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La CGB veut négocier collectivement la répartition des prix du sucre

L'après-quotas était le principal sujet de l'assemblée générale de la CGB, le . En plein bras de fer avec les industriels, les planteurs souhaitent aboutir à des accords interprofessionnels d'ici juillet 2016.

Depuis quelque temps, la betterave est au cœur des négociations entre, d'un côté, les planteurs et, de l'autre, les industriels. L'arrêt des quotas en 2017 laisse de nombreuses questions en suspens, et la CGB souhaite clarifier les accords, avec tous les acteurs de la filière betteravière. Le syndicat des planteurs veut entériner la répartition du prix du sucre sur la base de 56 % pour l'industriel et 44 % pour les planteurs. À ce sujet, Tereos et Cristal Union ont exprimé des réserves. « Nous sommes prêts à négocier des accords interprofessionnels qui laissent de la latitude à nos entreprises. Nos conseils d'administration sont déjà transparents. Nous n'avons qu'un seul but : avoir le meilleur prix pour les planteurs et pour garantir le rendement de l'outil industriel », a déclaré Olivier de Bohan, président de Cristal Union. Ce à quoi, le président de la CGB, Éric Lainé, applaudi par les planteurs, a assuré rester sur ses positions. « Avoir des règles précises ne gêne ni les industriels, ni la compétitivité de la filière, sauf à vouloir tout foutre en l'air. La CGB ne passera pas là-dessus et mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord. Plus l'accord interprofessionnel et le contrat-type couvriront de sujets, moins il y aura d'aléas dans la recette betteravière et plus l'approvisionnement des usines sera sécurisé. D'autant plus que ce que nous demandons n'est rien d'autre que ce que nous pratiquons depuis dix ans. »

La betterave participe à la réduction des GES

Au cours des vingt dernières années, la betterave a augmenté de 40 % ses rendements en divisant par deux la quantité d'engrais azotés, avec 70 % de potasse et de phosphate en moins, et 30 % d'apport de produits phytosanitaires en moins. Dorénavant, 90 % des surfaces sont couvertes pendant l'hiver. Pour Éric Lainé, « la betterave est une pompe à carbone qui se transforme en réserve à carbone lorsqu'elle sert à produire du bioéthanol. Utilisé dans les transports, il réduit de 66 % les émissions de CO2. » Pour Pierre Radanne, président de l'association 4D, « le bioéthanol est le carburant le plus noble après le pétrole, il faut donc le consacrer pour des moyens de transports où il n'y a pas d'alternative ».

La CGB ne veut qu'entériner les pratiques actuelles

Selon Serge Lhermitte, délégué ministériel aux Entreprises agroalimentaires, « des efforts sont à poursuivre, puisqu'à performance constante, les marges risquent de se réduire en 2017. Il faut maximiser les relations avec chaque maillon de la chaîne de production et opter pour une dynamique collective afin d'avoir un constat partagé ». Pour Elisabeth Lacoste, directrice de la Confédération internationale des betteraviers européens (Cibe), « afin de sécuriser les négociations entre planteurs, il faut maintenir une négociation collective. Or, ce cadre professionnel n'a pas été interprété de la même manière au sein de la Commission européenne entre la direction générale de la Concurrence et la direction générale de l'Agriculture ». Après de longues négociations, la direction générale juridique a tranché en faveur de la direction générale de l'Agriculture. « La DG juridique doit préciser dans un acte juridique le champ de cette négociation collective », explique Éric Lainé. Cependant, Catherine Ges-lain-Lanéelle, directrice générale de la Performance économique et environnementale des entreprises, a émis quelques réserves quant à la validation de l'autorisation de négociation collective. « Il est peu probable que l'acte vienne autoriser la négociation collective », ajoute-t-elle.

Risques et opportunités

Avec la libéralisation et l'ouverture aux marchés mondiaux, Gilles Bollé, président de la commission économique de la CGB, estime que « se baser sur le prix du sucre indiqué sur le marché à terme de Londres reste la solution de commercialisation la plus adaptée à l'exportation ».

Éric Lainé: « Je n'imagine pas la négociation des prix entre chaque entreprise et chacun des 26.000 planteurs »

La fin des quotas rime avec concurrence. « Ce changement présente des risques et des opportunités. Par conséquent, la betterave devra gagner des parts de marché. La production française sera concurrencée par d'autres cultures dans les rotations, par d'autres produits finaux (alimentaire ou non alimentaire) ou par d'autres destinations (importations, exportations sur l'UE ou les pays tiers). Avec cette concurrence plus accrue, les acteurs de la filière auront davantage de liberté », explique le rédacteur du rapport sur les “Perspectives du secteur sucrier français après la fin des quotas”, remis à Stéphane Le Foll en septembre dernier. Il s'est appuyé sur les atouts que possède la France pour rester le premier producteur de betteraves au monde. « Avec ce rapport, nous sommes tous d'accord à 95 % et nous espérons que les 5 % de réserves ne soient pas complètement différents pour tous les acteurs de la filière », déclare Éric Lainé.

Une filière davantage compétitive

Le président de la CGB a rappelé la nécessité d'être davantage compétitif. « Nous nous employons côté betteraves à réduire les coûts de production avec le programme Aker lancé en 2012, qui se déroule au mieux. Nous devons également contribuer à la compétitivité des usines et nous sommes prêts à le faire, mais pas dans n'importe quelles conditions économiques. » Pour Catherine Geslain-Lanéelle, « l'État se doit d'accompagner les producteurs de betteraves pour l'échéance 2017 en les éclairant sur le plan technique et économique. Il doit également soutenir et défendre la filière française aux niveaux européen et international, avec des positions fortes et engageantes », insiste-t-elle.

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