La Fnab désire une revalorisation du “produire mieux“
Les agriculteurs biologiques, très préoccupés par le devenir de leurs aides, se sont réunis en assemblée générale le mardi 5 avril à Paris. Deux économistes y ont livré leur point de vue.
Dans de nombreuses régions les enveloppes d'aides dédiées à la production biologique ne semblent pas suffire à couvrir les besoins pour rémunérer les producteurs convertis et ceux en conversion. « L'État a sous estimé le nombre de conversion », dénonce Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab. De plus, de nombreuses régions n'ont pas accepté la fongibilité des enveloppes entre MAEC* et aides biologiques. Jean-Christophe Bureau, professeur à AgroParisTech préconise la réorientation des outils et de la politique agricole. « L'argent public pourrait être utilisé comme levier au changement », ajoute-t-il. Romain Ferrari, membre de la fondation 2019, est revenu sur le principe des externalités négatives liées aux activités agricoles. Elles servent, selon lui, à légitimer les ventes à pertes puisque le prix de vente final des produits et services sont systématiquement inférieures aux coûts de production, externalités comprises. En France, elles sont estimées à 7 M€, alors que le CA du secteur est de 25 M€.
Moins d'externalités pour plus de transparence
« C'est la spirale du moins cher, mais qui finit par coûter cher. Actuellement l'argent public est utilisé à contrer les externalités négatives. Par exemple, la dépollution de l'eau coûte 50 Md€/ an en France. Cet argent pourrait être transféré aux producteurs qui ont choisi de produire mieux », suggère-t-il. De plus, les offres de produits et services responsables, en apparence souvent plus coûteuses que le prix du marché, souffrent de concurrence déloyale. Une option particulièrement adaptée pour redonner un avantage à l'agriculture biologique : la TVA circulaire. « Avec ce système, le prix du produit est clair et incitatif, l'offre responsable n'est donc plus davantage onéreuse et la dépense fiscale est compensée par une diminution des dépenses publiques », constate Romain Ferrari. Il faut pour cela, quantifier les externalisations liées aux parties prenantes responsables de la production d'un produit et candidater à une demande de TVA réduite. Après avoir reçu cette dernière sous conditions et limitée dans le temps, chaque secteur bénéficiaire reverra périodiquement les effets économiques et environnementaux induits.
* Mesures agri-environnementales et climatiques