Dossier "Protéine en nutrition animale"
Insectes dans l'aliment : reste à passer à la phase industrielle
La production européenne de farine d’insecte (2 000 t en 2018) pourrait passer le cap des 190 000 t en 2020. Les producteurs visent à dépasser le million de tonnes cinq ans après, avec l’élargissement des autorisations et investissements.
La production européenne de farine d’insecte (2 000 t en 2018) pourrait passer le cap des 190 000 t en 2020. Les producteurs visent à dépasser le million de tonnes cinq ans après, avec l’élargissement des autorisations et investissements.
La France est particulièrement à la pointe dans la production et la recherche sur les insectes avec treize adhérents à l’Ipiff, l’association des producteurs européens : Ÿnsect, Micronutris, Jimini’s, NextProtein, EntomoFarm, NextAlimn, Mutatec, InnovaFeed, Alim’Ento, Protifly, Entomojo, Les Fruits de la Terre et Invers. Plusieurs ont annoncé le passage à la dimension industrielle. C’est le cas d’InnovaFeed qui, en partenariat avec Tereos, va construire à Nesle (Somme) une unité de 10 000 t de capacité avec un approvisionnement direct de l’amidonnerie, pour nourrir ses mouches soldats. C’est aussi le cas de Ÿnsect qui démarre la construction d’une usine à Amiens, également dans la Somme, d’une capacité de 20 000t pour ses ténébrions (cf. La Dépêche-Le Petit Meunier du 25 septembre 2018).
Derrière la France, les Pays-Bas, dont les consommateurs semblent moins réticents à avaler des insectes, investissent aussi dans le domaine avec Protix, Proti-Farm, Koppert, Amusca, Entogourmet. Mais l’Allemagne les suit de près (Hermetia, Snack Insects, Plumento Food, Illucens, SensFood). Plusieurs autres pays de l’UE ont un ou deux producteurs (Espagne, Irlande, Royaume-Uni, Belgique, Pologne, Lituanie, Hongrie, Bulgarie, Croatie) ou des centres de recherche très impliqués (Danemark, Italie). Sans oublier la Suisse avec Entomos, Esento, BITS, Rethink Resource.
Pour l’ensemble de ces acteurs, l’une des questions reste la réglementation : ils attendent l’ouverture du marché des monogastriques, mais ne pourront le satisfaire qu’en réduisant les prix. Justin Sherrard, analyste stratégique à la Rabobank, estime que si le prix des moins chères des protéines d’insectes est encore le double de celui des farines de poisson, la différence pourrait être comblée par la réussite de l’industrialisation.
La nouvelle industrie attend également des avancées en matière de nutrition des insectes pour avoir accès aux ressources des déchets alimentaires. Ce qui pourrait aussi (à confirmer), réduire les coûts de production mais n’est pas attendu avant, au moins, 2020.