OGM, 86 % des Français sont pour leur interdiction
Un sondage du CSA révèle qu’une large majorité des Français souhaitent la prohibition des organismes génétiquement modifiés. Pour 58 % d’entre eux, ce retrait doit être temporaire, et pour 28 % définitif.
DÉSORIENTÉS. Un sondage, réalisé les 13 et 14 septembre par l’institut CSA, indique que 86 % des Français réclament l’interdiction des organismes génétiquement modifiés. Cette enquête, commandée par l’association de protection de l’environnement, Greenpeace, montre que l’opposition de nos concitoyens à l’égard des plantes transgéniques ne faiblit pas. Au contraire, ce refus des OGM progresse, le dernier sondage, réalisé en février 2006 par BVA et commandé par l’association Agir pour l’environnement, affichait que 78 % des Français souhaitaient un moratoire sur les OGM.
Une technologie finalement peu connue
Si ce sondage montre bien une progression de l’opposition aux OGM de la société française, elle montre surtout l’inquiétude de nos citoyens à l’égard de cette technologie finalement peu connue par ces derniers. À la question « À votre avis, y’a t-il souvent, rarement, ou jamais des OGM qui entrent dans la fabrication des produits ou aliments que vous consommez ? », une majorité de 45 % répond souvent, 38 % rarement, et 10 % jamais, les 7 % restant ne se prononçant pas. Ces résultats montrent la suspicion des Français à l’égard des organismes génétiquement modifiés qui entrent dans leur alimentation. Pourtant, la majorité des OGM cultivés dans le monde sont destinés à l’alimentation du bétail et non à l’homme directement. Mais les récentes affaires de contaminations de riz américains et chinois par des variétés OGM non autorisées à la production et à la consommation renforcent les craintes des consommateurs. Deuxième question : « Êtes-vous très inquiet, plutôt inquiet, plutôt pas inquiet, ou pas du tout inquiet à l’idée de manger des produits pouvant faire intervenir des OGM dans leur fabrication ? ». Pour 20 % des sondés, l’inquiétude est très grande, tandis que 33 % ne se sentent pas inquiets. Au final, ils sont 66 % à se déclarer inquiets. Enfin, la dernière question propose aux Français de choisir entre l’interdiction totale de la production et de la consommation d’OGM, l’interdiction temporaire le temps d’évaluer les conséquences sur la santé et l’environnement, ou la poursuite des cultures transgéniques. Pour 28 % des sondés, les OGM doivent être interdits totalement, pour 58 %, l’interdiction doit être temporaire, et enfin 11 % considèrent que les OGM ne présentent pas plus de risques que les aliments traditionnels.
Greenpeace a profité des résultats de ce sondage pour lancer son nouveau guide des produits avec ou sans OGM, distribué dans une dizaine de villes françaises le 16 septembre dernier. «Avec ce guide, nous voulons offrir à tous un moyen simple de ne pas consommer des produits dont la fabrication peut avoir fait intervenir des OGM», explique Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de l’association de protection de l’environnement.
Pour Maïz’Europ, ce sondage montre « qu’il y a de la communication à faire »
L’opposition aux OGM a beau progresser en France, l’association des producteurs de maïs campe sur ses positions et ne compte pas en changer de si tôt. Pour Luc Esprit, président de Maïz’Europ, qui « regrette » ce sondage tout en « doutant de son objectivité », puisque « commandé par Green-peace », ces résultats montrent « qu’il y a de la communication à faire ». La position des producteurs de maïs n’évolue donc pas, ces derniers ne semblant pas inquiets quant à leur image auprès des concitoyens. Luc Esprit ajoute que « l’État ne doit pas gouverner en fonction des sondages », en d’autres termes, peu importe l’opinion des Français pour le syndicat des producteurs de maïs. Et d’ajouter que les efforts de communication ne suffiront pas : « Pour qu’un discours passe, il faut que les pouvoirs publics aillent dans le même sens que nous. » Ce qui est loin d’être gagné vu l’entrain du gouvernement, pourtant favorable aux OGM, à faire avancer le projet de loi sur les biotechnologies.
Enfin, « l’aberrante » affaire de la contamination de riz par une variétés transgénique a « certainement été contre productive », conclut-il. Contre productive, certes, mais bien réelle et toujours très mystérieuse aujourd’hui.