OMC
Un abaissement de 50 % des tarifs agricoles est proposé par l’UE
Le commissaire européen au Commerce extérieur, Peter Mandelson, fait miroiter les concessions agricoles de l’Union européenne
ALORS QUE doivent reprendre au niveau technique à Genève les pourparlers du cycle de Doha (cf. notre édition du 23 novembre), le commissaire européen au Commerce extérieur, Peter Mandelson, considère qu’ « il existe une étroite fenêtre de tir pour relancer et boucler la négociation ministérielle début 2007 », après les récentes élections aux États-Unis et au Brésil, et avant l’expiration de la procédure conférant au président américain le pouvoir de conclure des arrangements commerciaux (Trade Promotion Authority). « Nous devons accepter que nous ne pouvons reprendre la négociation que là où nous l’avons laissée quand elle a été suspendue en juillet », estime le commissaire européen au Commerce extérieur, faisant valoir les offres ou suggestions formulées alors par l’UE qui, a-t-il dit, parle déjà d’une baisse de 50 % des tarifs agricoles à l’importation.
« Un système qui diminuera plus les droits élevés »
« Si je crois que nous sommes prêts pour reprendre le travail technique au niveau des experts, il serait, selon moi, prématuré de se lancer dans des négociations ministérielles », a expliqué le directeur général de l’Organi-sation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, lors d’une réunion informelle du Comité des négociations commerciales de l’institution internationale, le 16 novembre à Bruxelles. « Aujourd’hui, nous sommes quelque part entre la diplomatie discrète des derniers mois et les négociations en bonne et due forme, qui ne reprendront que lorsque les pays membres seront prêts à chiffrer les concessions qu’ils ont exprimées en termes généraux sur les questions clefs, en particulier sur l’accès au marché et le soutien interne en agriculture », a poursuivi le directeur général de l’OMC. Jugeant également « crucial que se poursuivent les contacts bilatéraux entre les pays membres afin de tester les chiffres et d’explorer les concessions », Pascal Lamy a lancé au Comité des négociations commerciales : « “Au boulot !”, comme on dit en français. »
Faisant le point sur l’état des négociations de l’OMC au moment où celles-ci ont été suspendues, en juillet dernier, Peter Mandelson a déclaré le 18 novembre, lors d’un déplacement en Inde, que l’Union européenne « parle déjà de la possibilité de réduire ses tarifs agricoles à l’importation de 50 % », soit nettement plus que les 39 % qu’elle offrait il y a un an, tout en acceptant « un système qui diminuera plus les droits élevés ». En juillet, a également rappelé le commissaire européen, « l’Union européenne était disposée à s’engager sur des baisses de plus de 70 % » des soutiens internes agricoles qui faussent les échanges et sur « l’élimination complète de toutes les subventions à l’exportation d’ici 2013, à condition que les autres fassent de même ».
Ce qui est demandé aux États-Unis n’est pas « indigeste »
S’agissant des États-Unis – où, a-t-il dit, « il est un fait que certains de ceux qui sont nouvellement élus sont plus défensifs sur les commerce que je ne le voudrais » – « ce que (leur) demande le reste du monde n’est pas indigeste », a poursuivi Peter Mandelson dans un discours prononcé à New Delhi. « Cela équivaut à une baisse en termes réels de quelque milliards de dollars des subventions qui faussent les échanges et sont octroyées à des agriculteurs qui ne sont pas près d’être sans le sou. » « Nous avons besoin que les États-Unis s’engagent sur une réduction effective des subventions qui ne permette pas un nouveau mélange ou une redistribution des dépenses sans la réforme réelle à laquelle nous avons tous souscrit quand le cycle de Doha a été lancé », a ajouté le commissaire européen au Commerce extérieur.
Une reprise rapide du cycle demandée par l’Apec et le G-20 Finances
Les dirigeants du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), réunis le 18 novembre à Hanoï, ont « réaffirmé leurs engagements collectif et individuel de conclure un accord à l’OMC ambitieux et équilibré », soulignant que, « pour atteindre cet objectif, nous avons un besoin urgent de sortir de l’impasse actuelle et de remettre les négociations sur les rails pour les conclure en temps opportun ». Cela implique, selon les pays leaders de l’Apec, « des réductions plus fortes du soutien agricole qui fausse les échanges de la part des principaux partenaires, la création d’un nouvel accès au marché en agriculture, des baisses véritables des tarifs industriels et de nouvelles ouvertures dans le commerce des services, tout en prenant sérieusement en compte les inquiétudes et sensibilités des pays membres ».
Les pays adhérents du G-20 Finances, réunis le 19 novembre à Melbourne (Australie), ont eux aussi « appelé à la reprise rapide des négociations de l’OMC et à l’obtention d’un résultat ambitieux au bénéfice de tous ». « La réussite du cycle de Doha est essentielle en vue d’assurer des échanges plus libres, plus ouverts, réduire le risque d’instabilité économique et financière et obtenir une croissance économique plus forte, un développement et une réduction durable de la pauvreté », affirme le G-20 Finances.