Manuel Valls demande des « annonces fortes » à Phil Hogan
Jeudi 25 février, le commissaire européen Phil Hogan a rencontré le Premier ministre et le ministre de l'Agriculture, afin de préparer le Conseil agricole des 28 du 14 mars.
À la veille de la rencontre du commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, avec le Premier ministre français, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, avait demandé, le 24 février, à Manuel Valls « fermeté et conviction » pour convaincre le commissaire de mettre en place des outils de régulation des marchés en crise. Il souhaitait par ailleurs que la Commission européenne chiffre les conséquences économiques et sociales de l'embargo russe sur le secteur agricole et demandait à Manuel Valls de soutenir, auprès de Phil Hogan, l'étiquetage obligatoire des ingrédients dans les produits transformés. Il semble que c'est la ligne qui a été défendue par le gouvernement. Le lendemain, à la sortie de sa rencontre avec Phil Hogan, Manuel Valls a expliqué avoir plaidé pour que la Commission européenne mobilise des outils de régulation de l'offre, et qu'elle joue « de son pouvoir d'initiative » afin que des « annonces fortes » soient faites dès le prochain Conseil agricole. « La Commission doit pren-dre pleinement toutes ses responsabilités. Elle doit jouer de son pouvoir d'initiative et faire maintenant des annonces fortes, prendre des décisions, ne pas perdre du temps. Elle doit pouvoir le faire lors du prochain conseil des ministres de l'Agriculture le 14 mars, a-t-il expliqué. L'Europe connaît déjà suffisamment de crises et de défis, menace terroriste, crise des réfugiés. Il ne faudrait pas que se rajoute une crise agricole majeure qui mettrait en cause le projet européen. »
« Va-t-on stabiliser la production de lait ? »
Présent lors de la rencontre, le ministre de l'Agriculture a notamment précisé que Paris plaide pour l'utilisation des articles 219, 221, 222 de la Pac, qui permettent des dérogations exceptionnelles au droit de la concurrence. « Ce sont des clauses de sauvegarde, des mesures d'urgence », explique Philippe Mauguin, directeur du cabinet de Stéphane Le Foll. En substance, le ministre a plaidé pour que l'on puisse, après l'échec des mesures de régulation « de routine » (stockage privé, promotion), faire appel à des mesures d'urgence.
Stéphane Le Foll plaide pour la mise en place de mesures de sauvegarde après l'échec des mesures de régulation.
« À crise exceptionnelle, mesures exceptionnelles », résume Philippe Mauguin. L'essentiel des discussions a porté sur le lait, rapporte le directeur de cabinet. Paris souhaite aller au-delà de simples mesures de stockage, comme le demande par exemple l'Irlande, et y associer une régulation des volumes. « Le point central sur le marché laitier, c'est : va-t-on stabiliser la production ? » Par ailleurs, dans le cas du porc, Paris et Bruxelles débattent sur l'association de mesures de dégagement de marché aux aides au stockage privé. Bruxelles défend que ce genre de mesure n'est plus possible depuis le récent accord OMC de Nairobi sur la fin des subventions à l'exportation.