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Politique agricole
Ce qu’attendent les agriculteurs des futurs élus

À l’approche de la présidentielle, la filière agricole veut être entendue

ATTENTES. Mesures à court terme, orientations à long terme… le monde agricole commence à exprimer ses demandes à l’égard des futurs dirigeants français, président(e) de la République, députés et gouvernement. De fait, dans quelques semaines, les équipes dirigeantes de ce pays seront renouvelées et les organisations agricoles sentent que c’est le moment pour faire valoir leurs demandes légitimes. La FNSEA et Coop de France se sont exprimés publiquement, les Jeunes agriculteurs avaient déjà diffusé un questionnaire. Interrogées, la plupart des organisations spécialisées et des syndicats minoritaires s’expriment. Si les demandes sont diverses et spécifiques, toutes réclament en substance « une vraie politique cohérente pour l’agriculture », selon les termes de Philippe Meurs, président des Jeunes agriculteurs (JA). « Nous demandons aux futurs dirigeants d’avoir une vraie politique cohérente pour l’agriculture », affirme Philipe Meurs, président des Jeunes agriculteurs (JA). Il évoque notamment ses enjeux alimentaires, énergétiques et pour l’aménagement du territoire. Dans le cadre de cette politique, la première mesure concrète à prendre est d’inciter les agriculteurs à s’organiser. « Nous devons être capables de peser face à nos marchés », explique Philippe Meurs dont l’organisation a, par ailleurs, envoyé cinq questions aux candidats à l’élection présidentielle.

Une vraie politique agricole

À sa manière, le président de la FNSEA demande lui aussi une vraie politique agricole : selon lui, « les candidats devraient notamment se positionner sur le dossier de l’OMC et sur l’avenir de l’Europe ». Désireux de « ne pas rabaisser la campagne électorale au ras des pâquerettes », Jean-Michel Lemétayer ne veut pas pour l’instant entrer dans les discussions techniques. Pas question de discuter du dossier cher à Ségolène Royal, de la réorientation des soutiens publics et de leur redistribution plus équitable. Il a néanmoins rencontré les deux principaux candidats quelques jours avant l’ouverture du Salon de l’agriculture, et estimé « ne pas pouvoir dire aujourd’hui que son syndicat est divergent avec le positionnement de Ségolène Royal, car elle m’a écouté ». Un regret toutefois : « aucun des principaux candidats » (Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, ndlr) « n’exprime la même conviction » et la « même fibre » pour l’agriculture « que l’actuel président de la République. »

L’enjeu international

Le prochain président et son équipe seront, en tout cas, largement attendus sur le volet international. Selon Xavier Beulin, président de la FOP (Fédération des producteurs d’oléo-protéagineux), il est urgent de prendre une initiative européenne. L’Europe est en panne et, en particulier, il y a un flottement sur la Politique agricole commune. Il faut, notamment, en ce qui concerne les négociations de l’OMC, convaincre nos partenaires qu’on est face à un grand décalage entre ce que propose l’Europe et le peu que proposent les États-Unis, décalage aussi entre les sacrifices sur la Pac et ce qu’on peut attendre sur les autres secteurs. « Il faut que le nouveau gouvernement soit lucide sur les risques d’un accord bâclé à l’OMC en juillet », plaide Xavier Beulin. Les producteurs de lait expriment une même méfiance. Le lait est particulièrement concerné sur le volet accès au marché dans le cadre de l’OMC. « Compte tenu de ses spécificités, le secteur laitier doit être en mesure de bénéficier avant d’autres secteurs agricoles, du dispositif de produits sensibles, en particulier pour le beurre et les matières grasses butyriques», souligne la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait).

Contrebalancer le dollar

Les relations internationales sont bel et bien un enjeu de fond. Organisation fédérant les grandes cultures, Orama attend que le futur pouvoir ait le souci de contrebalancer l’impact de la faiblesse du dollar tout comme le dumping économique et social de certains pays tiers. Notamment, il « convient d’être extrêmement prudent » quant à la mise en cause des droits de douane de l’UE, des restitutions et des DPU. Il faut aussi « faire en sorte que les produits importés en Europe soient cultivés selon les mêmes normes environnementales, sanitaires et sociales » que les produits communautaires. Évoquant le problème spécifique du sucre, la CGB (planteurs de betteraves) estime que l’Europe doit sauvegarder la préférence communautaire pour le secteur du sucre, fondée sur des droits de douane plutôt que sur le statut de produit sensible. L’Europe doit aussi être très vigilante sur l’application des règles d’origine afin qu’il n’y ait pas d’importation frauduleuse rendue possible par un détournement de trafic (ndlr : certains pays gros producteurs faisant transiter leur sucre par des pays ayant des accords préférentiels avec l’UE). Un dossier d’autant plus important dans le cadre des négociations d’ouverture aux pays les moins avancés via les futurs Accords de préférence économique (APE). Même méfiance de la part des éleveurs de porcs à l’égard des grands pays exportateurs comme le Brésil : Jean-Michel Serres, président de la FNP, estime qu’il faut « faire attention : nous serions extrêmement vulnérables à cause du Brésil ».

Investir pour être competitif

Si important qu’il soit, le volet international ne suffit pas. « Il faut une politique d’investissement qui nous rende capables d’être plus compétitifs », affirme Philippe Meurs. Et de rappeler que, quand l’agriculture investit, ce sont des emplois qui se développent dans la ruralité. Il faut aussi inciter les citoyens à prendre conscience que l’agriculture est un enjeu de société. Du fait, notamment, de son rôle en matière d’alimentation ou de non-alimentaire, de même que de sa capacité à capter une part de CO2 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. A ce titre, les betteraviers attendent « que l’on poursuive avec la même détermination le programme de développement des biocarburants ». Cette filière industrielle doit pouvoir « prendre son envol et trouver des débouchés au-delà du seul marché français » dit-on à la CGB. De fait, résume Xavier Beulin à la FOP, l’agriculture française et européenne doit pouvoir à la fois répondre à une demande mondiale, alimentaire et non alimentaire, et prendre en compte les dimensions économique, social, et environnementale Les pouvoirs publics doivent donner un cadre et des moyens aux agriculteurs pour répondre à ces différentes demandes. Selon Xavier Beulin, on aura toujours besoin d’une agriculture régulée même si elle doit être fondée sur une coresponsabilité entre les pouvoirs publics et les acteurs de chaque filière. « Le retrait de toute intervention publique me semble une erreur même s’il faut donner aux agriculteurs et à leur filière les moyens de jouer leur rôle », conclut-il.

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