Cyclones
Cyclones, hurricanes, ouragans, typhons… Savez-vous que c’est seulement à la fin des années 70 (les seventies pour faire chébran) sous la pression des mouvements féministes américains —qui donnaient de la voix depuis des années— que l’OMM (Organisation météorologique mondiale) consentait à donner également des prénoms masculins à ces phénomènes climatiques dévastateurs ?
A noter qu’au début du XXe siècle, on ne leur conférait pas de prénom, l’habitude de les baptiser n’a été prise qu’au commencement de la seconde guerre mondiale. Une constatation s’impose : les cyclones ont porté et ce pendant longtemps exclusivement des prénoms féminins. On imagine que la misogynie devait alors être souveraine à l’OMM, les météorologues, climatologues et autres experts en force de Coriolis et échelles de Saffir-Simpsons, contrairement au poète, ne pensaient sans doute pas que la femme était l’avenir de l’homme... Depuis les années 80 (les eighties donc) les noms de baptêmes de ces calamités naturelles sont choisis par des comités régionaux placés sous l’égide de cette toute puissante OMM, sorte d’ONU planétaire. Progrès certes, mais peut-on vraiment parler de parité entre féminin et masculin ? Si l’on se réfère à l’actualité et à cette malheureuse côte sud des Etats-Unis, frappée successivement par Katrina puis Rita, on notera qu’en 1969 la Louisiane et le Mississipi subirent la fureur de Camille (prénom féminin pour les uns, masculin pour les autres) ; puis en 1992, ce fut Andrew, masculin sans aucun doute. Mais allez savoir pourquoi, le quidam lambda retiendra de préférence Katrina (parce que Hepburn ?) ou Rita (parce qu’Hayworth ?). Quand à Andrew, sauf pour les groupies de la famille royale british, bien peu s’en souviennent. Sinon bien entendu ceux qui en ont souffert.
Si l’on passe en revue les prénoms donnés aux cyclones depuis le début de ce XXIe siècle, on note Michelle en 2001, Isidore et Lily en 2002, Fabien, Isabel et Juan en 2003, Charley, Frances, Ivan et Jeanne en 2004. Mais la mémoire est sélective, ainsi si l’on en croit les participants à un quiz télévisé, ces derniers avaient surtout retenu Alicia en 1983, Elena et Gloria en 1985, Hugo en 1989, Diana en 1990, Marylin, Roxane, Luis en 1995 et Mitch en 1998. C’est ainsi, on semble se souvenir davantage des prénoms des cyclones que du nombre de victimes et de l’ampleur des destructions, les zones géographiques étant en général toujours les mêmes. Pour en revenir à nos latitudes plus tempérées (bien que d’aucuns s’inquiètent des signes évidents de changements climatiques...), la majorité des Allemands s’attendaient, sur la foi des prévisions des politologues et des instituts de sondages, à ce que la tornade du CDU, prénommée Angela, balayât, avec un vent à décorner les bœufs, son challenger du SPD Gehrard. A tort, on le sait. Au passage, après les résultats du vote, relevons ce très élégant commentaire d’un homme politique français passablement macho : «Merkel poum dans le popotin.» De ce coté-ci du Rhin, en affichant d’ores et déjà leurs ambitions pour le scrutin présidentiel de 2007—jusqu’à présent chasse gardée masculine— à gauche Ségolène (Madame Royal) et à droite MAM (Michèle Alliot-Marie) sont toutes deux dans l’œil du cyclone... politique. Et ce, si l’on en juge aux déclarations de leurs amis respectifs, qui frisent désormais franchement la dépression. Un flip politico-machiste que l’on ne doit pas confondre avec la dépression en météo, qui elle est—on le sait—la diffèrence de pression entre le cyclone et l’anticyclone....