Filière colza
Le Phosmet de toutes les discordes
Ce produit phytosanitaire est à l’examen au niveau de la Commission européenne pour une ré-autorisation d’utilisation.
Ce produit phytosanitaire est à l’examen au niveau de la Commission européenne pour une ré-autorisation d’utilisation.
Tout comme pour le plan en faveur des pollinisateurs, Terres Inovia, l’institut technique représentant la filière des professionnels des huiles et protéines végétales et de ceux du chanvre, et Terres Univia, l'interprofession des huiles et des protéines végétales, s’interrogent sur l’attitude du gouvernement quant à sa position possible sur la ré-autorisation de l’insecticide organophosphoré Phosmet (employé en fin d’automne sur les colzas), en cours d’examen au niveau de la Commission européenne. Ce questionnement intervient aussi sur fond de lancement tout récent du plan Protéines végétales, doté de 100 M€, pour donner une plus grande autonomie alimentaire à la France.
Pour l’institut technique, on est typiquement confronté, avec l’interdiction de ce produit, à la problématique des impasses techniques : ce produit a été interdit sans que d’autres solutions alternatives n’existent. Or, à plusieurs reprises cette année, le gouvernement a rappelé qu’il ne laisserait pas les agriculteurs « dans une impasse technique ou économique », lorsque les alternatives non chimiques font défaut.
Miel, importations et conséquences sociales
Terres Inovia est rejoint sur ce sujet par la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (Fop). Cette dernière rappelle « qu’il n’existe pas, en dépit des nombreux travaux actuellement conduits, de solution alternative au Phosmet qui soit efficace et crédible contre les ravageurs d’automne ». Reprenant à son compte les chiffres avancés par Terres Inovia, la Fop estime que « la suppression de ce produit entraînerait une baisse des surfaces de colza de près de 300 000 ha » en France. Rappelons que la sole nationale est déjà passée d’une moyenne de 1,5 Mha pendant la période 2014-2018 à 1,1 Mha en 2020 (- 26,6 %).
De plus, cette baisse aboutira à 1 million de tonnes de graines de colza produites en moins dans le pays et ce manque devra « être compensé par des importations notamment OGM » en provenance d’Amérique du Sud ou du Canada. Terres Univia rappelle aussi que 300 000 ha de colza correspondent à̀ l’activité d’une usine de trituration française et attire, enfin, l’attention des pouvoirs publics sur le fait que les abeilles apprécient particulièrement les fleurs de colza, contribuant à la production de miel par ricochet.
Pour mémoire, la filière des huiles et protéines végétales rassemble 110 000 producteurs d’oléoprotéagineux en France. En comptant les emplois indirects et induits, elle fédère 20 000 emplois et plus de 500 coopératives et négoces agricoles qui collectent et transportent ces graines.
Terres Inovia, Terres Univia et la Fop demandent au gouvernement de se positionner favorablement sur cette ré-autorisation.