Conférence céréale du CIC
La meunerie suit de près la réforme de la finance
Les meuniers français et italiens ont exposé au CIC leurs attentes pour réduire la volatilité

L’ASSOCIATION NATIONALE de la Meunerie Française (ANMF) attend beaucoup de l’arrivée de la directive MiFID (Market Financial Instruments Directive), qui a déjà pris du retard. En effet, l’extrême volatilité observée sur les marchés des matières premières durant la période 2006/2008 et la crise financière de 2008 ont débouché sur la décision, lors de la réunion du G20 tenue les 24 et 25 septembre 2009, que ses Etats membres appliquent un cadre permettant de réguler les marchés financiers. Et en particulier les produits dérivés liés aux matières premières. Tenant une tribune lors de la journée de conférence du Conseil international des céréales le 8 juin à Londres, le président délégué de l’ANMF, Bernard Valluis, a rappelé les attentes des meuniers hexagonaux pour limiter au maximum la volatilité des matières premières agricoles, et notamment du blé tendre.
Transparence, intégrité et stockage sont les clés de la régulation pour l’ANMF
« Des outils de formation de prix et de couverture de risque efficaces » ; « des prix de marché et une volatilité reliés aux éléments fondamentaux » ; « écarter les risques des contreparties » ; et « des règles spécifiques adaptées aux contraintes propres aux matières premières agricoles ». Telles sont les attentes défendues par l’ANMF à Londres. Pour Bernard Valluis, les défis auxquels devra répondre la directive sur les marchés financiers seront nombreux. Réguler le marché d’abord, en assurant la transparence avec une publication hebdomadaire des positions ouvertes par catégorie (à l’image des Etats-Unis), l’intégrité des opérateurs avec une limitation des positions, et la limitation de la volatilité par des limites imposées. Une plus grande transparence sur les options et les produits dérivés est également souhaitée par l’ANMF, ainsi qu’un contrôle des limites de positions. Par ailleurs, les opérateurs de la filière du commerce des grains pourraient se voir obligés de déclarer leurs activités, « une contrainte sur laquelle les avis divergent au sein de la profession », selon Bernard Valluis. Pour clore son intervention, ce dernier est revenu sur l’intérêt d’un stock de réserve : « Il serait peut-être temps de se pencher sur un système moderne assuré par les entreprises privées pour faire face au déséquilibre trop important entre l’offre et la demande » a-t-il conclu.
La meunerie italienne réclame plus de fluidité sur le marché du blé dur
Pour Umberto Sacco, président d’ItalMopa (association de la meunerie et de la semoulerie italienne) également présent à Londres, « le problème de la volatilité sur le marché du blé dur est surtout lié au manque de fluidité du marché italien. » « Le déséquilibre entre la production italienne et les besoins est trop important. » Et ce phénomène serait amené à s’accroître dans les années à venir, selon Umberto Sacco. « Il ne faut pas chercher à faire disparaître la volatilité, par contre il faut tenter de la limiter », explique Piero Luigi Pianu, directeur d’ItalMopa. « La hausse des prix n’est pas un problème en soi. L’idée est d’assurer une meilleure fluidité au marché », précise-t-il. Umberto Sacco avance plusieurs idées pour réduire ce manque de fluidité et donc la volatilité. Le développement de la contractualisation entre agriculteurs et industriels est la principale piste à développer selon les représentants d’ItalMopa. La constitution de stocks privés pourrait également faire partie de la solution, en permettant de mieux gérer l’équilibre entre l’offre et la demande pour limiter la volatilité. Enfin, « la création d’un marché à terme du blé dur serait un élément positif » pour modérer la volatilité, selon M. Sacco. La bourse italienne travaille depuis environ six mois sur ce projet, et vérifie actuellement si les conditions de fonctionnement sont réunies.