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Exportation de blé tendre 2016/2017
Vers des pertes de parts de marché sur l'Afrique du Nord

Agritel estime un repli des exportations de 60 % de blé français sur les pays hors UE, à 5,1 Mt, du fait de la mauvaise collecte nationale, évaluée à 28,68 Mt.

« Ce genre d'événement arrive une fois tous les 1.500 ans selon nos statistiques », a déploré Michel Portier, président d'Agritel, sur un ton un brin ironique, lors d'une conférence de presse organisée à Paris le 9 août. Ce dernier fait référence à la collecte française 2016 de blé tendre, qui devrait tomber à 28,68 Mt selon Agritel, alors que les autres pays de l'hémisphère Nord vont connaître dans le même temps des récoltes pléthoriques. Conséquence, les exportations françaises vers les pays tiers tomberaient à 5,1 Mt, contre 12,8 Mt en 2015. Celles sur l'intracommunautaire devraient se maintenir (7,26 Mt en 2016, 7,73 Mt en 2015). Au total, les exportations hexagonales pour 2016 chuteraient à 12,36 Mt, soit un repli de 8,17 Mt d'un an sur l'autre. Dans un communiqué de presse du 10 août, le groupe InVivo est un peu plus pessimiste, les estimant en baisse de 8,5 Mt. Michel Portier rappelle qu'un bateau de blé roumain a débarqué sur les côtes françaises récemment. « Et cela risque de continuer (…) Nous estimons les importations de blé tendre de l'Hexagone à presque 1 Mt, contre 0,43 Mt l'an dernier ».

Concurrence accrue sur le Maghreb

« La France va probablement perdre sa place de leadership de l'UE en termes de ventes aux pays hors UE au profit de l'Allemagne (…) Cette dernière devrait engranger une récolte de 25,5 Mt cette année, contre 26,5 Mt l'an dernier », projette Michel Portier. Les exportations germa-niques s'élèveraient à 10,7 Mt, dont 4 Mt vers l'UE, et 6,65 Mt vers les pays tiers, selon Agritel. Toutefois, l'Allemagne ne constituerait pas un concurrent sur les destinations traditionnelles du blé hexagonal. « L'Algérie et le Maroc pourraient se tourner davantage vers les origines mer Noire, les États-Unis et le Canada. Il est probable que nous n'exporterons rien sur l'Égypte cette année, qui se fournira auprès de la Russie et de l'Ukraine », déplore Michel Portier. S'il pense que la France reprendra sa place de n°1 dès l'an prochain, il craint que les clients traditionnels hexagonaux prennent goût aux autres origines.

Les perspectives concernant les prix ne sont guère encourageantes. La Russie devrait engranger près de 70 Mt, selon les analystes d'Agritel, en progression de 8,9 Mt d'un an sur l'autre. Les stocks mondiaux devraient s'élever à 247 Mt pour 2016/2017, contre 243 Mt en 2015/2016, avec un ratio stocks/consommation élevé, à 35 %. « Ces éléments nous laissent penser que les prix vont rester bas encore un moment, sauf incident climatique majeur sur la récolte 2017 », indique Michel Portier.

Débouchés compliqués pour les sons et remoulages ?

Au niveau national, Michel Portier estime qu'il est encore tôt pour connaître les conséquences de la mauvaise récolte sur l'activité des meuniers, tout en donnant quelques éléments. « Les PS bas vont engendrer des rendements moindres. Il faudra se montrer plus clément sur ce point au niveau du cahier des charges ». Un import accru de blé tendre de force, en provenance d'Allemagne surtout, n'est pas à exclure. Et, « avec la hausse de l'offre en blé fourrager, les meuniers pourraient avoir plus de mal à trouver des débouchés pour les sons et remoulages ». Du côté des fabs, « on observe que leurs meilleures années étaient celles où les prix étaient élevés. Les fabs ayant l'habitude de se couvrir à l'avance, ils se prémunissent contre une hausse future ». Désormais, les industriels nationaux pourraient être tentés d'importer des marchandises du Royaume-Uni, avec la baisse de la livre sterling, estime-t-il.

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