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Le moulin pilote, star de la convention de la meunerie française 2010

Stratégie – Basé à Surgères, le moulin pilote sera un outil de référence au service des meuniers, mais aussi de l’ensemble de la filière, des semenciers aux exportateurs

La convention annuelle de la Meunerie française s’est tenue à Surgères (17), sur le site de l’Ensmic, Ecole nationale supérieure de meunerie et des industries céréalières. L’occasion pour les adhérents de l’ANMF de découvrir le moulin pilote. Un outil, « sans équivalent » en Europe, que ses instigateurs veulent au service de l’ensemble de la filière, comme l’a souligné le président de l’association, Joseph Nicot. L’événement a été fédérateur puisque quelque 180 professionnels ont fait le déplacement, le 10 septembre, pour cette inauguration.

Mesurer la valeur meunière
    La création de ce moulin pilote est le résultat d’un programme de recherche sur la valeur meunière des blés (cf. n°3686), mené dans le cadre d’un premier consortium lancé en 2003 (CVM), résume Joël Abécassis, chercheur à l’Inra de Montpellier. Ses protagonistes se sont aperçu qu’ils ne disposaient pas d’outil pour étudier ce critère. Le mal est réparé. Le moulin pilote, qui travaille sur des lots de 200 à 500 kg/h, servira de référence en matière de valeur meunière, mais pas uniquement. Comparaisons de process, de variétés, observation des produits,... cette installation offre de nombreuses perspectives d’études, dans des conditions proches de celles du terrain et avec des résultats garantis. « Se basant sur des éléments objectifs, il est de nature à améliorer l’échange d’informations au sein la filière  », assure Joël Abécassis. Mais il faut encore mettre en place les procédures qui conféreront à ce pilote une fiabilité scientifique.
    Le moulin va donc en premier lieu aider à mieux connaître la valeur meunière. Cela permettra notamment d’affiner la sélection variétale, sachant que des écarts de 5 points de rendement farine peuvent être observés d’un blé à l’autre. « Les obtenteurs étaient démunis sur cette question et le critère n’était jusqu’ici pas pris en compte », témoigne François Desprez président de l’UFS (Union française des semenciers). « Nous allons créer un référentiel et les obtenteurs se doteront d’un mini-moulin » pour évaluer cette caractériqtique, anticipe-t-il. Le CVM a en effet développé un mini-moulin, qui permet de mesurer cette donnée sur des lots de 500 g. Celui-ci sera étalonné à l’aide du moulin pilote et disponible l’an prochain. « Nous pourrons aussi, par exemple, observer le comportement de nos blés en fonction de la conduite de culture pour fournir aux producteurs le meilleur mode d’emploi», imagine François Desprez. Pour les semenciers, cette avancée pourrait avoir d’autres retombées positives : « Quand les meuniers voient arriver une nouvelle variété, ils sont dans l’expectative. Ils tendent à privilégier les blés qu’ils connaissent », témoigne Lionel Deloingce, président de la commission Process et produits de l’ANMF.
    Par ailleurs, « les machines installées dans ce pilote, comme le trieur optique (NDLR), sont peu présentes dans les usines françaises », explique Lionel Deloingce. L’occasion peut-être pour la profession de « s’ouvrir à de nouvelles technologies ». Le moulin est d’ailleurs mis à disposition de tous pour des travaux de R&D, mais aussi de la formation continue. Il apporte d’ailleurs aux étudiants de l’Ensmic une vision concrète de leur travail futur et constitue un vrai plus : « Les anciens élèves se rappellent tous de l’appréhension qu’ils ont eu, en stage, au moment où ils ont dû démarrer le moulin », s’amuse Joël Abécassis pour qui l’apprentissage de la meunerie doit aussi passer par celui des étapes unitaires de transformation.

Un atout pour les exportations sur pays tiers
    Sur un marché mondial du blé très concurrentiel, « il faut fidéliser et pour cela il est indispensable de bien connaître son produit. Le moulin a un rôle capital à jouer », estime Jean Solal, directeur des silos de Bonnières (78). Méconnaissance, idées reçues voire inculquées par la concurrence,… le blé français n’est pas toujours réellement connu des importateurs. « Nous allons convier les clients au moulin, les aider à comprendre comment travailler les blés français et leur prouver qu’ils peuvent s’adapter à leurs méthodes. Nous devons tester tous les diagrammes pour pouvoir leur démontrer que ça fonctionne », s’enthousiasme Jean Solal. Le moulin peut en effet simuler différents diagrammes et est doté d’un sasseur, matériel souvent présent chez les meuniers clients des blés américains. D’ailleurs « les Etats-Unis accueillent, pendant plusieurs mois parfois, les importateurs dans leurs usines basées à Fargo (Dakota) pour tester leurs blés, poursuit Jean Solal en lançant : Et souvent on reste fidèle à celui qui nous à former ! L’idée est de reproduire le concept à Surgères », à proximité du port de La Rochelle. Enfin, les installations de l’Ensmic permettront de comparer objectivement l’ensemble des blés proposés à l’international. « Nous disposerons d’un argument commercial » imparable.

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