Aller au contenu principal

Brasserie
Le haut de gamme peut-il sauver le marché de la bière ?

Face à l’effritement de la consommation de bière les producteurs tentent de redynamiser le marché en revalorisant leurs produits

Première exportatrice mondiale de malt, et première productrice européenne d’orge de brasserie, l’agriculture française est directement impactée par les aléas du marché de la bière. Et dire que ce marché connaît des aléas n’est qu’un euphémisme. Sur notre territoire, il aurait diminué de 25 % en vingt-cinq ans, selon l’association des Brasseurs de France. Pour contrer cette tendance et relancer la consommation d’un produit de plus en plus délaissé, les brasseurs doivent donc redoubler d’ingéniosité. « Le marché de la bière en France est en léger recul (-1,7 % en 2010), à cause d’un été pluvieux et maussade qui a affecté les ventes », explique Marc Busain, président d’Heineken France. Mais en revalorisant leurs bières, le groupe a connu sur l’année 2010 une croissance de son chiffre d’affaires de « 1,6 à 1,7 % », toujours selon son président. Un chiffre d’autant plus étonnant que les Français sont de très faibles consommateurs de bière avec seulement 30 litres bu annuellement par an et par habitant (contre 110 litres en Allemagne).

Une revalorisation du produit
    En fait, si les volumes se réduisent, le segment premium lui ne cesse de s’accroître. « En 2000, 30 % de la bière était premium, aujourd’hui ce segment représente 50 %. Donc, malgré le déclin général du marché de la bière, nous continuons de nous développer », se vante Marc Busain. L’intérêt économique est évident, « dans un marché en baisse nous essayons de valoriser le litre en le vendant plus cher. Cela passe par des produits comme les bières premium ou les bières spécialisées ». Un produit revalorisé en totale indépendance du prix de l’orge, « nous avons anticipé et conclu des contrats qui nous ont bien protégé de la hausse des matières premières. L’impact sur notre prix d’achat n’est que de 1 % à 2 % », annonce fièrement Marc Busain. Cette transformation du marché impacte pourtant directement l’agriculture française ; une bière classique inclut 7,7 kilos de malt par hectolitre dans sa composition, la bière premium, elle, en demande 13 kilos. En tout cas, la stratégie semble fonctionner. En 2009 le secteur des bières classiques reculait de 2,6 %, tandis que les bières premium explosaient de 11,3 %. Comment expliquer ce phénomène ? La réponse est simple selon Marc Busain : « Boire mieux, c’est boire un peu moins. On constate un changement dans la consommation. Vous allez plutôt vous offrir une bière premium, payer un peu plus pour boire une super bière ! », se réjouit-il.

Les bières spécialisées : un marché de niche plein d’avenir
    Si les bières premium arrivent à compenser le désintérêt des Français pour cet alcool, les bières spécialisées (bières d’abbaye, de saison, etc.) se frayent elles aussi un chemin au détriment des bières classiques. Ce secteur « avoisine les 8-9 % du marché total », estime Marc Busain, avant d’ajouter qu’il « connaît une croissance annuelle de près de 10 % ». Heineken France, sentant le bon filon, a donc décidé de multiplier son « budget par 10 » dans le secteur. Et les petits brasseurs aussi sont concernés pas cette transformation du marché. Afin de se démarquer des bières dites « de soif », ils pratiquent un retour aux terroirs. Aujourd’hui, « la multiplication des microbrasseurs en France permet de diversifier l’offre », explique Pascal Chevremont, délégué général de l’association des Brasseurs de France. Pourtant la production des microbrasseries reste anecdotique dans un marché de masse : « Sur 20 millions d’hectolitres consommés chaque année en France, les microbrasseries n’en représentent que quelques milliers », concède Pascal Chevremont. « Mais dans un marché globalement en baisse, ce segment arrive à se maintenir », s’empresse-t-il d’ajouter. Aujourd’hui, les producteurs de bières continuent de rechercher de nouvelles voies d’expansion et de valorisation. La dernière en date : la bière pression directement chez le particulier. Sur les cinq dernières années, ce système a été multiplié par 7. De quoi offrir de belles perspectives à ce secteur en pleine révolution.

Les plus lus

Dirigeants des BRICS+ réunis à Kazan, en Russie
BRICS+ : pourquoi une nouvelle bourse de céréales est proposée par la Russie à ses partenaires ?

Les pays des BRICS+ (regroupant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, l'Iran, l'Égypte, l'Éthiopie et les…

<em class="placeholder">Epandage de solution azotée dans une parcelle de blé tendre au stade début montaison.</em>
Pourquoi les prix des engrais risquent de flamber à l’horizon 2026

La mise en place d’une taxe sur les émissions de carbone des engrais importés dans l’Union européenne devrait renchérir le…

La production française de tournesol 2024 attendue à 1,7 Mt par Agreste

Agreste a publié, le 15 octobre ses dernières estimations de production française pour 2024 en termes de céréales et d'…

Tournesol 2024 : une production française autour de 1,5 million de tonnes ?

Françoise Labalette, directrice adjointe de Terres Univia, tempère le catastrophisme ambiant, rappelant que, si l’année 2024…

Un palmier à huile
Prix des huiles végétales : quelle tendance pour les prochains mois ?

Les prix des huiles de palme, de soja, de tournesol et de colza ont nettement renchéri ces dernières semaines, dans un…

<em class="placeholder">champ de blé au Minas Gerais, au Brésil</em>
Le blé sud-américain relève le défi du changement climatique

La disponibilité en eau, le renouvellement variétal et le non-labour sont les atouts dont disposent le Brésil et l’Argentine,…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne