Marchés / Volatilité
Nutrition animale et meunerie absorberaient près de 50 % des oscillations des prix de matières premières
Le ministère du redressement productif s’est penché sur les capacités de 4 industries – meunerie et biscuiterie, nutrition animale, produits laitiers et les produits à base de porc –à gérer la volatilité des prix des matières premières. Le rapport “Enjeux et perspectives des industries agroalimentaires face à la volatilité du prix des matières premières”, pavé de 160 pages, souligne que, plus la relation avec la grande distribution est importante au niveau de l’écoulement de sa production, plus il est difficile de répercuter la hausse des cours des matières premières.
Les transformateurs absorbent une bonne part des variations de prix
S’approvisionnant directement sur des marchés libres et mondialisés (céréales et oléagineux), les secteurs de la meunerie et de la nutrition animale sont plus directement concernés par la volatilité des matières premières que les produits laitiers et à base de porc. « Les notions de couverture et de maîtrise des risques de volatilité en amont sont donc fondamentales » pour eux, souligne le rapport. Il n’est pas étonnant que, dans ce contexte, meuniers et industriels de la nutrition animale utilisent davantage les instruments de couverture, comme les marchés à terme, pour limiter le risque prix.
« Globalement, nous observons une transmission de 20 à 30 % des hausses et baisses des cours du blé sur les prix de la farine, indique le rapport. Comparée à une transmission attendue de l’ordre de 70 %, la transmission des variations de prix par la meunerie est moyenne. Les facteurs explicatifs sont un ajustement des marges et les effets lissants de l’utilisation d’instruments de couverture (marchés à terme). Il est en outre envisageable que les hausses constatées en amont soient en partie « passées » au client à travers une augmentation du prix de vente des coproduits (le son notamment, principalement destiné à l’alimentation animale) », poursuit le document.
En aval en revanche, la filière industrielle des gâteaux et de la biscuiterie rencontrerait davantage de difficultés pour répercuter des hausses à ses clients, confirme l’étude. « Malgré une importante hausse en 2007 et baisse en 2009 des prix du blé, l’indice du prix à la production pour le secteur des biscuits et gâteaux est resté relativement stable depuis 2005. Ce secteur semble donc absorber une part importante de la volatilité émanant de l’amont », selon le rapport. Celui-ci note aussi que ce secteur « semble peu en mesure de répercuter la volatilité vers l’aval (GMS) en cas de hausse des matières premières. A contrario, la baisse des prix du blé en 2009 a entraîné une baisse des prix à la production. Le rapport de force, en ce qui concerne la fixation des prix, semble donc largement en faveur de la GMS. »
Quant à la nutrition animale, le rapport estime qu’« envers l’aval, ces industriels ont un pouvoir de marché important, essentiellement du fait de la dispersion des clients. Ce pouvoir est cependant contrebalancé par la maturité du marché qui est de fait particulièrement concurrentiel par le développement de la fabrication d’aliments à la ferme et par les faibles capacités de trésorerie de leurs clients. On peut constater qu’entre 2003 et 2006, seules 20 à 30 % des hausses et baisses sont répercutées en aval. Cependant, depuis 2006, de 40 à 60 % des mouvements sont transmis. Cette proportion est relativement élevée comparée aux 80 % de transmission attendue au vu de la structure de coût. »
Difficile répercution vers la GMS
La faculté à répercuter la volatilité des prix sur leurs clients dépend essentiellement de la diversité de ceux-ci et de leurs poids. Ainsi la nutrition animale qui vend ses produits aux éleveurs français s’en sort mieux que la meunerie qui travaille avec les boulangers artisanaux, d’un côté, et de l’autre avec la grande distribution. Le rapport note à ce propos que « les variations de prix sont répercutées de manière différenciée entre les farines destinées aux clients artisanaux et les farines à usage industriel (y compris pour la panification). Ainsi, les clients artisanaux, moins informés, tardent à accepter les augmentations de prix de la farine mais sont peu attentifs aux éventuelles baisses de cours postérieures, tenant l’augmentation pour un acquis. Leurs clients sont par ailleurs plus enclins à accepter les hausses de prix. À l’inverse, les clients industriels négocient en permanence le prix d’achat de leur farine en fonction des cours mondiaux, notamment du fait des pressions exercées par leurs clients, la grande distribution », indique le document. Lorsque les grandes surfaces sont clientes des meuniers, pour la vente de farines en sachet ou pour le rayon boulangerie, la capacité de négociations reculerait davantage.