Un bilan écologique globalement positif pour les biocarburants
Selon l’Ademe, les agrocarburants représentent une économie moyenne de 60 à 80 % des gaz à effet de serre pour les plus performants
L’AGENCE de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a présenté le 9 octobre un rapport, très attendu, d’évaluation du bilan écologique des biocarburants, de la culture des plantes jusqu’à la combustion dans les moteurs. L’étude, commandée à l’agence par le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer à la suite du Grenelle de l’environnement, conclut à une économie réelle en gaz à effet de serre (GES) pour « la grande majorité » des agrocarburants de 1re génération, par rapport aux carburants fossiles. Le bilan varie ensuite en fonction du type de cultures utilisé. Les mieux classés sont l’éthanol de canne à sucre (-78 %) et le diester de graisse animale ou d’huile végétale usée (respectivement -92 et -91 %). A nuancer cependant, puisque le premier est produit au Brésil, tandis que le second représente des quantités marginales. L’éthanol de betterave et le diester de tournesol sont bien placés, avec une réduction de 73 % des GES. Dans la moyenne, l’éthanol de blé (-57 %) et le diester de colza (-60 %). La filière ETBE est, elle, épinglée.
L’étude encensée et contestée
Les filières oléagineuses et éthanolières ont salué de concert la reconnaissance du bilan énergétique positif des biocarburants. Le directeur général de la Confédération générale des betteraviers (CGB), Alain Jeanroy, a souligné : « Les progrès réalisés en terme d’efficience énergétique dans le secteur des agrocarburants. » Selon lui, « l’utilisation d’une unité d’énergie fossile pour en produire de 2 à 2,5 d’origines agricoles, démontre les performances des carburants d’origines végétales. » De son côté, le président de Diester Industrie, Philippe Tillous-Borde, approuve les résultats de l’étude « qui renforcent la démarche de progrès du diester français lancée en 2007 visant à améliorer les pratiques agricoles en amont, ainsi que les performances énergétiques et environnementales des outils industriels en aval. » Cependant, des voix s’élèvent pour remettre en cause les conclusions de ce rapport. Certaines ONG, membres du réseau climat, qualifient l’étude de « très édulcorée et largement tronquée. » Les associations pointent du doigt certaines filières, et particulièrement l’ETBE. Les réductions d’émissions de GES de ces produits peinent à atteindre les 20 %. Ils ne pourraient, selon leurs détracteurs, passer le palier imposé par les directives européennes d’une réduction de 50 % des émissions d’ici à 2017. Des critiques auxquelles le directeur général de la CGB répond en expliquant que « l’ETBE est composé de 47 % de bioéthanol et 53 % d’isobutylène issu du raffinage pétrolier. Les performances de ce produit ne sont donc mesurées qu’à hauteur de sa fraction d’éthanol. » Il ajoute d’ailleurs que « seules trois unités de production d’ETBE existent en France, et le développement des nouvelles technologies devrait faire tomber la part de ce produit à 20 % du total des productions d’agrocarburants dans l’Hexagone. »
Des incompréhensions subsistent
Les différents sons de cloches concernant l’évolution de la fiscalité engendrent une certaine confusion auprès des représentants de ces filières. Alain Jeanroy précise « qu’une hausse de la TIPP (taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers), actuellement de 60 %, à 70 %, puis 85 % sur l’éthanol, serait inacceptable, car cela remettrait en cause la compétitivité des énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles. » L’application de la taxe carbone est aussi une aberration à ses yeux, « puisque les cultures fixent le CO2. » Pour lui, le retour des bonus écologiques pour les voitures flex-fuel à partir de 2010 est en revanche une nécessité pour développer l’usage des énergies renouvelables. Pour finir, il salue « les perspectives de marché ouvertes par le paquet Energie/Climat de l’Union européenne, qui fixent à 20 % l’incorporation d’énergies renouvelables dans les consommations d’ici 2020. »