Biocarburant
Alors que le pétrole se fait de plus en plus rare et cher, les investisseurs s’enflamment pour les carburants verts. L’Agence Internationale de l’énergie prévoit leur quintuplement voire leur septuplement d’ici 2030. Un substrat encore mal connu suscite beaucoup d’intérêt en Inde, aux Philippines, en Indonésie et dans de nombreux pays d’Afrique : le jatropha. Cette plante présente de multiples avantages : une grande résistance à la sécheresse lui permettant d’être cultivée sur sol aride sans intrant chimique, et présentant deux productions annuelles, en mai et novembre. Efficace et bon marché, il est utilisé comme purgatif médical, engrais ou dans la confection de savons et bougies, mais il attire surtout pour son huile. En trois ou quatre ans, l’huile contenue dans les graines d’un arbuste génère plus de 2 litres de biodiesel. Produisant plus d’oxygène, moins de monoxyde de carbone et 30 fois moins de particules suscitant l’asthme, l’“or vert du désert” remplit les moteurs d’essais au Mali et en Côte d’Ivoire, entre autres. Les investisseurs étrangers affluent, ce qui ravit les paysans ivoiriens. La “Jatroci”, première unité agricole de jatropha de Côte d’Ivoire, fondée en novembre 2007, comprend 51 employés pour 5.000 ha de plantation actuels. Cent servent de “banques semencières” pour alimenter les 10.000 ha qui seront créés d’ici la fin de l’année. Green Oil, filiale de la société pétrolière canadienne Independance Oil and Gas, monte un projet à caractère social. Son directeur Abel Deschamps Tia espère alimenter les groupes électrogènes locaux et “aider à l’électrification rurale”.
Le seul point noir soulevé par les promoteurs de la jatrophaculture concerne l’absence de législation sur les biocarburants. Il est temps que les Etats encadrent ce secteur en plein essor.