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énergies renouvelables
Bilan positif pour les biocarburants malgré quelques incertitudes

Les biocarburants permettent d’économiser 50 à 75%d’émissions de gaz à effet de serre selon l’Ademe… sans tenir compte de la réaffectation des sols!

L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a publié le 8 avril son étude très attendue sur l’analyse de cycle de vie des biocarburants de 1re génération, commandée par les ministères de l’Agriculture et du Développement durable suite au Grenelle de l’environnement. En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie fossile du champ à la roue, le bilan est largement positif si l’on ne tient pas compte du changement d’affectation des sols. Les gains nets en émission de GES pour les bioéthanols vont de 49 % (blé) à 72 % (canne à sucre). En France, le meilleur élève est l’éthanol de betterave (66 %). Cette réduction est supérieure pour les biodiesels qui permettent des économies allant de 59 % pour colza à 91 % pour les esters à base de graisses animales en passant par le tournesol (73 %), le soja (77 %) et l’huile de palme (76 %). Le bilan est en revanche beaucoup moins flatteur pour la filière ETBE (éthyl tertio butyl éther) qui ne permet des réductions d’émissions que de l’ordre de 20 %. Un résultat logique puisqu’il s’agit d’un carburant de 2e transformation obtenu par réaction chimique entre du bioéthanol et un dérivé du pétrole. A noter que les biocarburants d’importation (soja, canne à sucre, palme) présentent un meilleur bilan environnemental que leurs équivalents européens. La raison : l’utilisation d’une part importante d’énergies renouvelables (bagasse de canne notamment) lors de la production industrielle.

Renversement de tendance
    L’étude qui a été réalisée pour le compte de l’Ademe par Bio IS, organisme indépendant spécialisé dans ce type d’études, doit permettre de déterminer si les biocarburants peuvent répondre aux critères de durabilité exigés par la directive européenne énergies renouvelables (2009/28/CE). Un des principaux étant la réduction d’au moins 35 % des émissions de GES en 2010 par rapport aux combustibles fossiles. De ce point de vue, les biocarburants semblent répondre aux exigences. Seulement, si l’on tient compte du changement d’affectation des sols, le bilan environnemental devient bien plus difficile à établir. « On peut complètement inverser le résultat des bilans en fonction des différents scénarios de changement d’affectation des sols. Aujourd’hui, personne n’est à même de dire quel est le bon scénario », explique Jean-Louis Bal, directeur production et énergies renouvelables à l’Ademe. Dans les hypothèses les plus pessimistes (un hectare de culture énergétique remplace un hectare de forêt primaire) le bilan environnemental des biocarburants devient quatre fois moins bon que celui des carburants fossiles. Les hypothèses plus modérées (utilisation des co-produits pour l’alimentation animale…) aboutissent à des gains plus ou moins importants par rapport au pétrole. Mais à ce jour aucune méthodologie ne permet de déterminer son impact précis. Une chose est sûre, la prise en compte du changement d’affectation des sols est beaucoup plus défavorable aux biocarburants d’importation fabriqués à partir de canne à sucre, d’huile de palme ou de soja.

Sur la base de ces résultats postifs, les producteurs demandent de revoir la fiscalité
    Les producteurs de bioéthanol (AGPB, AGPM, CGB et Syndicat national des producteurs d’alcool agricole) comme ceux de biodiesel (Proléa) se sont félicité que l’étude de l’Ademe sur l’analyse du cycle de vie des biocarburants de 1re génération confirme les atouts environnementaux et énergétiques des biocarburants français. « Ces résultats satisfont pleinement aux critères de durabilité définis par la directive énergies renouvelables de la Commission européenne, qui imposent au biodiesel de réduire d’au moins 35 % les émissions de CO2 par rapport à un carburant traditionnel », souligne Proléa dans un communiqué. Même constat pour les producteurs de bioéthanols dans un communiqué commun. Selon eux, la prise en compte du changement d’affectation des sols ne touchera pas les biocarburants européens car « des terres ont été rendues disponibles pour de nouveaux débouchés comme le bioéthanol, par exemple avec les restrictions sur les exportations de sucre et les améliorations de rendement », expliquent-ils. Ils demandent désormais que soit corrigée la fiscalité qui taxe plus l’énergie issue du bioéthanol que celle issue de l’essence et qu’un objectif d’incorporation de 10 % de bioéthanol d’ici 2015 soit fixé par les pouvoirs publics.
    L’association environnementale France nature environnement tire de cette étude des conclusions bien différentes. Pour FNE, le bilan est désastreux dès lors que l’on tient compte du changement d’affectation des sols. L’association appelle donc le gouvernement à renoncer à toute politique d’incitation à la production et l’utilisation de biocarburants.

Et après ?
    Pour tenter de préciser ces données, l’Ademe va lancer un programme de recherche sur l’impact du changement d’affectation des sols dans le bilan environnemental des biocarburants. La gouvernance de cette nouvelle étude sera similaire à la précédente avec un comité de pilotage (composé de l’Ademe, des ministères de l’Agriculture et du Développement durable et de FranceAgrimer) et un comité d’orientation dont la présidence sera proposée à une personnalité reconnue du monde agricole. Dans un premier temps, deux études à courts termes seront menées. La première sera une analyse rétrospective du développement des biocarburants en France (quel impact sur les cultures ? les importations ?). La seconde consistera à réaliser une revue internationale des outils et méthodes existants de manière à poser les bases d’une méthodologie plus pertinente. A plus longue échéance, l’idée est de mettre au point un outil de calcul du CO2 stocké dans les sols en fonction des cultures pour établir des scénarios selon des hypothèses de développement des biocarburants. Et peut-être, enfin, clore le sujet.

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