu’une vache soit incitée à aller au robot, plusieurs éléments se combinent : plus de 10 kg de lait dans la mamelle (20 kg/j), une circulation devant le robot facilitée (prévoir 5-6 m de dégagement), un robot pas trop chargé (compter environ 62 vaches/stalle), des vaches avec de bons aplombs, pas de facteurs de stress…