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Nutrition animale
« Une hausse significative des prix indéniable »

Pour François Cholat, président du Snia, le renchérissement des matières premières est tel qu’il devra être répercuté sur l’aval de la filière. Mais la loi sur le rééquilibrage des relations commerciales n’est toujours pas votée.

© Yanne Boloh

La Dépêche-Le Petit Meunier: Que pensez-vous de la hausse des prix des matières premières?

François Cholat: Le constat d’une augmentation significative des prix des matières premières est indéniable, avec +15 à +20 % du coût alimentaire pour les monogastriques ! La hausse a démarré il y a quelques mois, et elle touche toutes les catégories de nos matières premières, l’énergie avec les céréales, la cellulose avec la pulpe de betterave et la luzerne et, bien sûr, les protéines, même si les raisons de la hausse diffèrent selon les cas. L’impact des conditions météo est fort pour les céréales et les plantes cellulosiques. Pour les protéines, la question est bien plus internationale avec, en sus du “weather market”, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine qui impacte les flux de matières. Il ne s’agit pas seulement d’une augmentation de la volatilité au jour le jour, mais bien d’une tendance haussière de fond depuis la fin du printemps. Et cela, sans oublier l’épisode de fermeté des vitamines que nous avons subi de février à juin, en raison des problèmes industriels en Chine et en Allemagne, qui commençait tout juste à se calmer.

 

LD-LPM: Quelles sont les conséquences pour vos clients éleveurs?

F. C.: Le renchérissement des matières premières n’est pas un problème en soi si la filière est capable de répercuter cette hausse des coûts de production dans ses prix de valorisation. C’est une impérieuse nécessité, notamment dans les filières à cycle court comme les volailles, ce qui explique que l’aviculture ait été le premier secteur à réagir fin août. Les éleveurs n’ont, dans leur immense majorité, pas la capacité en trésorerie pour absorber cette progression. La capacité des Fab à lisser les soubresauts des marchés des matières premières a aussi ses limites. Chez les éleveurs de ruminants, les conditions météo ont, par ailleurs, réduit la production de fourrages et certains ont déjà commencé à consommer les stocks de l’hiver prochain. Selon l’évolution du prix du lait, nous verrons si ce manque se traduira par des achats supérieurs d’aliments ou, carrément, par une décapitalisation du cheptel.

 

LD-LPM: Y a-t-il une solution?

F. C.: Il n’existe aucun moyen universel pour traiter cette question, même si nous espérons que la nouvelle loi sur le rééquilibrage des relations commerciales pourra faire imposer réellement l’intégration des coûts de production dans le prix des produits agricoles. Nous travaillons sur des indicateurs pour l’alimentation animale. Mais la question restera la même : quelle est la volonté de l’aval à être réactif ? Nous avons, avant même le vote final de cette loi issue des EGalim, une démonstration directe de sa nécessité.

 

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