Perspectives 2050
Etudes prospectives : à prendre avec précaution
Selon Agreste, les prévisions à long termes varient fortement selon les méthodologies

Parmi les études retenues dans ces prévisions comparatives deux types de scénarios opposés s’affrontent. Les premiers, de « nature tendancielle relativement optimistes », comme celui de la FAO par exemple, supposent une production agricole en forte progression d’ici 2050. Cette évolution serait principalement insufflée par une augmentation de la consommation de la viande comprise entre 82 % et 151%. Parallèlement, les rendements agricoles atteindraient un taux supérieur à 65 % en moyenne, tandis que les surfaces cultivées augmenteraient de moins de 6 %. Mais d’autres études adoptent un scénario de « rupture », avec une augmentation des rendements plus faibles compris entre 7 et 19 %, tandis que les surfaces connaitraient une progression bien plus importante, entre 13 et 23 %. Si la fourchette de rendement à l’horizon 2050 est large selon ces différents rapports (entre 7 et 76 %), les études se rejoignent sur un point : elle reste nettement inférieur à l’augmentation qui a eu lieu entre 1961 et 2009 : +155 %. Selon la FAO, on constate effectivement une stagnation des rendements dans beaucoup de pays producteurs, et l’extension des surfaces cultivées ne se ferait que sur des terres au potentiel moindre. De plus, l’Agriculture consomme déjà 70 % des ressources mondiales en eau douce, ne laissant que peu de marge de progression. D’autant plus que ces ressources tendent à se raréfier. Même avec la prise en compte d’investissements massifs, les différentes projections sont d’accord sur les limites de l’évolution des rendements.
L’impact des biocarburants
En outre, la question des biocarburants, même si elle n’est que peu creusé dans les différents rapports, vient également entamer la production à l’échéance 2050. Selon la FAO, les zones de cultures de biocarburant représenteront 30 à 70 % de l’augmentation des terres cultivés dans 40 ans. Agrimonde l’estime pour sa part au deux tiers. Mais encore plus que sur les rendements, la visibilité sur les biocarburants à long terme est brouillée par un grand nombre d’incertitudes : le glissement du pétrole vers les biocarburants, le maintien des politique de soutien, l’évolution technique de ces biocarburants (première et seconde génération), etc. Si cette étude comparative initié par le centre d’études et de prospectives du ministère de l’Agriculture trahit le manque de fiabilité des exercices de prévisions à long terme, elle est aussi révélatrice d’un réel besoin de changement de consommation, en matière alimentaire (régime carné) comme energétique (biocarburant) du fait d’un plafonnement irrémédiable de la productivité.