Politique
Hollande rassure le monde agricole au Space
Après avoir arpenté les allées du Space pendant près de 4 h, le président de la République a tenu son premier grand discours agricole. François Hollande s’est montré rassurant pour les syndicats majoritaires, et a présenté une vision de l’agriculture proche de celle de son prédécesseur.
Offrir aux agriculteurs les moyens de se protéger de la volatilité
« L’élevage connaît des difficultés qui ne sont plus que conjoncturelles mais aussi structurelles, et qui appellent donc des réponses à la fois rapides et durables », a lancé François Hollande dès le début de son discours. Interpellé par l’assistance à plusieurs reprises sur la hausse des prix des matières premières, il a répondu que « l’état doit offrir aux agriculteurs les moyens de se protéger de la volatilité ». Par ailleurs, s’il a salué la création du fonds de solidarité de l’AGPB et l’AGPM, il a assuré que l’État se montrerait lui aussi solidaire des filières animales. Dans ce sens, le plan d’action présenté par Stéphane Le Foll en Conseil des ministres prévoit « l’échelonnement de cotisations sociales et un accompagnement bancaire individuel pour les éleveurs qui connaissent des difficultés ». « Nous aurons aussi à activer les mécanismes de négociations commerciales, notamment les accords de mai 2011 », a assuré François Hollande. Une table ronde sera organisée pour « fédérer tous les acteurs ». à plus long terme, le président a marqué son soutien à la contractualisation et à « une organisation collective des producteurs pour que la marge soit mieux répartie entre les acteurs de la filière ». Il souhaite aussi « mobiliser la fiscalité pour lisser les variations de revenu en place » au travers d’un « dispositif permettant aux agriculteurs de se protéger davantage par rapport aux risques » que le système actuel (DPA et DPI). Enfin, François Hollande a promis une réforme du financement de la protection sociale. « Nous devons aller chercher d’autres contributions que le travail. »
La vision de l’agriculture française de François Hollande s’inscrit dans la continuité du précédent gouvernement. « Ma première priorité est de faire du secteur agricole et agroalimentaire un moteur de croissance et un atout du redressement productif. Pour nourrir le monde, toutes les agricultures doivent être mobilisées. Moins exposée que d’autres aux risques climatiques, notre agriculture a donc un rôle majeur à jouer dans la fourniture des denrées agricoles et dans l’équilibre des marchés mondiaux », a-t-il déclaré. La régulation des marchés agricoles passera par la surveillance des outils de l’Union européenne. François Hollande a ainsi demandé au ministre de l’Agriculture de « veiller au maintien des instruments de maîtrise de l’offre dans les secteurs » où ils existent et de proposer de « remettre en œuvre les politiques de gestion de marché et de gestion de crise ». L’occasion d’affirmer que « l’agriculture ne peut pas être abandonnée aux règles du marché ». À l’échelle mondiale, François Hollande milite pour des réserves alimentaires d’urgence. Il rencontrera, la semaine prochaine, le directeur de la FAO pour « une initiative conjointe » en ce sens. Enfin, il s’est positionné pour un renforcement de « la transparence des transactions et des opérateurs sur les marchés financiers », de « la surveillance des positions », et de « la capacité d’intervention des régulateurs ».