G20 agricole : la présidence française tente de faire adopter l'intégralité des 5 points de son plan d'action
À quelques heures de la réunion de clôture du G20 agricole, jeudi 23 juin, la présidence française tentait de trouver un consensus sur les cinq points de son plan d'action pour lutter contre la volatilité des produits agricoles. Ces cinq volets suscitent chacun certaines réticences auprès de pays différents pour des raisons différentes. Un équilibre est à trouver entre des mesures générales de fond s'appliquant à tous et un respect de la gouvernance de chaque pays, estimait-on auprès de la présidence française. Or, ce sera un accord sur tous les points sans exclusive ou ce ne sera pas un accord, avait déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l'agriculture français lors de la conférence G120 organisée par la FNSEA la semaine précédente. Tout en admettant que plus o n approche de la conclusion et plus les discussions se tendent.
Les cinq points clés qui sont liés l'un à l'autre, selon la présidence, sont les suivants :
1. Transparence accrue des statistiques et informations
C'est la procédure dite AMIS (Agriculture Market Information System). Elle suscite des réticences de la Chine qui veut avoir des garanties pour pouvoir mener à bonne fin cette procédure de transparence des statistiques ; plus directement, la Chine semble peu désireuse de s'engager sur la vérité de ses statistiques agricoles.
2. Investissement pour le développement de la production agricole durable
L'argent public ne suffisant pas, il faut associer l'argent privé. Mais à quelles conditions et à quels niveaux associer les grandes entreprises aux décisions d'investissement dans l'agriculture. Certains dispositifs devront les inclure, d'autres non. Certains interrogent : l'agriculture « durable », dans ses modalités précises, correspondra-t-elle à celle prônée par les grandes entreprises ?
3. Coordination des initiatives publiques
C'est le « Forum de réaction rapide » qu'en principe la Russie soutient. Mais elle n'a pas encore dit OK à l'engagement de ne toucher à ses frontières (par exemple embargo sur ses exportations) que sous condition. Plusieurs pays considèrent que tout changement sur le régime du commerce extérieur ne doit relever que de l'OMC (États-Unis notamment). L'Australie estime que cette coordination peut se faire sans créations de nouvelle structure.
4. Mise en œuvre de mesures d'urgence
Mise en place d'une « boîte à outils » d'urgence en cas de besoin, dont des stocks régionaux, des prêts contracycliques, des garanties d'accès au crédit. Ce qu'on appelle les « stocks prépositionnés » ne fait pas l'unanimité. Ils susciteraient la réticence des États-Unis qui y voient une tentative de constitution de stocks mondiaux à des fins de régulation.
5. Régulation des marchés dérivés
Certains pays ont déjà avancé là-dessus comme les États-Unis, le Brésil et pourraient être réticents à aller plus loin.
Les réticences pourraient aussi venir de l'Europe qui n'a pas trouvé de consensus pour réguler les marchés financiers bien que la Commission ait fait des propositions. La Grande Bretagne est en effet opposée à ce type de mesure.
La régulation des produits dérivés qui était un des points prioritaires il y a quelques mois ne semble plus l'être. La synthèse (« draft ») qui circulait la semaine précédant le G20 ne l'abordait qu'en des termes généraux. Le G20 agricole pourrait renvoyer là dessus aux ministres des finances en demandant qu'il y ait des efforts faits pour la régulation des marchés dérivés de l'agriculture. Mais sans édicter des orientations par lui-même.