La filière poulet de Maïsadour mise sur du soja local
L’usine landaise de trituration de soja de Graines d’Alliance conforte l’approvisionnement local de la filière volailles du groupe Maïsadour.
L’usine landaise de trituration de soja de Graines d’Alliance conforte l’approvisionnement local de la filière volailles du groupe Maïsadour.
La coopérative gersoise, Vivadour (4 800 adhérents), et la landaise Maïsadour (5 000 adhérents), se sont associées en 2021 pour transformer l’ancienne usine d’aliments Alilandes, de Saint-Sever dans les Landes, en unité de trituration de soja.
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Ayant des activités similaires de collecte de céréales et de volailles, elles se sont alliées pour transformer le soja de leurs céréaliers, respectivement 14 700 et 358 adhérents, et fournir leurs aviculteurs.
Ouverte à l’automne 2022, l’usine n’a pas encore atteint sa pleine capacité de 30 000 tonnes par an, mais tourne sept jours sur sept, 24 heures sur 24 une bonne partie de l’année. En 2023, Maïsadour et Vivadour ont apporté chacune 7 350 tonnes de graines de soja, le reste venant de Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, dans le but de fournir en tourteaux et huile les trois unités landaises de fabrication de Sud-Ouest Aliment (1) (Pomarez, Baigts, Haut-Mauco) et des départements voisins.
Mise au point technique
Grégory Grange responsable de site considère qu’il lui a fallu « un an pour affiner le processus avec les formulateurs de Sud-Ouest Aliment afin d’arriver à un bon équilibre d’extraction d’huile ». En effet, l’usine utilise une technologie sans solvant.
« Nous cuisons les graines et les triturons à chaud de manière mécanique, sans utilisation de solvant chimique. Les tourteaux sont ainsi plus riches en protéines et en matière grasse que ceux d’importation », explique-t-il.
« La formule de démarrage des poulets St Sever par exemple, comprend jusqu’à 20 % de tourteau de soja et la formule croissance 5 % ; quant à la formule finition elle n’en contient pas », précise Léa Valenzisi, ingénieur formulation.
Pour la filière volailles de Maïsadour, ce soja local, non OGM, non déforestant, constitue un double avantage.
Argument écologique
L’entreprise labellisée « RSE niveau confirmé » depuis 2022 s’est fixée comme objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2045. Ce soja qui enregistre un impact carbone en baisse de 58 % par rapport à un soja importé d’Amérique, y contribue.
Alors que l’alimentation pèse 75 % de l’empreinte carbone d’une volaille, « les maïs, blés, tournesol, colza et ce soja sud-ouest permettent de diminuer de 15 % les émissions d’un poulet Label rouge en sortie d’élevage », affirme Léa Valenzisi.
Reste à développer les surfaces en soja dans le Sud-Ouest. « Dans un contexte de transition agroécologique, le soja est une culture adaptée au climat océanique du Sud-Ouest avec un fort intérêt agronomique. Elle peut être faite en rotation avec le maïs, ce qui améliore la qualité du sol, et elle nécessite de faibles intrants. Nous avons toutes les conditions sur notre territoire pour produire un soja non OGM et approvisionner un marché français en forte demande », explique convaincu Jean-Louis Zwick, directeur du pôle agricole de Maïsadour, à qui il manque encore au moins 15 000 tonnes de graines.
Argument commercial
Cet approvisionnement local est devenu un argument de vente pour quatre des marques de Fermiers du Sud-Ouest, filiale de Maïsadour. En effet, les cahiers des charges de quatre d’entre elles : Poulet d’Ici, Gers, Marie Hot (4010 tonnes en 2023-2024), St Sever (1340 tonnes) imposent du maïs et du soja local. Et une partie de ce soja se retrouve également dans l’alimentation des poulets standards de la marque Poulet d’Ici.
La coopérative des 1124 producteurs fournissant Fermiers du Sud-Ouest répartit ses 37 000 tonnes annuelles de volailles sur huit marques par segments de commercialisation en fonction de ses trois bassins de production et des modes d’élevage : IGP, Label rouge, standard (voir tableau).
Selon Vincent Robin, directeur de Fermiers du Sud-Ouest, « le consommateur est d’abord sensible au label, puis à l’origine et enfin au mode d’alimentation du poulet ». Avec ses Label rouge, ses marques terroirs (Gers, Landes, Périgord) et son alimentation animale, tracée, locale (pour ses composantes végétales), sans OGM, le groupe semble bien doté pour reconquérir les parts de marché perdues à cause de la grippe aviaire.
Alors que le segment des bouchers charcutiers traiteurs et la GMS demeurent des piliers importants, Mickaël Dolet-Fayet, président de Fermiers du Sud-Ouest et aviculteur dans les Landes, affirme que la restauration hors foyer sera désormais un nouveau levier de développement : « Il faut s’adapter à leur demande de découpes calibrées et de service, comme les assaisonnements. »
Raison pour laquelle 16 millions d’euros ont été investis dans l’abattoir de Condom, dédié au poulet standard, pour notamment sa chaîne de désossage.