Aller au contenu principal

Pain - Comment le changement climatique pourrait influer sur les farines ?

La capacité des meuniers à s’adapter aux difficultés du changement climatique sera mise à l’épreuve, indique Catherine Ravel, ingénieure de recherche au sein de l’Inrae de Clermont-Ferrand. 

Catherine Grand Ravel, ingénieure de recherche au sein de l’Inrae de Clermont-Ferrand
© Inrae

Le changement climatique affecte les volumes de blé produit et leur qualité. « Le changement climatique va changer la qualité des farines, en modifiant soit la concentration, soit la composition des protéines », explique Catherine Ravel, ingénieure de recherche au sein de l’Inrae de Clermont-Ferrand. Qui dit changement de la qualité de la farine, dit plus de travail pour les meuniers et les boulangers, ajoute l’experte. 

La scientifique de l’Inrae a présenté, lors des JTIC les 23 et 24 novembre à Tours, une série d’études analysant les effets de la hausse des températures et de la concentration en CO2 atmosphérique sur la qualité des blés et de la farine qui en est issue. Il en ressort qu’un accroissement des températures, cumulé à une hausse de la concentration en CO2 atmosphérique, génère une baisse de la teneur en protéines de réserve des blés, incluant les gluténines et les gliadines. Les premières servent à renforcer l’élasticité et la ténacité des pâtes, les secondes augmentent leur viscosité et leur souplesse. 

Davantage de trous dans les pâtes 

Si l’on isole chaque facteur, la hausse de CO2 atmosphérique va diminuer la concentration de gliadines dans le blé, ce qui donnera une pâte plus tenace et une mie de pain moins volumineuse. La hausse des températures augmentera la production de gliadines mais réduira en proportion celle de gluténines, abaissant la résistance de la pâte, « ce qui donnera plus de trous », détaille Catherine Ravel.

Conséquence : le changement climatique risque de modifier la composition des farines en protéines de réserve conduisant à des changements des caractéristiques de la pâte (pâte moins élastique, moins tenace et moins souple…) puis du pain (mie de pain plus ou moins volumineuse). Toutefois, « les meuniers et les boulangers savent s’adapter. Les meuniers peuvent faire des mélanges pour corriger les défauts de la farine d’une variété donnée en ajoutant du blé de force riche en protéines, et les boulangers peuvent également travailler différemment », rassure Catherine Ravel, afin que la qualité des pains soit préservée. Au prix d’une augmentation des coûts néanmoins, en fonction de celle des matières premières et du surplus de travail.     

 L’effet transgénérationnel, une piste à explorer ? 

Encore à l’étude, un effet transgénérationnel, ou effet mémoire, pourrait aider les plantes à mieux résister à des événements adverses, explique Catherine Ravel, ingénieure de recherche à l’Inrae. Il semble que des plantes soumises à un certain stress, par exemple thermique, soient capables de mieux le tolérer la deuxième fois. Des recherches sont développées pour savoir si cet effet peut être transmis, et comment. « Mais ce phénomène est loin d’être confirmé. Le peu d’études réalisées donne des résultats très divergents, et concerne surtout les rendements. Pour la qualité, cet effet est encore loin d’avoir été démontré. » 

 

Les plus lus

Moisson 2024 - Première prévision de rendement de blé tendre par Arvalis et Intercéréales

La campagne culturale 2023-2024 (campagne commerciale 2024-2025) française s'est avérée exceptionnellement pluvieuse,…

Moisson 2024 : la récolte de blé tendre attendue sous les 30 Mt pour la troisième fois en vingt ans

Les services statistiques du ministère de l'Agriculture (Agreste) tablent sur une production française 2024 d'orge à 1,29 Mt,…

Panel de la table ronde de la convention de l'ANMF - Etienne Maillard, Martin Bindenwald, Francesco Vacondio, Pierre Garcia Bencque et Guy De Mol
Les marges de la meunerie peinent à se rétablir en 2023

La meunerie française avait déjà subi deux années de marges faibles en 2021 et 2022. En 2023, la situation reste préoccupante…

Moisson 2024 : le rendement en blé tendre français serait-il surévalué par la Commission européenne ?

L’observatoire des cultures européennes, Mars, alerte sur l’excès d’eau en Europe de l’Ouest qui joue sur les rendements et…

Moisson 2024 : le point sur la qualité et les rendements en blé tendre et orge par région

Les diverses sources privées contactées par la rédaction de La Dépêche Le petit meunier rapportent en blé tendre et en orge,…

Récolte de blé tendre particulièrement précoce, avec du blé Cesario
Moisson 2024 - La faible récolte céréalière française se traduit par un recul prévisionnel des exportations en 2024-2025

Pour FranceAgriMer, le niveau de la récolte de blé tel que publié par Agreste à 29,7 Mt est surestimé par rapport aux attentes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 352€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne