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Panne des investissements, des solutions existent

Alors que, depuis la crise, les financements bancaires sont parfois plus difficiles à obtenir, notamment pour les IAA, les alternatives se développent. Néanmoins, le rôle des banques devrait rester prépondérant. Les TPE restent les plus fragiles.

L « 'investissement recule, et sans investissement il n'y a pas de création d'emploi ou de croissance, a rappelé Christian de Boissieu, membre du Collège de l'Autorité des Marchés Financiers, en introduction du 11e colloque Agro-Finance, le 25 novembre à Paris. Le Cice ne serait pas un très bon outil selon lui. « Une part importante ayant plutôt servi à augmenter les salaires. Le PEA-PME lancé en janvier 2014 est une bonne idée sur le papier, mais il ne va pas régler tous les problèmes ». Quant au plan d'investissements de 315 Md € sur trois ans, annoncé par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui compte sur un effet de levier de 15 %, « cela ne semble pas réaliste ».

Par ailleurs, si la BCE a beaucoup soutenus les banques via sa politique monétaire, «Les crédits bancaires pour soutenir l'économie réelle ne suivent pas. Certaines institutions financières ont l'impression qu'il n'y a pas assez de projets rentables à financer, tandis qu'en parallèle, un certain nombre de banques sont devenues plus sélectives depuis la crise dans l'attribution de leurs crédits ». La mise en place de nouvelles règles prudentielles, tel que Bâle III, ne devrait pas arranger les choses. « L'équilibre est difficile à trouver entre sécuriser le système financier et financer l'économie réelle ».

Des financements alternatifs plus longs

En conséquence, les alternatives aux financements bancaires se développent. Parmi les options existantes : les émissions obligataires, - « mais elles ne sont pas possible pour tout le monde, en termes de taille et de notation », concède Olivier Casanova, directeur financier de Tereos - , les €PP - marché du Placement Privé à l'échelle européenne, lancé en 2012 - , les financements mutualisés ou bien encore les financements participatifs (crowdfunding). « Ces derniers étant peut-être plus destinés aux TPE », remarque Hervé Lescene, Pdg de Nactis-Sofral.

Les financements bancaires devraient rester majoritaires pour les ETI et les PME.

« La BPI est aussi un nouvel intervenant, crée par les politiques au service des PME. Elle met en place des prêts «patients», de 6-8 ans », ajoute Hervé Lescene, contre rarement au-dessus de cinq ans pour les banques. Elle sert également de « garantie » pour motiver les autres banques, estime Jean-Philippe Girard, président de l'Ania.

« Le fait de passer outre les banques est une opportunité pour optimiser ses conditions de financements, avoir d'autres interlocuteurs. Les produits sont souvent remboursables in fine, relativement longs, et la documentation souvent plus light que celle des banques », argumente Fatine Layt, présidente d'Oddo Corporate Finance.

Néanmoins, « les financements bancaires devraient rester majoritaires pour les ETI et les PME », concède Olivier Casanova. Les banques financent toujours 2/3 de l'économie réelle, selon Christian Boissieu.

Peu d'opérateurs prêts à financer des entreprises sans capital propre

Les problèmes de financement touchent l'offre, mais également la demande. « Les fonds n'ont pas assez de dossiers. Il existe de l'argent disponible qui ne trouve pas de débouchés, donc il y a aussi un nombre limité d'entreprises qui acceptent d'ouvrir leurs capitaux », avance Jean-Philippe Puig, Dg de Sofiprotéol, notamment pour les groupes coopératifs. « À l'AMF, on se penche depuis 35 ans sur cles moyens d'attirer davantage de PME vers la Bourse. Mais il y a des réticences des deux côtés », ajoute Christian Boissieu.

« La concentration n'est pas encore très élévée en France »

« Il ne faut pas voir les recombinaisons comme des éléments mortifères », insiste Christian Couilleau, Dg d'Even. « La concentration peut être une réponse pour conserver ou gagner des parts de marché, ajoute Philippe Meyer, à la direction des Etudes économiques d'Uni-grains. Elle n'est pas si élevée en France. Les dix premiers groupes des IAA dans l'Hexagone ne représentent que 20 % du marché, avec un degré de concentration qui varie selon les secteurs. Il est très fort pour le sucre, le malt, le beurre… mais faible pour la BVP, les fromages ou les plats préparés. Parmi le top 20 des IAA en Europe, on compte seulement six groupes coopératifs, et aucun français. En revanche, dans le top 10 mondial du malt, on trouve deux coopératives françaises, et une dans le top 10 mondial du sucre ».

« Sur les petites entreprises qui démarrent, il y a un vrai sujet, estime Jean-Philippe Puig, ces dernières ayant peu de capitaux propres et « beaucoup de financiers ayant une aversion au risque ». Lorsqu'il s'agit de développer des entreprises sans capitaux propres, « très peu d'opérateurs sont présents, et il faut clairement une autre motivation que la rentabilité », admet Philippe du Mesnil, président de la Financière Chopin et fondateur du fonds d'entrepreneurs FADIESE, « qui fonctionne comme les business angels ». « Depuis que nous avons lancé CapAgro Innovation en 2014 (fonds de capital risque qui se veut le premier dédié au secteur agri/agro, NDLR), en partenariat avec Tereos, Bpi France, Crédit Agricole et AG2RLa mondiale, nous avons reçu plein de dossiers », témoigne le Dg de Sofiprotéol.

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