Ceta
Vers une baisse de 1,5 % en nutrition animale en cas d'accord UE-Canada
Coop de France Nutrition animale estime que le Ceta (Canada-EU Trade Agreement ) engendrerait un recul de la fabrication d'aliments français d'environ 425.000 t.
La Wallonie, qui refuse pour le moment de signer le Ceta, alors que l'UE est censée le valider le 27 octobre, trouve bon nombre de soutiens de la part de la profession agricole et de la première transformation hexagonale. Selon Coop de France Nutrition animale, l'accord de libre échange UE-Canada, s'il est appliqué, engendrerait une baisse à terme de l'activité des fabricants d'aliments de 1,5 % supplémentaire. « Cela s'ajouterait à la baisse de l'activité de 5 % due à l'année 2016 très difficile. Ainsi, ce genre d'accord ne peut qu'empirer les choses », alerte Jean-Luc Cade, président de Coop de France Nutrition animale.
La filière agricole a globalement dénoncé ces derniers jours les dégâts d'un tel accord sur plusieurs secteurs, notamment porcins, bovins et volailles. Dans un communiqué du 20 octobre, le syndicat des Jeunes agriculteurs (JA) pointe du doigt l'arrivée de 75.000 t de viande porcine et de 45.000 t de viande bovine supplémentaires sur l'UE, entrant en concurrence avec les exportations de viandes françaises et par ricochet avec les débouchés des fabricants d'aliments hexagonaux. Pour Coop de France Nutrition animale, l'arrivée de contingents canadiens de viandes porcines, bovines, ovines et de volailles sur l'UE engendrerait une baisse de la consommation française d'aliments par les animaux de 425.000 t, dont 300.000 t pour les industriels, le reste étant produit par les faffeurs (fabricants d'aliments à la ferme). Ainsi, ce sont près de 280.000 t de céréales qui ne trouverait plus de débouchés à destination de l'industrie de l'alimentation animale nationale. « Cela correspond à la production de 3 usines », précise Jean-Luc Cade. Dans le détail, les besoins en aliments pour le secteur porcin en France reculerait de 310.000 t, dont 125.000 t pour les faffeurs et 185.000 t pour les industriels, soit un défaut de débouché pour 185.000 t de céréales. Pour la volaille, la baisse de la production s'éleverait à 145.000 t, soit 90.000 à 100.000 t de céréales non utilisées. Ajoutons à cela quelques milliers de tonnes de céréales qui ne trouveront pas preneur sur les secteurs bovins, ovins... Le secteur laitier/fromager, en revanche, serait bénéficiaire, avec une hausse de la demande en aliments de 30.000 t, soit 5.000 t de céréales consommées en plus.
Plus de convergence dans la gouvernance plutôt que dans les normes
Frédéric Courleux, analyste chez Momagri, estime que « au lieu de multiplier les accords bilatéraux, il faudrait réfléchir à une convergence des politiques agricoles, donnant de la visibilité aux producteurs (...) On ne peut mettre en place des accords avec des convergences de droits de douanes si les protagonistes ont des gouvernances agricoles différentes ! » L'expert rappelle que le Canada bénéficie d'un système de soutien à l'agriculture similaire à celui des États-Unis.