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Chine
L’empire du Milieu, consommateur colossal, cherche à limiter ses importations agricoles

 

DEVELOPPER SON AGRICULTURE pour assurer sa sécurité alimentaire : voilà l’un des défis auxquels tente de répondre la Chine. Pas facile lorsqu’il s’agit de nourrir 1,3 milliard d’habitants avec des terres arables qui se réduisent régulièrement sous la pression de l’urbanisation.
La prise de conscience des autorités date véritablement de 2004. Sur le terrain, elle s’est traduite par un certain nombre de subventions destinées à encourager les paysans à produire, que ce soit de la viande, du blé ou du maïs. En 2009, l’Etat a ainsi dépensé quelque 18 milliards de dollars via des paiements directs, des aides à la semence, à l’achat de matériel agricole ou d’intrants. Ce chiffre s’affiche en hausse de 20% par rapport à l’année précédente. En novembre 2009, la Chine a même lancé un plan visant à augmenter les capacités de production en céréales du pays de 50 Mt d’ici 2020. L’idée : un panel de mesures pour réduire la dépendance vis-à-vis du commerce international, trop peu fiable à long terme compte tenu des pénuries, des fluctuations de prix et du développement des biocarburants, tout en tenant compte des contraintes nationales, tels les faibles revenus des paysans ou l’exode rural. 

Des habitudes alimentaires qui changent 
Cette politique s’accompagne d’une stratégie de stocks... dont les montants sont toutefois difficiles à cerner. En blé, ils s’élèveraient à quelque 60 Mt en fin de campagne 2010/2011, pour une production de 112 Mt et une consommation de 104Mt. Il n’empêche : les réserves ne font pas tout et le pays importe quand même. Ne serait-ce qu’en raison des changements d’habitudes alimentaires de la population. De fait, les Chinois délaissent de plus en plus les produits traditionnels pour se tourner vers les nouilles instantanées, les biscuits et les produits de boulangerie «modernes ». Pour répondre à cette demande, les meuniers doivent utiliser des variétés de blé de meilleure qualité, qu’ils ne trouvent pas forcément sur place. En 2010/2011, le pays devrait donc importer 900.000 t de blé, contre 800.000 t en 2009/2010. Une option d’autant plus tentante pour les industriels que le blé étranger profite de la cherté de la céréale domestique, soutenue par un système de prix minimum voulu par le gouvernement pour préserver le revenu des producteurs. 

Des productions de volaille et de porc en hausse 
Même fonctionnement en maïs. Le stock évalué à un peu plus de 50 Mt donne a priori les moyens de voir venir. En 2009/2010, il a permis de combler un déficit de 3Mt entre consommation et production, dû à la sécheresse et aux températures froides de l’été qui ont eu un impact sur les rendements de l’ordre de 10 à 40 % dans certaines régions productrices. Reste que les productions de volaille et de porc se développent elles aussi. En porc, le gouvernement souhaite limiter la production à 410 millions de têtes dont 10% de truies productives, mais le cheptel atteignait à fin 2009 469.000têtes dont 49.000 truies, notamment en raison des subventions mises en place depuis 2007. En volailles, la production de viande de poulet devrait grimper de 4% en 2010, après une hausse de 2% en 2009. Rien n’exclut que le pays n’importe quelques bateaux de maïs en provenance des Etats-Unis... sous réserve que la céréale soit compétitive, ce qui n’est pas le cas actuellement. 

Loin de l’autosuffisance en soja  
Pour l’instant, c’est finalement en soja que le pays est loin de l’autosuffisance. En 2010/2011, la Chine devrait consommer 58Mt de graines alors qu’elle n’en produirait que 15,2Mt et ne disposerait que d’un stock de 8,6Mt. Il lui faudrait donc trouver 42,5 Mt sur le marché international, un volume en hausse de 6% par rapport à 2009/2010. Celui-ci devrait provenir pour 19,5 Mt des Etats-Unis. Le secteur n’est pas jugé prioritaire par le gouvernement, qui ne le soutient pas autant que les céréales destinées essentiellement à l’alimentation humaine. Dans un contexte où les terres arables manquent et où les rendements en oléagineux restent faibles compte tenu du manque de technicité des agriculteurs et de l’insuffisance des intrants, le soja n’a donc pas la cote auprès des producteurs. Le déficit va-t-il se poursuivre sur le long terme? Tout dépendra des choix du gouvernement. C’est en tout cas indéniablement la Chine qui est aujourd’hui le moteur du marché mondial du soja. Une faiblesse pour certains... vue comme une force par d’autres.

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