Une bonne gouvernance des coopératives agricoles pour une meilleure stratégie
Deux enseignants chercheurs à l'université de Clermont-Ferrand ont présenté 61 recommandations, regroupées en six chantiers, afin d'améliorer la gouvernance des coopératives agricoles. Le résultat de trois années d'étude.
Les coopératives regroupent les trois quarts de la population agricole française. « La crise actuelle traversée par les agriculteurs passe aussi par une analyse du fonctionnement de ces coopératives et la manière dont elles sont gouvernées », explique Bertrand Valiorgue, membre de la chaire Alter-Gouvernance, à l'université de Clermont - Ferrand et coauteur du “Référentiel pour une gouvernance stratégique des coopératives agricoles“. Accompagné de Xavier Hollandts, enseignant chercheur, il a rencontré une quinzaine de coopératives françaises de différentes tailles et diverses productions. Avant tout, les coopératives doivent solidifier la relation aux adhérents. « Les coopérateurs veulent davantage de démocratie, être écoutés et ramener les débats au centre du conseil d'administration », explique Pascal Goux, responsable formation à Coop de France Rhône-Alpes-Auvergne. Jérôme Calleau, président de Cavac, essaye par exemple de « consacrer, à chaque conseil d'administration, un temps d'écoute, quitte à parfois en oublier l'ordre du jour ».
Au service de leur territoire
Autre chantier : habiter stratégiquement le territoire. Pour Annick Brunier, administratrice chez Limagrain, « malgré l'agrandissement des coopératives, celles-ci ne doivent pas perdre de vue la réalité du territoire. Avec des secteurs de plus en plus grands, les attentes des sociétaires sont davantage diversifiées. » Avec des coopératives internationalisées, le troisième challenge réside dans le pilotage d'un groupe coopératif à l'international. Pour Xavier Hollandts, « on ne peut pas refuser la mondialisation. Les coopératives, fortes de leur conseil d'administration, sont armées pour s'agrandir tout en développant le territoire. » Mais face à des dossiers de plus en plus complexes, être administrateur ne reviendrait-il pas à exercer un métier à part entière ? Pour Bernard Chalendard, président de Codélia, cet engagement est avant tout la continuité de son métier d'agriculteur. Ainsi, gérer les parcours et compétences des administrateurs devient une priorité. « Les coopératives doivent s'entourer d'une personne responsable de la gouvernance. »
Renforcer les gouvernances
Cependant, les administrateurs sont souvent face à un dualisme : « ils accroissent leurs responsabilités mais doivent également être exemplaires sur leur exploitation », constate Bertrand Valiorgue. Cependant, en se technicisant, l'administrateur ne doit pas oublier son rôle politique. Pour finir, deux derniers chantiers s'imposent : apporter une vision stratégique du conseil d'administration et impliquer les salariés dans la gouvernance, afin qu'ils profitent de la valeur ajoutée. Pour Jean-Christophe Juilliard, DG de Limagrain, « le modèle coopératif doit poursuivre son chemin sans perdre de vue son modèle démocratique ».