Des prix en baisse mais élevés d’ici 2020 selon l’OCDE et la FAO
En marge des réunions du G120, Angel Gurria (OCDE) et Jacques Diouf (FAO) ont présenté les perspectives agricoles sur 2011/2020.

PLUS ÉLEVÉS ET VOLATILS. Voilà l’orientation que devraient observer les prix des produits agricoles de base selon les dernières projections de l’OCDE et de la FAO, publiées dans un document de 200 pages intitulé “Perspectives agricoles 2011/2020”. Pour les deux organisations, les prix des matières premières reculeraient par rapport aux sommets de ces dernières années mais resteraient plus élevés que la moyenne observée sur cette période.
Des prix en progression de 20 % en céréales
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, s’est déclaré « optimiste » quant aux perspectives d’ici 2020. L’OCDE n’attend pas de prix élevés à moyen terme. « Ils devraient baisser », a annoncé Angel Gurria. Malgré tout, par rapport à la décennie 2001/2010, les cours des productions agricoles devraient progresser de 20 % pour les céréales et de 30 % pour les viandes. « Des projections bien en deçà des records de 2007/2008 », précise le communiqué commun de l’OCDE et de la FAO. Le prix du blé (fob blé rouge d’hiver US) resterait ferme dans un premier temps pour se stabiliser autour des 240 $/t au terme des dix prochaines années. En oléagineux en revanche, les prix sont attendus en progression quasi continue jusqu’en 2020, le prix moyen pondéré des huiles oléagineuses (port européen) passant de 445,8 $/t (moyenne 2008/2009) à 475/480 $/t.
Selon le rapport, la hausse de la production d’ici 2020 sera supérieure à celle de la population, « la répartition sera une autre affaire », remarque Angel Gurria. La production mondiale de céréales atteindrait 746 Mt (11 % de plus que pendant la période de référence 2008/2010), celle de céréales secondaires 1.321 Mt (+18 %) et 507 Mt en oléagineux (+30 %),selon le rapport. Cette croissance de la production sera également moins forte qu’au cours de la décennie passée, de l’ordre de 1,7 % par an contre 2,6 % de 2001 à 2010. Par habitant, la hausse passera à 0,7 %. En face, la consommation sera soutenue par une hausse de la demande alimentaire en particulier de viandes, de produits laitiers, d’huiles végétales et de sucre. Enfin, même si les stocks devraient progresser, le ratio stocks/consommation resterait « en dessous des moyennes historiques », selon le rapport.
Investissement rural et transparence
Le rapport prévoit une volatilité toujours élevée pour 2011/2020, favorisée par des stocks demeurant bas, un pétrole volatil, et des conditions météorologiques imprévisibles. « L’instabilité des prix devrait être une constante si on ne met pas en place une politique de régulation », a prévenu Jacques Diouf. « Et la seule façon de changer les choses, c’est de favoriser l’investissement rural où vivent 98 % des personnes souffrant de la faim et où la population devrait s’accroître au cours des prochaines décennies. » « Il faut un système d’information transparent », a-t-il ajouté. « Le manque d’informations entraîne la volatilité qui entraîne à son tour la spéculation », a pour sa part expliqué Angel Gurria. « Nous avons besoin de plus de transparence sur les stocks, les semis, la météo, et les marchés à terme qui donnent des signaux. (...). Et si des pays estiment que l’alimentation est stratégique comme le nombre d’ogives nucléaires, nous continuerons d’avoir des problèmes », a ajouté le président de l’OCDE.
Les biocarburants en forte progression
Les agrocarburants occupent une large place dans le rapport conjoint de l’OCDE et de la FAO, qui souligne nettement leur fort développement à venir. Selon les projections du rapport, d’ici 2020 la production de bioéthanol passerait de 91.657 Ml (moyenne 2008-2010) à 154.962 Ml et celle de biodiesel, de 17.608 Ml à 41.914 Ml. Les échanges exploseraient en bioéthanol passant de 3.792 Ml à 11.012 Ml, alors qu’ils ne progresseraient qu’à 2.737 Ml contre 2.111 Ml actuellement en biodiesel.