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Les négociations avec le Mercosur de nouveau sur la table

Prudence – La reprise des pourparlers concernant les accords commerciaux avec le Mercosur suscite inquiétude et méfiance auprès des Etats Membres

Une majorité des ministres de l’Agriculture de l’UE, réunis le 17 mai à Bruxelles, s’est montrée préoccupée par la reprise des négociations commerciales avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), décidée début mai par la Commission européenne, sous la pression de la présidence espagnole de l’UE, et avalisée lors de la tenue du sommet UE/Amérique latine les 17 et 18 mai à Madrid. Un sommet au cours duquel l’UE a conclu un accord de libre échange avec les pays d’Amérique centrale et des accords de commerce avec la Colombie et le Pérou.
Saluée comme très positive par la ministre espagnole de l’Agriculture, Elena Espinosa, la relance des négociations a été vivement critiquée par son homologue français Bruno Le Maire. Celui-ci a souligné avec force, à son arrivée à Bruxelles, que la France était opposée à ces négociations « qui se traduiront nécessairement par de nouvelles concessions au détriment des agriculteurs européens. ». « Je ne vois pas pourquoi l’agriculture serait toujours la variable d’ajustement des négociations commerciales en Europe », a-t-il déploré. Dans une note remise au Conseil agricole et soutenue par huit autres pays (Irlande, Finlande, Autriche, Grèce, Hongrie, Pologne, Luxembourg, Roumanie), la France souligne que les intérêts agricoles de l’UE sont « clairement en jeu » et qu’il s’agit « d’un très mauvais signal pour l’UE qui est déjà confrontée à des défis importants. ». Il serait « inacceptable, est-il encore précisé dans cette note, d’envisager de nouvelles concessions agricoles après celles offertes par la Commission européenne en 2008 dans le cadre des pourparlers du cycle de Doha, qui constituent déjà “une limite” pour les agriculteurs européens. »

Inquiétudes partagées
L’Irlande a dit craindre la concurrence des pays latino-américains sur la viande de haute qualité, tandis que la Pologne a insisté sur les menaces que ferait peser un tel accord sur les volailles et le porc. Les importations pourraient augmenter de respectivement 70 % pour le boeuf et 25 % pour le porc, a mis en garde la France.
D’autres pays ont fait part de leur inquiétude quant aux concessions que l’Europe pourrait être amenée à faire sur le sucre, les céréales, les fruits et le secteur de l’éthanol. Ces Etats ont demandé à la Commission européenne d’une part, de mettre les choses au clair dès le début des négociations de manière à avoir un maximum de transparence et, d’autre part, de réaliser une analyse détaillée de l’impact économique, social et environnemental du résultat attendu de ces négociations. La note française a également reçu un large soutien de l’Italie, de la Lituanie, du Portugal, de Chypre, de la Belgique, de la Slovénie et de la Slovaquie. Bien que favorables au lancement de ces négociations, l’Allemagne et les Pays-Bas ont souligné l’importance de parvenir à un équilibre entre les deux parties au cours des négociations. Le Royaume-Uni a également estimé qu’un accord avec le Mercosur pourrait être intéressant, à condition de tenir compte de ses conséquences sur le secteur de la viande bovine. « Si on arrive à un accord final, il devra être bénéfique pour tous », a déclaré à la presse le commissaire à l’Agriculture, Dacian Ciolos. Selon lui, s’il convient de faire preuve de vigilance sur le chapitre agricole, un tel accord doit être analysé dans sa globalité, de manière à pouvoir en évaluer les gains réels. Pour le commissaire, il est prématuré de parler de concessions à ce stade des discussions.

Un signal très négatif pour le Copa-Cogeca
Pour les organisations agricoles et coopératives de l’UE (Copa-Cogeca), la reprise des négociations avec le Mercosur « enverrait un signal très négatif au secteur agricole européen qui est confronté à de nombreuses difficultés. ». Toute pression supplémentaire, précisent-elles, « rendrait la situation intenable. » « Ceci, ajoutent ces deux organisations, menacerait les normes élevées de qualité et de sécurité de l’Union .» Les producteurs européens, ont fait valoir le Copa-Cogeca, doivent respecter des exigences très strictes et coûteuses, contrairement aux pays du Mercosur, qui utilisent des accélerateurs de croissance. Le Copa-Cogeca affirme également que les Etats-Unis et le Japon n’autorisent pas l’importation de viande depuis les pays du Mercosur. Enfin, l’organisation fait référence à une analyse d’impact de l’Union européenne qui aurait démontré qu’un accord entraînerait des méthodes agricoles plus intensives et une déforestation accrue dans les pays du Mercosur.

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