La filière viande, de l’éleveur à la GMS, s’engage à considérer la volatilité des prix
L’accord prévoit la réouverture des négociations entre les opérateurs si l’aliment du bétail explose mais n’oblige pas à en tenir compte.

ILS ONT SIGNE. Après plusieurs mois de tractations, les filières, de l’élevage à la distribution, ont signé un accord les engageant à « prendre en compte les variations excessives des prix de l’alimentation animale dans les négociations commerciales », selon le document signé par les parties* à l’engagement. Par cet accord et sous certaines conditions, les négociations commerciales pourront être réouvertes et éventuellement permettre une évolution des prix de vente dans chaque maillon de la filière, de l’éleveur jusqu’au distributeur, à la hausse mais aussi à la baisse. Réunis dans les salons du ministère de l’Agriculture le mardi 3 mai, les parties prenantes au dossier ont tous signé l’accord, à l’exception de la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs.
Deux indicateurs pour réouvrir les négociations
Pour l’heure, seules les viandes porcines, bovines et les volailles sont concernées par cet accord qui s’étend à tous les stades de commercialisation des filières. « Il faut commencer par les produits les plus faciles à traiter comme les productions animales. Sur d’autres produits, ce serait idéal mais il est encore trop tôt pour le dire », a déclaré Bruno Le Maire suite à la signature de l’accord. Selon le premier article, « les parties signataires s’engagent à tout mettre en œuvre, (...), pour que leurs entreprises ouvrent des négociations sur les conditions de vente en cas de fortes variations des cours de l’alimentation » animale. Pour cela, deux conditions doivent être « simultanément réunies », d’après le texte. D’un côté, « une forte variation des prix de l’alimentation animale », par le franchissement pendant trois mois consécutifs d’un pallier de 10 % de l’Ipampa pour les bovins et les porcins ou l’Itavi pour les volailles, par rapport au même mois de l’année précédente. De l’autre, « une évolution excessive de la part du coût de l’alimentation dans le prix du produit au stade de la production », identifiée par une variation du rapport des indices des prix (Ippi pour les volailles, Ippap pour les bovins-porcs) et des prix de l’alimentation animale (Ipampa pour les bovins-porcs et Itavi pour les volailles) se situant au delà ou en deça de 10 % (20 % pour les porcs) de la référence base 100 en 2005 pour les porcs-bovins ou en moyenne glissante 2006-2010 pour les volailles.
Un engagement sans véritable contrainte
Si cet accord permet l’accès à de nouvelles négociations aux éleveurs et aux autres maillons de la chaîne, il ne garantit en rien leur évolution et donc une réévaluation favorable du prix de vente pour l'amont de la filière. Cette « absence d’automaticité », comme l’a reconnu Xavier Beulin, président de la FNSEA, a été vivement critiqué par les syndicats agricoles minoritaires. La Coordination rurale évoque un simple « gentleman agreement » tandis que la Confédération paysanne parle d’une « opération de communication ». Pour l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), « il s’agit d’un aveu d’échec du gouvernement dans l’application de la Loi de modernisation de l’économie ». C’est finalement la grande distribution qui semble la moins critique vis-à-vis de cet engagement. Car si rien ne l’oblige à revoir ses prix d’achat à la hausse, elle pourra inviter à renégocier les prix à la baisse si les prix de l’alimentation du bétail venaient à reculer fortement. « Ce texte répond à une demande des agriculteurs et autorise de nouveaux points de négociations. Mais attention, l’ouverture des négociations fonctionne dans les deux sens, à la hausse comme à la baisse », relevait Michel Edouard Leclerc, peu après la signature.
(*) : FNSEA, JA, CFA, FNB, FNP, FNICGV, SNIV, SNCP, FIA, Coop de France, CFCI, FCD, Société civile Mousquetaires, E. Leclerc