Marché à terme
L’origine mer Noire cotée à terme
La création d’un marché à terme de la mer Noire est à l’étude. Ce projet a été discuté lors de la conférence Black Sea Grain en Ukraine
LE MARCHE A TERME de la mer Noire « n’est pas pour demain », selon les professionnels présents à la conférence Black Sea Grain 2009 qui a eu lieu à Kiev du 22 au 23 avril. Lors de cet événement, les productions agricoles du bassin de la mer Noire étaient mises à l’honneur. Des opérateurs du monde entier sont venus assister à la présentation de ce marché plein de promesses. A cette occasion, la question de la création de contrats à terme sur des marchés transparents dans la zone a été abordée, suite à la présentation de leurs mécanismes et impératifs de mise en place par les consultants d’Euronext et d’Agritel.
Freins à la création d’un marché à terme
De nombreux freins à la création d’un marché à terme en Ukraine ou à l’accès des opérateurs de la Mer Noire à Euronext ou au CBot existent. En premier lieu, l’Ukraine pâtit, selon Michel Portier, directeur d’Agritel, « d’un contrôle des changes restrictif freinant la circulation des flux financiers depuis l’Ukraine et limitant l’accès aux marchés à terme étrangers. » De plus, les contrats forward n’existent pas encore en Ukraine et selon Michel Portier, « cela fait partie des prémices logiques à la création ou à l’utilisation des marchés à terme. » Enfin, d’importants problèmes logistiques ne permettent pas la mise en place de ces marchés dans l’immédiat.
Un potentiel encore sous-exploité
Les potentialités agricoles de l’Ukraine et des pays de la mer Noire sont énormes. « La situation géographique extrêmement favorable de la région avec la Mer Noire est un atout logistique constituant une ouverture privilégiée sur le marché asiatique », comme le vante Michel Portier. Cependant, pour le directeur d’Agritel, « tout reste à construire. » Mais selon lui, une volonté des opérateurs locaux d’améliorer les capacités des infrastructures logistiques afin d’ouvrir leurs marchés aux acheteurs et investisseurs étrangers devrait permettre d’avancer dans les prochaines années. A l’image d’UkrAgroConsult, société ukrainienne de conseil en agriculture, qui organise cette conférence pour permettre la rencontre des acteurs privés et publiques du marché de la mer Noire. Pour la plupart des participants, la création d’un marché à terme en Ukraine serait un gage de stabilisation des prix et de transparence dans les échanges. Ceci sécuriserait aussi les investissements nécessaires à la structuration de la filière.
Une transparence nécessaire
Le développement du marché ukrainien nécessitera certes de nombreux investissements en termes de logistique et d’outils de production, mais surtout une stabilité politique ainsi que de la transparence sur les prix et les disponibilités en grains de la mer Noire. A ce titre, différentes asssociations et entreprises ukrainiennes tentent d’éclairer les opérateurs sur le climat des affaires et les facteurs impactant les productions dans le pays. Sergey Feofilov, directeur d’UkrAgroConsult, fait partie de ces Ukrainiens qui souhaitent ouvrir le marché et informer les opérateurs des évolutions sur celui de la mer Noire. En effet, pour le moment, les opérateurs manquent d’informations indépendantes sur les disponibilités de la région. Les chiffres avancés par les gouvernements sont souvent jugés peu crédibles par de nombreux spécialistes. Ainsi, UkrAgroConsult, qui devrait se doter d’outils d’imageries satellites prochainement, se propose de vendre une information objective sur l’état des cultures et les marchés agricoles de la mer Noire.
Un consensus est-il possible ?
Si l’Etat reste très présent sur les marchés en Ukraine, il ne peut pas composer sans le secteur privé. Ce dernier, demande une simplification des démarches administratives, ainsi qu’une cohérence de long terme dans les décisions politiques. Si la crise a freiné le développement des holdings agricoles, les capacités de productions et d’exportations restent croissantes en Ukraine. Ces dernières pourraient être soutenues par les accords de libre échanges, négociés actuellement avec l’UE. Ces derniers devraient faciliter l’ouverture de ce marché.