Momagri : « gérer les crises avec moins d'aides »
Soutenir les agriculteurs en période de crise avec moins d'aide Pac, c'est possible, selon le Momagri (Mouvement pour une organisation mondiale de l'agriculture) qui a tenu une conférence à la foire de Châlons-en-Champagne le 30 août dernier.
Avec un coût budgétaire pour l'UE inférieur à ce qu'il est aujourd'hui, une Pac distribuant les aides seulement en cas de crises ou pour maintenir ou amorcer des activités dans des zones en difficultés économiques parviendrait à stabiliser le chiffre d'affaires des agriculteurs. « Intervenir en temps de crise n'est pas une solution onéreuse, contrairement à ce que disent nos détracteurs. Le système du découplage déverse chaque année des aides aveuglément », a indiqué Jacques Carles, délégué général du think tank et ancien administrateur à la Commission européenne.
Des aides “contracycliques” pour l'urgence
Le mécanisme proposé consiste à verser des aides “contracy cliques”. Ces aides « permettent de lisser les fluctuations de revenu consécutives à la volatilité des prix agricoles », a-t-il expliqué. Elles ne sont qu'un étage du dispositif proposé. Le dispositif comprend trois étages : un premier étage correspondant au risque « usuel », avec comme réponses l'épargne de précaution, la baisse des charges, la diversification des productions. Un deuxième étage correspondant au risque “maîtrisable”, avec comme moyens d'y faire face les fonds de mutualisation des risques, les couvertures à terme, les assurances et l'action mutualisatrice des coopératives. Enfin, un troisième étage correspondant au risque “catastrophique”, qui nécessite des aides contracycliques, des interventions publiques pour rééquilibrer les marchés et la solidarité des pouvoirs publics pour calamités naturelles. L'action publique n'est mobilisée pleinement que dans le cas de risques “catastrophiques”, a montré Jacques Carles. Les risques “usuel” et “maîtrisable” nécessitent le concours des individus et des col-lectivités, le concours public n'étant qu'auxiliaire. Au total, le budget de la Pac devrait être d'un peu moins de 50 Md€/an, au lieu des 56 Md€ annuels. Ce budget serait flexible alors qu'actuellement il est stable. Le Momagri a calculé que le budget de la “Pac-Momagri” pour 2016 atteindrait 65 Md€ au lieu des 56 Md€ actuels de la politique bruxelloise. Mais, les aides prévues par Momagri étant en général plus basses, la simulation du think tank montre que, sur 2011-2020, l'économie serait de 63 Md€.
L'aide “Momagri” est globalement moins élevée
Julien Valentin, agriculteur dans la Marne et vice-président des JA européens pendant deux ans, a présenté une simulation effectuée sur 600 exploitations céréalières marnaises. Il en ressort qu'en moyenne sur la période 2015-2020 le revenu courant à l'hectare avec la “Pac-Mo-magri” s'établirait à 332 € contre 310 € avec la Pac, soit 7 % de plus. Certes, pour 2016, l'aide “Pac-Mo-magri” viendrait largement au secours des exploitants, avec 470 €/ha, contre 313 pour l'aide Pac. Mais en 2018, avec une projection de prix du blé élevée (correspondant à plus de 700 € de prix de vente par hectare), l'aide “Pac-Mo-magri” chuterait à 75 €/ha, l'aide Pac classique restant à un niveau élevé (267 €/ha). Les aides flexibles ne sont pas le seul outil prôné Momagri. La diversification est considérée par le think tank comme une façon de gérer les risques en les répartissant. Julien Valentin en est l'exemple : il cultive blé, orge, colza, betteraves, pommes de terre de fécule, carottes pour l'industrie et a un atelier de volailles de chair.
Au total, le budget de la Pac devrait être d'un peu moins de 50 Md€/an en moyenne, au lieu des 56 Md€.