Céréales : exporter plus passe par l'intermodalité
Pour développer leurs exportations céréalières, les chargeurs doivent s'appuyer sur la compétitivité des différents modes logistiques. Des efforts de modernisation sont attendus. C'était le thème du dernier congrès du Négoce Nord-Est(1) .
Passer de 3 Mt à 4 Mt de céréales exportées par an est « parfaitement réalisable » à Dunkerque. Développer le trafic céréalier des ports de la Moselle est l'un des objectifs du 1er port fluvial céréalier français, qui veut dépasser les 4,4 Mt acheminées actuelles. Ainsi, de part et d'autre de la grande région Nord-Est, les deux ports français multiplient les projets qu'ils ont esquissé lors du dernier congrès du Négoce Nord-Est de Reims, placé sur le thème de l'intermodalité. Pour Christian Rose, délégué général de l'Association des utilisateurs de fret (AUTF), « le développement de l'exportation céréalière est étroitement lié à la performance du système de desserte existant autour des ports céréaliers ». Pour lui, il est révolu le temps où on opposait les différents modes logistiques. De son côté, Jacques Kopff, directeur des Ports de Moselle, estime que « l'avenir de la compétitivité de l'intermodalité passe par une compétitivité accrue de chacun des modes », en évitant au maximum les retours à vide. C'est le maillon faible de certains ports, que ce soit Rouen ou Dunkerque ! Quant au port du Havre, « il pêche encore du côté de ses dessertes ferroviaires et terrestres », explique Éloi Flipo de VNF.
Une intermodalité compétitive
Alors, pour accroître ses exportations, le grand Nord-Est n'a pas le choix : il doit parier sur une inter-modalité compétitive combinant transports terrestre, fluvial et ferroviaire. Dunkerque travaille dans ce sens. « Nos débouchés sur l'alimentation animale et sur l'amidonnerie ne se développeront pas. Nous n'avons pas le choix, il faut aller à l'exportation », explique Laurent Bué, président de la Sica Nord-Cé-réales, en marge du congrès. Et la Sica doit aller chercher de plus en plus loin ses céréales pour satisfaire aux exigences qualitatives de ses clients exportateurs. Le port développe ainsi le transport par fer, à ” partir notamment de la Haute Marne. « Selon les périodes, trois trains hebdomadaires assurent également la liaison entre Dunkerque et Metz, depuis quelques mois », rappelle Jacques Kopff dont l'objectif à court terme est d'attirer de « la cale vide » à Metz pour que les céréaliers puissent recharger. Selon lui, mieux vaut que l'Allemagne ne stoppe pas ses importations de charbon. La décision pourrait nuire à la profession céréalière qui serait alors confrontée à des difficultés de chargement par voie d'eau.
Des infrastructures modernes
Mais un multimodal performant passe également par des infrastructures modernes, notamment ferroviaires et fluviales, et par une plus grande massification. Le programme 2016-2019 de SNCF Réseau (54 M€) a prévu d'investir 30 M€ dans le Grand-Est sur son réseau capillaire. Le budget Rénovation de VNF table sur 120 M€/an dans son plan stratégique de 20152020. « Le secteur fluvial est globalement compétitif », explique Éloi Flipo, rappelant que « l'environnement concurrentiel actuel n'est pas forcément favorable aux transports alternatifs ».
(1) Le Négoce Nord-Est regroupe 60 entreprises (2 Md€ de CA) dans les deux régions (Hauts-de-France et Grand-Est).