Brexit : vers une baisse durable de la livre sterling ?
Le ralentissement de l'activité économique au Royaume-Uni pourrait faire reculer la monnaie nationale à plus long terme, impactant les achats et les ventes de matières premières.
Le 22 juin, 1 € valait 0,76 £. Aujourd'hui, 1 € en vaut 0,85, soit une hausse de près de 10 %. Christophe Jacomin, responsable du département financier chez Lefèvre, Pelletier & associés, craint que le repli de la monnaie britannique se poursuive. « Dès le lendemain du vote Brexit, l'investissement a été freiné au Royaume-Uni, que ce soit dans le secteur bancaire ou dans l'immobilier. Cela a participé à la baisse de la livre. Au vu des incertitudes pesant sur l'économie du pays, cela pourrait encore durer. » Par ailleurs, « la sortie du Royaume-Uni de l'UE pourrait engendrer une circulation moindre sur la scène mondiale de livres sterling, amplifiant le phénomène ». Les matières premières importées coûteront donc plus chers, affectant d'autant l'économie du pays. De leur côté, les produits exportés seront plus compétitifs. En outre, « le gouvernement pourrait opter pour une dévaluation volontaire de sa monnaie pour doper ses exportations et redonner du tonus à son économie ». Néanmoins, cette compétitivité du Royaume-Uni sur les marchés céréaliers à court terme n'inquiète pas Michel Portier, président d'Agritel. « Le blé fourrager anglais sera certes compétitif, mais on risque d'avoir d'importants volumes disponibles en France lors de cette campagne ».
L'activité sur les marchés à terme affectée ?
Christophe Jacomin penche pour un scénario dans lequel le Royaume-Uni aura un statut de pays tiers à équivalence communautaire, avec un accord de libre-échange sur certains produits. Dans ce cas, les établissements bancaires, dont le siège se trouve sur le territoire du futur ex-État membre, agissant comme négociateurs ou compensateurs sur les marchés à terme, ne pourront plus exercer en France et donc sur Euronext avec autant de facilité. « Les établissements britanniques devront par exemple demander un agrément auprès de la BCE, ou créer des filiales dans la zone UE. » Et vice versa. « Un acteur comme Sucden basé à Paris, ayant une activité sur le Liffe, ne pourra plus se couvrir avec autant de facilité auprès d'établissements bancaires établis en Angleterre », précise-t-il.