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PRESIDENTIELLE 2007 L’agriculture selon F. Bayrou

Le président de l’Union pour la démocratie française, annoncé comme le troisième homme de la course à l’élysée, présente sa vision de l’agriculture

Agra — Quelle est la première mesure concernant l’agriculture que vous prendriez en tant que président de la République ?

François Bayrou : Je simplifierai la paperasse bureaucratique que l’on inflige perpétuellement aux agriculteurs. Je tiens à l’agriculture de toutes mes fibres. J’ai grandi dans une petite exploitation agricole et je suis chef d’exploitation depuis la mort accidentelle de mon père au travail en 1974. Je défendrai de toutes mes convictions le modèle agricole français, c’est-à-dire la présence d’exploitations familiales suffisamment nombreuses pour que la culture, sans jeu de mots, agricole française puisse se transmettre et être respectée. Il faut donc une agriculture diversifiée, chaque filière et chaque type d’exploitation devant trouver leur place, et une agriculture durable, générant des produits sains et de bonne qualité et respectant l’environnement. Je défendrai à Bruxelles et à l’OMC ce modèle qui n’existe nulle part ailleurs à ce degré de qualité dans le monde.

Agra — Faut-il regrouper le ministère de l’Agriculture avec un autre ministère, celui de l’Environnement par exemple ?

François Bayrou : Non je ne crois pas. Il faut que le ministère de l’Environnement ne soit pas spécialisé sur l’agriculture mais qu’il puisse pouvoir dialoguer avec l’Industrie ou avec l’équipement. En revanche, je suis partisan de joindre au ministère de l’Agriculture celui des industries agro-alimentaires. Et ce pour deux raisons essentielles : le choix que font les agriculteurs de s’organiser autour de leurs coopératives renforce le pouvoir économique des producteurs. Enfin dans un contexte de mondialisation et de concurrence, ce renforcement permettra à l’agriculture et l’agroalimentaire français de rester leader en Europe et de participer à l’alimentation des marchés mondiaux qui manquent aujourd’hui de nourriture, comme l’Asie, le Maghreb…

Agra — Faut-il maintenir une Politique agricole commune après 2013 et défendre un budget qui représente environ 46 % des dépenses annuelles de l’Union Européenne ?

François Bayrou : Oui, mais il faut la changer. Non seulement pour sécuriser le revenu des agriculteurs, mais aussi pour que nous trouvions un nouveau modèle de développement.

Je veux que la nouvelle politique agricole invente de nouveaux instruments pour aider les agriculteurs à mieux passer les crises, comme des systèmes d’assurances récoltes ou des chiffres d’affaires, des mécanismes d’épargne fiscalement avantageux permettant de lisser les fluctuations de revenus, les marchés à terme… Je souhaite aussi une simplification drastique des obligations administratives et réglementaires de la Pac. Enfin le budget agricole européen représente peut-être 46 % des dépenses annuelles de l’Union mais il faut rappeler que ce budget atteint à peine 1,5 % du PIB européen. Il faut donc non seulement le préserver mais aussi le conforter. Ce budget est le gage de notre indépendance alimentaire. N’oublions pas non plus que l’Europe devra dans les années qui viennent participer par ses exportations agricoles et agroalimentaires à l’alimentation des populations mondiales qui augmentent rapidement.

Agra — Faut-il répartir plus équitablement les aides publiques entre agriculteurs ?

François Bayrou : Oui. Et il faut que les aides Pac et les fonctions assumées en échange deviennent parfaitement lisibles pour tous : environnement, paysages, biodiversité, espace rural, entretien contre les incendies de forêt, agricultures de terroir ou bio… tout cela mérite d’être reconnu et aidé. L’Europe va transférer des fonds considérables vers les nouveaux états membres de l’Europe et cela est normal. Je ne souhaite toutefois pas que ce transfert d’aides se fasse au détriment des agriculteurs français. Je défendrai aussi la poursuite des aides publiques pour l’installation de nos jeunes agriculteurs.

Agra — L’agriculture intensive telle qu’elle est pratiquée en France pose souvent des problèmes écologiques. Faut-il radicalement changer de mode de production ?

François Bayrou : Il faut soutenir et renforcer l’agriculture raisonnée, économe en nitrates et en produits phytosanitaires. L’agriculture intensive a permis d’alimenter dans de bonnes conditions les Français et a permis de placer la France comme l’un des premiers intervenants sur les marchés agricoles internationaux. Cela s’est traduit par un certain nombre de dérives en termes d’utilisation d’engrais ou de pesticides.

Aujourd’hui, il faut aider les agriculteurs à revenir à des pratiques plus agronomiques, s’orienter vers une agriculture raisonnée qui non seulement permet une amélioration de l’environnement mais se traduit par une amélioration économique de l’exploitant du fait d’une réduction des charges. Il faut inciter la politique européenne à encourager les systèmes de production les plus respectueux de l’environnement. En France, les pouvoirs publics doivent aussi veiller à ne pas pénaliser ceux qui sont déjà dans des systèmes herbagers ou biologiques en les excluant des aides communautaires.

Agra — Quelle est votre position sur les Organismes génétiquement modifiés ?

François Bayrou : Je convoquerai une conférence scientifique générale sur les OGM pour que les Français sachent à quoi s’en tenir sur cette question.

Agra — Les biocarburants doivent-ils être encouragés plus qu’ils ne le sont aujourd’hui ?

François Bayrou : Je veux mettre en place une politique de recherche française et européenne dans le domaine des biocarburants, des biomatériaux, de la chimie du végétal, des biotechnologies c’est-à-dire aider à façonner l’agriculture du 21 e siècle.

La France a fait des efforts en matière de développement des biocarburants mais ceux-ci sont encore trop insuffisants puisque nous atteignons à peine 1 % d’incorporation par rapport à un objectif fixé de 5,75 en 2008. Je vais donc demander à l’Europe de préparer des objectifs obligatoires d’incorporation des biocarburants dans les essences qui pourront atteindre 15 % dès 2015. Je souhaite aussi pousser les recherches en matière de biocarburants de 2 e génération comme la biomasse ou le développement de la chimie verte.

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