Pac
L'accord politique obtenu sur bilan de santé de la Pac le 20 novembre réussit l'exploit de faire l'unanimité contre lui dans le syndicalisme agricole français. À quelques nuances près, le syndicalisme majoritaire et minoritaire est d'accord pour condamner un « accord à bas prix » selon les termes de la FNSEA. Les mots sont durs : ce compromis est jugé « scandaleux, injuste et dangereux » par la Confédération paysanne. «La maison brûle et les ministres européens mettent de l'huile sur le feu» souligne-t-elle. Le ton cinglant : la FNSEA dénonce le « double discours » des politiques et estime que, « la France fait chou blanc ». Même constat pour… la Coordination rurale : c'est un échec pour la France qui vient de faire à Bruxelles ce que le Président Sarkozy avait dit qu'il ne faudrait plus jamais faire, à Rennes, en septembre 2007 ». Le syndicalisme agricole fustige un accord qui n'a pas su tirer les leçons des récents bouleversements mondiaux. Le démantèlement accru de la régulation des marchés notamment en lait et céréales est unanimement condamné. Pour la FNSEA, l'augmentation des quotas est une «ineptie». Les Jeunes agriculteurs dénoncent la « double peine » que vont subir les nouveaux installés « face au marché qui dictera sa loi ». À savoir : un risque de précarité accru assorti d'une augmentation de la taille des exploitations et de leur concentration. Le compromis du 20 novembre sera surtout ce qu'en feront les États membres. Dans ce contexte, «soyons responsables dans nos choix nationaux» lance Luc Guyau, président des chambres d'Agriculture. «Emparons-nous de cette opportunité pour redonner du sens et sécuriser cette politique au-delà de 2013» conclut-il.
Pac : les grandes cultures déçues
Incompréhension, déception, frustration... Ce sont les sentiments qui prévalent dans la filière grandes cultures, suite à l'accord sur le bilan de santé de la Pac. Orama n'y va pas par quatre chemins. « L'adoption d'un tel dispositif exprime « une absence de sens des réalités économiques de l'agriculture préjudiciable non seulement aux exploitants, mais aussi aux consommateurs», écrit dans un communiqué la branche spécialisée grandes cultures de la FNSEA. La hausse de la modulation et les possibilités qu'ouvre le texte en matière de redistribution des aides, à travers la mise en œuvre des articles 68 et 64, ne passent pas. « Le ministre français de l'Agriculture s'est donné la possibilité de porter jusqu'à plus de 40 % les amputations opérées sur les paiements directs des producteurs de céréales et d'oléoprotéagineux », estime le syndicat. La CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) n'est toutefois pas en reste. « C'est l'incompréhension totale qui prédomine chez les betteraviers à la lecture du compromis final », indique le communiqué du syndicat. Celui-ci regrette que la taxe à la production de 12 euros/t de sucre soit maintenue pour les planteurs. La disparition de l'ACE (Aide aux cultures énergétiques) ne réjouit pas la filière oléoprotéagineuse. « C'était un élément fort pour favoriser la contractualisation des producteurs », analyse Xavier Beulin, vice-président de la FNSEA.