OCDE: les dernières perspectives agricoles pour 2005-2014
La concurrence entre les exportations agricoles s’intensifiera et la part des pays en développement dans le commerce augmentera.
POUR LA PREMIÈRE FOIS, les “Perspectives agricoles” ont été préparées conjointement par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des Nations-Unies à Rome. Ce rapport met à profit les connaissances techniques des deux Organisations concernant les produits, les politiques et les pays. En outre, la couverture géographique des projections, qui portent sur les dix années à venir jusqu’en 2014, a été considérablement élargie pour inclure un grand nombre de pays et régions en développement. Comme les années précédentes, les évaluations proposées dans ce rapport s’appuient sur des projections à moyen terme de la production, de la consommation, des échanges et des prix des produits couverts par le rapport. Les projections tablent sur l’absence d’accidents climatiques et excluent donc les conséquences qui s’en suivraient pour les rendements des cultures et la production de bétail. Le risque que la réalité ne soit pas conforme aux hypothèses qui sous-tendent les projections constitue l’une des incertitudes importantes des “Perspectives agricoles”.
Vers une nouvelle chute des prix
Durant la période couverte par les prévisions, la production agricole mondiale augmente plus lentement que pendant la précédente décennie. Toutefois, la consommation mondiale devrait continuer de progresser en raison notamment des performances économiques et de la croissance de la population des pays en développement. Ceci est montré par le changement des positions des échanges nets pour différents pays et produits pendant les dix années à venir.
La croissance des échanges de produits agricoles restera toutefois inférieure à celle des échanges d’autres produits du fait, en grande partie, de la persistance d’importantes barrières commerciales. Dans le même temps, l’expansion des échanges sud-sud, notamment des exportations des pays traditionnellement exportateurs et des pays émergents du monde en développement, joue un rôle croissant dans l’expansion des échanges agricoles.
Les importations agricoles des pays en développement devraient évoluer à la hausse, mais cette progression devrait être partiellement absorbée par l’augmentation des exportations des pays producteurs à faibles coûts dans le monde en développement. De ce fait, la concurrence sur les marchés mondiaux des produits de base se renforcera à moyen terme. Conjuguée à la forte progression des gains de productivité au niveau mondial, cette évolution entraînera une nouvelle chute des prix réels de la plupart des produits agricoles.
Une amélioration de la productivité
Compte tenu de ces pressions à la baisse sur les prix réels, les agriculteurs devront redoubler d’efforts pour améliorer l’efficience et la productivité de leurs activités et bénéficieront de la réforme des politiques qui les gênent dans cette entreprise. Le déclin des prix réels pourrait cependant bénéficier aux pays qui dépendent de leurs importations pour couvrir leurs besoins alimentaires.
La production agricole globale des pays en développement progresse plus rapidement que dans la plupart des autres pays, principalement ceux de l’OCDE, qui voient leur part diminuer dans la production mondiale de la plupart des produits. L’amélioration continue de la productivité fait augmenter la production dans pratiquement tous les pays, mais l’expansion des superficies cultivées dans le monde en développement constitue également un facteur important.
Une mondialisation croissante
L’évolution de la demande explique en grande partie le rôle croissant des pays en développement dans la détermination des marchés agricoles mondiaux. La croissance démographique et la hausse des revenus, conjuguées à l’urbanisation et à la diversification de l’alimentation, devraient générer une demande additionnelle et modifier la composition de la consommation alimentaire qui sera plus riche en produits animaux.
Sur les marchés parvenus à maturité des pays de l’OCDE, la demande de produits alimentaires devrait connaître une croissance modérée. La demande est davantage conditionnée par les caractéristiques des produits et procédés en termes de sécurité, de qualité, de respect de l’environnement, de protection des animaux, etc., plutôt que par l’évolution des prix et des revenus.
Les changements structurels en cours dans le secteur agroalimentaire, qui se caractérisent par une concentration et une mondialisation croissantes et par une nouvelle gouvernance de la filière alimentaire davantage axée sur les normes de produits et la coordination verticale, devraient se poursuivre pendant la période couverte par les projections. Ces changements qui interviennent parallèlement aux politiques nationales et commerciales et à la réforme des politiques, pèsent de plus en plus lourd dans l’évolution des marchés et des échanges agricoles à long terme.
Certaines incertitudes conditionnent bien entendu ces “Perspectives agricoles”. La situation économique et politique sera vraisemblablement différente de celle considérée dans le présent rapport. En particulier, une issue favorable aux négociations sur les échanges du cycle de Doha pourrait améliorer les perspectives sur les échanges. De plus, l’érosion des stocks de céréales qui, selon les prévisions, devraient tomber à des niveaux sans précédents, pourrait rendre les prix des céréales plus instables et se répercuter sur la sécurité alimentaire mondiale. Compte tenu de l’importance croissante de la Chine et de l’Inde sur les marchés mondiaux, un choc même faible sur la demande ou l’offre de ces grands pays pourrait entraîner des ajustements externes non négligeables. Les maladies du bétail sont un autre facteur d’incertitude.