Climat
Réchauffement : un quatrième rapport alarmiste
Pleinement concernée par la problématique climat, la France a accueilli à la Maison de l’Unesco les participants du groupe de travail I du Giec pour évaluer les aspects du système climatique
FAISANT RÉFÉRENCE au précédent rapport d’évaluation du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), Jean Jouzel, membre du bureau du Giec a martelé, au sortir de la conférence de presse vendredi 1 er février qu’il y a « confirmation du réchauffement climatique ».
Depuis sa création en 1988, issue du regroupement de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Giec n’a pas cessé ses efforts pour mieux comprendre et évaluer, entre autres, les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique lié à l’activité humaine. La réunion plénière du groupe d’experts du Giec qui s’est tenue vendredi à Paris devait permettre l’approbation d’un quatrième rapport d’évaluation, qui sera publié par étapes jusqu’en novembre prochain. Ainsi la réunion plénière du groupe I de travail, co-présidée par l’Américaine Susan Solomon, a permis de mettre sur table après deux ans de préparation intense un rapport de quelque 900 pages intitulé « Bilan 2007 des changements climatiques : les bases scientifiques physiques », ce dernier étant destiné à l’ensemble des décideurs de la planète.
Des certitudes sont mises en avant
Depuis la publication en 1990 du premier rapport du Giec, les travaux scientifiques ont nettement approfondi le sujet des risques liés à l’augmentation des gaz à effet de serre. En particulier depuis cette date, le lien entre augmentation des émissions de gaz à effet de serre et activités humaines n’est plus à démontrer. Le ton est donné, et nombre de certitudes sont avancées. Parmi elles, « la hausse mondiale de la concentration en dioxyde de carbone (CO 2), le méthane et le protoxyde d’azote (N 2O) dans l’atmosphère sont manifestement le résultat des activités humaines depuis 1750 ». Il est un fait avéré, en tout cas, que la concentration de CO 2 dans l’atmosphère est à son plus haut niveau depuis 400.000 ans et que ces concentrations évoluent depuis deux siècles à une vitesse jamais enregistrée depuis 20.000 ans. Indéniablement, depuis l’ère industrielle, ce phénomène amplifié par les activités humaines se traduit par une modification du système climatique de la planète.
En particulier pour la France, « une élévation de 3 °C à 3,5 °C de la température moyenne d’ici la fin du siècle » est envisageable et l’Hexagone pourrait « subir des niveaux de chaleur comparables à ceux de la canicule de 2003 un été sur deux ». Sans compter que sur le plan mondial, la hausse des océans pourrait très certainement atteindre près de 60 cm et qu’il faut s’attendre à des perturbations climatiques extrêmes comme les sécheresses, des vagues de chaleur, des cyclones.
Les effets du changement climatique sont d’ores et déjà perceptibles dans l’Hexagone. Le réchauffement en France métropolitaine a ainsi été 50 % plus important que le réchauffement moyen sur le globe, au cours du 20 e siècle. Face à ce constat, la France (par ailleurs signataire de la Convention climat) a mis en place d’importantes politiques et mesures dans le but de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, comme indiqué dans la Quatrième communication nationale de 2006 à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. En ce qui concerne les secteurs de l’agriculture et de la sylviculture, les enjeux sont doubles. D’un côté, la recherche « a été renforcée et se concentre sur l’évolution des pratiques agricoles ». Notamment, des actions d’information visent à limiter la surconsommation de carburants des engins agricoles. D’un autre côté, c’est bel et bien le secteur agricole qui permettrait d’apporter des réponses aux effets néfastes liés au réchauffement planétaire (réponse aux famines, absorption du CO 2 par le couvert végétal…). Par extension, les forêts sont un allié plus que précieux (et pourtant menacées par les déforestations), comme le mentionnent les rapports du Giec. Les déforestations en cours peuvent avoir en effet « des impacts sur l’état du climat via une modification du cycle du carbone ou encore un changement du cycle hydrologique ». Dans le premier rapport, le Giec évaluait « à près de 2 milliards de tonnes par an les rejets de carbone dans l’atmosphère à cause de la déforestation des zones tropicales »... D’où la nécessité plus qu’absolue d’accélérer le rythme de reboisement actuel.