Marchés à terme
La FAO plaide pour la transparence
L’organisation des Nations unies confirme qu’un encadrement des marchés serait contre-productif
La FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) souligne, dans une note publiée fin juin, que la flambée mondiale des prix alimentaires, il y a deux ans, « pourrait avoir été amplifiée par la spéculation sur les marchés à terme organisés. » Néanmoins, ajoute-t-elle, « la limitation – ou l’interdiction – des transactions spéculatives pourrait faire plus de mal que de bien. » Toute limitation pourrait en effet « détourner les spéculateurs des transactions et réduire de ce fait les liquidités des marchés disponibles pour garantir la couverture des risques. »
Un bouclier important pour l’ensemble de la filière
Obligeant la vente ou l’achat d’une certaine quantité de produit à un prix et à une échéance fixés à l’avance, les contrats à terme offrent aux agriculteurs, aux négociants et aux transformateurs un moyen important de se protéger contre les risques de fluctuations de prix. Toutefois, seulement 2 % des contrats à terme aboutissent effectivement à la livraison de la denrée matérielle, car ils sont généralement négociés avant leur date d’expiration. Ainsi, ces contrats, ou obligations, attirent un nombre croissant de spéculateurs financiers et investisseurs, dans la mesure où ils offrent une rentabilité attrayante par rapport aux actions et aux obligations.
Environ 25 à 35 % des contrats détenus par de grands fonds
Les grands fonds spécialisés dans les contrats sur marchandises détiennent désormais environ 25 à 35 % de tous les contrats à terme agricoles, et sont devenus, comme le rappelle la FAO, une source importante de liquidités pour le marché. Cette dernière confirme qu’en cas d’envolée des prix, les mécanismes d’intervention sur les marchés à terme pourraient détourner les spéculateurs des négociations et réduire les liquidités disponibles pour garantir la couverture des risques. En conséquence, affirme la FAO, « les propositions de création d’un fonds international d’intervention face aux hausses de prix pourraient donc ne pas être la meilleure solution. Qui plus est, un fonds de ce genre exigerait des ressources exorbitantes pour lutter efficacement contre la spéculation. »
Améliorer la confiance, donc la transparence
Au lieu de cela, poursuit la FAO, des mesures de régulation devraient viser essentiellement à améliorer la confiance dans le bon fonctionnement du marché, notamment en renforçant la transparence et la quantité d’informations disponibles sur les négociations à terme, ou en enquêtant de près sur les comportements suspects des opérateurs, comme le fait déjà l’organe de tutelle du marché des Etats-Unis. « Les contrats à terme sur marchandises font désormais partie intégrante des marchés alimentaires, et ils jouent un rôle important pour de nombreux opérateurs. Une réglementation adéquate devrait permettre d’améliorer, et non pas d’interdire, la spéculation afin de favoriser les performances du marché », conclut la note de la FAO.