Saaten Union
Le semencier a réalisé une étude sur l’intérêt des blés hybrides à faible densité de semis
SEMENCES. Saaten Union est une entreprise originale parmi les semenciers européens. Elle a en effet été créée en 1965, à l’initiative de sept entreprises familiales de sélection végétale, pour développer des activités de recherche communes et assurer la commercialisation des variétés de l’ensemble de ses membres (Ackermann, Nordsaat, NPZ, PH Petersen, Strube, Dr Spaeth et Von Borries-Eckendorf). En Allemagne, c’est l’un des deux premiers semenciers, avec une position leader en céréales et en colza.
L’entreprise possède un réseau de stations de sélection et d’expérimentation très étendu, sans équivalent en Europe, et un laboratoire de biotechnologie. Ses programmes de sélection portent principalement sur les céréales à paille, le colza, le maïs, et les crucifères fourragères.
Saaten Union est implanté en France depuis plus de dix ans au travers de trois structures, Saaten Union Recherche, pour la recherche en céréales à paille, Nordsaat-France SWS, pour la sélection du maïs, et Saaten Union France, pour la mise en marché des variétés. L’ensemble compte une trentaine de salariés et a réalisé en 2005/2006, un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, dont 25 % à l’export.
Le spécialiste des blés hybrides
Les sélectionneurs de Saaten Union ont souvent fait partie des pionniers en matière d’amélioration des plantes, en réalisant notamment des avancées majeures dans le domaine de la sélection avec les haploïdes doublés, le seigle hybride et les blés hybrides.
Avec les rachats successifs de l’activité blé hybride de Monsanto-Hybritech en 2001 et Dupont-Hybrinova en 2003, puis avec l’acquisition de l’agent chimique d’hybridation (ACH) Croisor® en 2005, le semencier allemand s’est imposé comme le spécialiste des blés hybrides en Europe. Ces derniers ont fait leurs preuves depuis longtemps, par leur niveau de rendement en grains et en paille, leur régularité et leur rusticité (résistance au stress hydrique, aux maladies…). Malgré ces nombreux atouts, certains hésitent encore à en produire.
Les blés hybrides sont aujourd’hui cultivés en France sur 90.000 ha, ce qui représente environ 5 % des surfaces de blé implantées avec des semences certifiées, et jusqu’à 15 % de la sole de blé tendre de certaines régions. Environ 9.000 agriculteurs français en produisent aujourd’hui, sur une surface moyenne de 10 ha. À noter que 8 % d’entre eux ensemencent la totalité de leur surface de blé tendre avec des hybrides. Ceci prouve que des agriculteurs sont aujourd’hui convaincus de leur intérêt. Alors dans quelles conditions ces blés hybrides pourraient-ils se développer davantage ? Bien qu’ils démontrent fréquemment leur avantage économique, Saaten Union a constaté que le coût des semences restaient pour les agriculteurs un frein psychologique important à leur utilisation, malgré une densité de semis recommandée inférieure de 40 % à celle des lignées classiques. S’il était possible de réduire la densité de semis à l’hectare et de ramener l’investissement en semences à un niveau proche de celui des variétés conventionnelles, cela permettrait de faire bénéficier un plus grand nombre d’agriculteurs des atouts du blé hybride. D’après une étude que le semencier vient de réaliser, les hybriculteurs sèment aujourd’hui en moyenne leurs semences de blé hybride à une densité 140 grains/m 2. Mais il demeure un écart très important entre agriculteurs, puisque les densités de semis s’échelonnent de 75 à 260 gr/m 2. Pourtant, 88 % d’entre eux sont conscients que les faibles densités favorisent l’enracinement et la vigueur au départ, et estiment à 92 % qu’elles permettent aux plantes d’être moins sensibles aux maladies, notamment celles du pied.
Un profil agronomique spécifique
Certains agriculteurs, dans différentes régions, pratiquent déjà depuis plusieurs années, et avec succès, des densités de semis beaucoup plus faibles. L’objectif de Saaten Union était de savoir s’il était possible de conseiller à un nombre plus large d’agriculteurs, de descendre en densité. Le semencier a donc eu l’idée de réunir différents producteurs de blé hybride, aux côtés d’Arvalis-Institut du Végétal et de responsables agronomiques d’organismes stockeurs, intéressés eux aussi par la démarche, dans un groupe de travail qu’il a baptisé “Atelier 75”… avec cette vision d’un semis à très basse densité de 75 gr/m 2. Cet atelier qui se veut aussi un lieu d’échanges des expériences de chacun sur le sujet, a également permis de conduire une expérimentation à grande échelle, sur les semis à “très basse densité” en 2006, dont les résultats ont été très concluants. Cette expérimentation a été reconduite en 2007.
Les travaux expérimentaux montrent que les blés hybrides répondent mieux que les blés conventionnels à la baisse de densité, et ce pour plusieurs raisons : ils bénéficient d’une capacité de production de biomasse beaucoup plus importante et d’un enracinement nettement supérieur aux lignées, ils disposent d’une capacité de tallage exceptionnelle parmi les composantes du rendement, le poids de mille grains joue pour les hybrides, un rôle beaucoup plus important que pour les autres variétés. Afin de vérifier sur le terrain la possibilité de réduire de façon très importante les doses de semis, une expérimentation à grande échelle a été mise en place en 2006, au sein de “l’Atelier 75”, chez 7 organismes stockeurs et une quinzaine d’agriculteurs dans les principales régions céréalières. Tous les essais ont été conduits avec la variété Hysun à 150 gr/m 2 et à 75 gr/m 2. Les expérimentations en micro-parcelles, mises en place par les organismes stockeurs, montrent que les “très faibles densités” de semis (75 gr/m 2) entraînent une légère baisse de rendement (-3.2 q/ha en moyenne) mais qui est largement compensée par l’économie réalisée en semences (équivalente à entre 5 et 7 q/ha).