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Oléoprotéagineux : « La protéine végétale, sujet majeur qui va monter », selon Arnaud Rousseau (Avril et Fop)

Arnaud Rousseau, président d'Avril et de la FOP. « Nous ne sommes plus dans des flux poussés par la production mais dans des flux tirés par les besoins du consommateur."
© Fop

Les biocarburants de première génération n’ont plus le vent en poupe, en témoigne les débats qui agitent Bruxelles comme Strasbourg. Mais ils restent un point d’appui majeur pour la filière oléoprotéagineuse dans l’Hexagone. Avec un résultat net consolidé négatif de 51 millions d’euros sur 2016, Avril, l’outil industriel de la filière et le numéro 1 du secteur de la transformation des oléagineux en France, est en difficulté. Détenir ce géant national est-il toujours une force pour les producteurs ? « Compte tenu du poids d’Avril dans la filière, nous avons la chance de pouvoir avoir une approche globalisante des coûts logistiques et de l’outil industriel », répond Arnaud Rousseau, son président, également président de la FOP (producteurs d'oléoprotéagineux). Pour le responsable, c’est un atout essentiel : « Notre savoir-faire opérationnel et une gestion des flux de marchandises optimisée nous permettent de combler le désavantage de notre coût de main-d’œuvre. Or dans d’autres secteurs, les entreprises, parce qu'elles se font concurrence, vont renoncer à ce type d’avantages.»

Un système de flux tirés par les besoins du consommateur

Reste que la filière est plus ou moins condamnée à changer de modèle. « Nous ne sommes plus dans des flux poussés par la production mais dans des flux tirés par les besoins du consommateur, explique Arnaud Rousseau. La protéine végétale, c’est le sujet majeur qui va monter. En colza, le modèle ne doit-il pas muter de l’huile vers les protéines ? C’est là qu’il y a de la valeur ajoutée à créer sur toute la filière », explique-t-il. Pour le responsable, cette mutation, déjà en cours, se prépare en concertation avec les autres filières. Impossible de continuer à fonctionner indépendamment des autres secteurs. « C’est pourquoi nous avons réuni récemment les représentants des filières viandes, explique-t-il avec sa casquette FOP. Ainsi, en lait par exemple, garantir un produit avec des protéines sans OGM pourrait créer de la valeur ajoutée. Si nous sommes capables de mettre en place des filières protéines non OGM tracées, elles auront un débouché, avec un vrai différentiel. » Pour Arnaud Rousseau, la création de valeur ajoutée est la vraie planche de salut. Elle implique d'avoir des outils industriels performants et de contractualiser davantage. « Mais il va falloir apprendre à se décorréler du marché », prévient-il. Pour que les éleveurs ne souffrent pas de prix trop hauts et inversement. « Le système qui veut opposer les uns aux autres est une erreur », estime-t-il. Il détruit de la valeur plus qu’il n’en crée.

L'avenir de l'huile avec le B100 et l’oléochimie

Dans cette nouvelle ère "surprotéinée", quel avenir pour l’huile ? « Nous avons besoin des biocarburants pour notre équilibre économique, constate le responsable. C’est pour cela que l’on travaille sur un produit comme le B100 (100 % de biodiesel). Nous sommes à 3000 ou 5000 m3 produits par an, c’est un marché qui n’existe pas. Mais si on peut avoir un moteur thermique 100 % B100, on sera 100 % renouvelable, mieux qu’avec des moteurs électriques qui s’appuient sur le nucléaire. Là, nous répondons bien à la demande du consommateur. » Le responsable compte également sur l’oléochimie. « En 2016, Oléon, filiale spécialisée dans la chimie renouvelable d'Avril, a réalisé 632,3 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit près de 10 % de celui du groupe, signale-t-il. Et son Ebitda a représenté 47,5 millions d’euros, le tiers du résultat d'Avril. » Les chiffres sont prometteurs certes, mais en valeur, pas en volume. « D'accord, mais demain ?, reprend le dirigeant, pourquoi ne pas envisager que beaucoup plus d’hectares seront concernés ? ».

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