Sécheresse
Un comité hebdomadaire pour aider les exploitants
Bruno Le Maire et les syndicats agricoles se sont réunis afin de décider plusieurs mesures.
« La situation est préoccupante pour les agriculteurs », a averti Bruno Le Maire en ouverture de sa conférence de presse, suite au Comité sécheresse du jeudi 13 mai. Alors que le manque de précipitations inquiète de plus en plus les exploitants de toute l’Europe du nord, différents syndicats ont rencontré le ministre afin de trouver des solutions rassurantes pour les différentes filières concernées. « La sécheresse est plus grave et plus précoce qu’en 2003, en raison de précipitations inférieures de 20 à 30% », a lancé le ministre de l’Agriculture, avant d’ajouter qu’elle touche « à des degrés divers l’ensemble des territoires européens, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark et les Etats du nord de l’Europe ».
Economiser les pailles
Et si des « mesures » ont en effet été évoquées par le ministre de l’Agriculture, elles ne restent qu’incitatives. En effet, suite à ce comité, Bruno Le Maire a demandé « de ne pas broyer les pailles par geste de solidarité envers les éleveurs ». Une demande appuyée par la FNSEA, qui souhaite « une moralisation de la production des ventes de paille ». Les syndicats, toutes tendances confondues, s’inquiètent en effet pour la situation des éleveurs qui serait catastrophique. Bruno Le Maire estime de son côté qu’« il y aurait des pertes économiques inévitables sur l’ensemble du secteur, surtout sur l’élevage, qui est confronté à une trésorerie faible suite aux difficultés économiques de ces derniers temps », le ministre de l’Agriculture ajoute même que « les jeunes agriculteurs n’ont pas les moyens de payer une alimentation animale trop élevé ». « Des éleveurs qui viennent de s’installer sont obligés d’abattre une partie de leur troupeau pour faire rentrer de la trésorerie et nourrir le reste de leur bétail », a-t-il expliqué.
Contractualisation
Avec la sécheresse précoce, les récoltes de fourrages n’atteindraient ainsi que les deux tiers de son niveau moyen, selon la FNSEA). Ce manque comporte un risque que Xavier Beulin, son président, résume en un seul mot : « Spéculation. » Pour y faire face et empêcher une flambée des prix, Bruno Le Maire « demande aux exploitants de grandes cultures de présenter un modèle de contrat qui pourrait être signé pour sécuriser les approvisionnements en alimentation animale sur plusieurs années ». Le but de ces contrats serait de maintenir un prix fixe sur l’ensemble du territoire français. Un prix souhaité à « 60-80 euros/tonne arrivée cour de ferme » par la Confédération paysanne. Mais encore une fois, la décision reste incitative. Cependant le Bureau commun des pailles et fourrages a fait un premier pas en fixant lundi dernier le prix moyen de la tonne de paille à 25 €, hors transport.
Anticiper les aides
Et en ce qui concerne l’eventuel impôt sécheresse ? Nathalie Kosciusko-Morizet estime qu’il est trop tôt pour en parler, la ministre de l’Ecologie jugeant que la saison peut toujours être sauvée. Lors de la sécheresse de 1976, l’impôt sécheresse avait financé une aide aux agriculteurs de 1,3 milliards d’euros. Sur la demande de Bruno Le Maire, Bruxelles a tout de même décidé le 17 mai dernier le versement anticipé de 80 % de la prime à la vache allaitante, qui sera donc reçue par les éleveurs le 16 octobre, soit deux mois en avance.
Cependant, aucun accord n’a été trouvé sur le versement anticipé de la moitié des aides directes découplées. En attendant une amélioration du climat, ce comité sécheresse se réunira toutes les semaines. Le ministre de l’Agriculture ayant même demandé aux préfets de réunir un comité départemental pour se trouver au plus près des difficultés des exploitations.