Organismes génétiquement modifiés
Hors Grenelle, le lobbying se poursuit
Pro et anti-OGM poursuivent leur affrontement par lettres et interviews interposées afin d’influencer les Politiques d’ici la fin des débats
COUP POUR COUP. Alors que la première phase de négociations du Grenelle de l’Environnement s’est achevée avec la présentation des travaux de chaque groupe ou intergroupe, les partisans des OGM ne désarment pas et en appellent au président de la République, brandissant l’argument de la peur. Les syndicats minoritaires et les défenseurs de l’environnement n’ont pas manqué l’occasion de se faire entendre également des pouvoirs publics.
Orama et Coop de France en appellent au président de la République
Après avoir déserté l’intergroupe dédié aux OGM du Grenelle de l’Environnement, les défenseurs des organismes génétiquement modifiés ont écrit une lettre à Nicolas Sarkozy intitulée : « Ne cédez pas aux marchands de peur ! ». Selon les syndicats de producteurs de grandes cultures, « les OGM ne représentent pas de risques pour la santé humaine, au contraire, ils améliorent la qualité et la sûreté des aliments,(…), et sont aussi un progrès pour l’environnement ». Ils demandent au président de la République de s’opposer à « tout gel sur les OGM » qui « conduirait inéluctablement notre agriculture à l’isolement puis à une dépendance technologique et alimentaire des agriculteurs et des consommateurs français ». Lors d’une conférence de presse organisée devant l’Assemblée nationale mercredi 3 octobre, Philippe Pinta, président de l’Association générale des producteurs de blé, a réaffirmé sa volonté de répondre au défi alimentaire : « sur les 20 prochaines années, il faut trouver 30 millions de tonnes de grains supplémentaires par an ». Accompagné de Philippe Mangin (Coop de France), Pierre Pagesse (Limagrain), Christian Pèes (Euralis) et Michel Fosseprez (In Vivo), Philippe Pinta a mis en avant la nécessité d’utiliser des produits phytosanitaires et les OGM afin de produire davantage, tout en respectant la qualité sanitaire des productions et l’environnement. Les défenseurs des OGM entendent toujours compter dans les débats du Grenelle de l’Environnement, entrés dans une phase de consultation régionale. Ils portent leurs espoirs sur l’appui de certains députés réunis à l’occasion de cette conférence. On a ainsi pu voir Louis Giscard d’Estaing, François Sauvadet, Michel Raison, Christian Ménard ou encore Jean-Yves le Déhaut aux côtés des personnalités agricoles précitées.
Syndicats minoritaires et Fnab ripostent
« Monsieur le Président, ne cédez pas aux marchands de grains et de semences », a riposté l’Organisation des producteurs de grains, équivalent de l’AGPB à la Coordination rurale. Pour le second syndicat agricole français, « une majorité d’agriculteurs, dont plus de 50 % de céréaliers, ne souhaitent pas cultiver d’OGM ». Pour l’OPG, les OGM n’ont d’intérêt ni économique ni commercial, « la grande majorité des consommateurs les refusant dans leur alimentation et leur environnement ». Le syndicat dénonce aussi l’absence de loi régissant la responsabilité en cas de dissémination et la subsistance de « doutes sur l’innocuité des OGM qu’aucun scientifique n’a vraiment levée ». « Les agriculteurs ne sont pas dupes : ils comprennent tout à fait que les représentants des semenciers, des collecteurs de grains et des fabricants d’aliments souhaitent ardemment le développement des OGM car il y a un conflit d’intérêts financiers au sein de la filière » conclut l’OPG dans sa lettre. Pour la Confédération paysanne, les propositions issues de la première phase de négociations du Grenelle « ne laissent qu’une voie possible : un moratoire sur les productions OGM en plein champ qui permette de préparer sereinement et intelligemment une loi qui reconnaisse aux paysans et aux consommateurs le droit de produire et consommer sans OGM. »
De son côté la Fédération nationale de l’agriculture biologique, regrette que le principe de libre choix de produire et de consommer avec ou sans OGM ait été présenté comme un consensus. « Le seul consensus acquis lors des réunions résidait dans le droit de produire et de consommer sans OGM, certainement pas avec ou sans comme il a été dit », a déclaré Vincent Perrot à La Dépêche-Le Petit Meunier.