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PRESIDENTIELLE 2007 L’agriculture selon N. Sarkozy

L’ex-ministre de l’Intérieur et candidat de l’Union pour un mouvement populaire livre sa vision de l’agriculture et présente ses principaux objectifs

La Dépêche - Si vous étiez élu à la présidence de la République, quelle est la première mesure que vous adopteriez concernant l’agriculture ?

Nicolas Sarkozy : Avant de lancer des mesures, il faut définir une stratégie. L’axe fort de ma politique agricole sera le suivant : réaffirmer que la France et son agriculture sont plus que jamais présentes et qu’il faut compter avec elles.

C’est d’abord valable à l’Organisation mondiale du commerce : il n’est pas question d’accepter un accord où nous serions perdants, parce que d’autres n’ont aucune intention de faire des concessions. C’est aussi valable au niveau communautaire. Les règles de la Pac ne changeront pas avant 2013, mais nous engagerons tout de suite la réflexion sur l’après-2013. Rien ne serait pire qu’être spectateurs d’une réforme que nous subirions parce que nous n’avons pas su la préparer assez en amont.

Bien sûr, je n’oublie pas non plus les échéances urgentes, comme les réformes des Organisations communes des marchés, celle du vin comme celle des fruits et légumes, ainsi que le “bilan de santé” de la Pac en 2008. à Bruxelles, comme à l’OMC, la voix de la France se fera entendre parce que l’Europe a besoin d’une agriculture française forte.

La Dépêche - Quel regard portez-vous sur la politique agricole commune ?

Nicolas Sarkozy : La politique agricole commune est à mes yeux un formidable succès pour la France et pour l’Europe. Nous le voyons au quotidien : grâce à elle, nous pouvons nous prévaloir d’une production de qualité, présente sur les grands marchés mondiaux, mais aussi engagée dans des circuits courts, répartie sur tout le territoire, grandes plaines fertiles comme zones de montagne. Notre indépendance alimentaire, celle de la France et celle de l’Europe, est garantie. Notre sécurité alimentaire aussi. La Pac est enfin un outil indispensable pour l’aménagement du territoire et nous ne sommes pas le seul pays en Europe à le penser. Nous avons des alliés. Par conséquent, je ne laisserai jamais prospérer le discours facile des détracteurs de la Pac. La Pac apporte à l’Europe beaucoup plus qu’elle ne lui coûte. L’après 2013, je le préparerai avec les agriculteurs et l’industrie agroalimentaire. Les modalités de la Pac peuvent varier, doivent varier. Je veux notamment que les agriculteurs puissent vivre davantage du prix de leurs productions. Mais les principes fondateurs de la Pac, certainement pas : l’objectif d’indépendance alimentaire et le principe de préférence communautaire restent tout à fait pertinents.

La Dépêche - Considérez-vous que les aides publiques sont équitablement réparties ? Pourquoi ?

Nicolas Sarkozy : Pour juger de l’équité des aides publiques, il faut d’abord raisonner en prenant en compte les aides au titre du premier pilier, mais aussi du second. Par ailleurs, il faut connaître son histoire.

C’est facile de dénoncer les inégalités apparentes des aides, mais c’est oublier que les aides ont leur histoire et qu’elles sont la conséquence d’une Pac que l’on a conçue au départ, dans les années 60, pour garantir l’indépendance alimentaire de l’Europe, donc en privilégiant les grandes cultures, l’élevage et le lait. Il faut sans doute ouvrir le dossier des aides, afin que les plus fragiles n’en soient pas exclus, mais il faut le faire avec de la mémoire et sans partir du principe que ceux qui ont agi avant nous avaient forcément tort sur tout.

L. D. - Comment envisagez-vous l’avenir de l’export français (céréales en particulier) ?

Nicolas Sarkozy : Une chose est sûre à mes yeux : la France – et plus largement l’Europe – est une grande puissance exportatrice et elle doit le rester. La production céréalière française doit continuer d’être présente sur les marchés de commodités agricoles. Plus largement, il va falloir aller chercher les clients là où la demande solvable se développe, par exemple en Chine. Certaines productions, je pense notamment au vin, doivent faire pour leur part un effort de marketing pour conquérir des parts de marché.

L.D. - Certains semenciers annoncent 30.000 ha de maïs OGM en France cette année alors que la législation européenne n'est pas transposée en droit français et que l'actuel gouvernement a abandonné le projet de loi sur les biotechnologies. Comment comptez vous gérer cet épineux dossier ?

Nicolas Sarkozy : Les procédures d’autorisation des cultures d’OGM ne sont plus à jour au regard de la législation communautaire, désormais plus rigoureuse. En particulier, la directive de 2001 prévoit que ces cultures doivent figurer sur des registres accessibles au public. La France doit donc transposer cette directive rapidement, d’autant plus qu’elle va dans le sens d’un renforcement des garanties autour des cultures de variétés génétiquement modifiées. Tout en comprenant l’impatience de certains producteurs, qui savent que leur production de maïs OGM trouvera des débouchés au-delà des Pyrénées, l’inquiétude des Français face aux OGM est à mes yeux légitime. Nous manquons encore de recul. Ma position est donc essentiellement de permettre à la recherche de se poursuivre. Rien n’interdit de penser que, dans l’avenir, les OGM pourront constituer une réelle avancée pour les consommateurs ou pour l’environnement. Or, en matière de recherche, nous avions cinq ans d’avance sur les autres, nous avons maintenant cinq ans de retard.

L.D. - Quel est votre regard sur la filière des biocarburants agricoles français ? Les encouragerez-vous et si oui, comment ?

Nicolas Sarkozy : Les biocarburants sont une nouvelle chance pour tous. Pour les producteurs, cela signifie de nouveaux débouchés sans doute mieux rémunérés. Pour l’environnement, cela signifie moins de gaz à effet de serre. Pour la France enfin, c’est un moyen de diminuer sa dépendance énergétique. Nous devons donc agir sur la demande et sur l’offre. La demande sera soutenue par la poursuite de la politique des quotas d’incorporation et par la défiscalisation complète pendant dix ans. L’offre sera encouragée par la poursuite de la politique d’agrément des usines de fabrication de diester et de bioéthanol. Je sais les initiatives prises par les coopératives et les producteurs eux-mêmes pour que la France rattrape son retard.

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