Aller au contenu principal

La colibacillose n’est pas une fatalité en élevage de poulet

Le suivi de 80 élevages de poulets enseigne que l’incidence de la colibacillose peut être atténuée par des mesures de biosécurité et par des pratiques d’élevage moins stressantes pour les poussins.

La colibacillose clinique résulte de la présence de souches virulentes associées à des conditions d'élevage à risque.
La colibacillose clinique résulte de la présence de souches virulentes associées à des conditions d'élevage à risque.
© P. Le Douarin

Les cas cliniques de colibacillose sont déclenchés par la présence simultanée de souches de E.coli présentant des facteurs de virulence et par certaines conduites d’élevage considérées à risque. Ces pratiques à risque sont suffisantes pour favoriser la maladie, mais pas la présence des facteurs de virulence. Une bonne maîtrise des pratiques d’élevage peut permettre d’éviter le déclenchement de cas dans le lot. La colibacillose n’est donc pas une fatalité si chaque maillon (sélection, accouvage, élevage…) apporte sa pierre pour contribuer à la maîtrise de cette maladie en élevage. En mettant en œuvre de bonnes pratiques tout au long de son lot, l’éleveur est un acteur clé de cette maîtrise.

Lire aussi : la lutte contre les colibacilloses évolue

Un bâtiment conforme aux besoins des poulets

La préparation du bâtiment avant l’arrivée des poussins se révèle cruciale pour la maîtrise de la maladie. L’enquête sur les pratiques fait apparaître qu’une première désinfection par thermonébulisation bien maîtrisée est préférable à une pulvérisation mal maîtrisée. Pour cette dernière, il est important de respecter un temps de contact, un volume d’eau, le mouillage de la surface, les doses, les concentrations, la température, un bon rinçage...

Il est par ailleurs nécessaire d’assurer la qualité sanitaire de l’eau de boisson, en appliquant si nécessaire un traitement efficace. En cas de traitement au chlore, il faut s’assurer de la qualité physico-chimique de l’eau (vérifier le pH, les teneurs en manganèse et fer) afin de maîtriser le taux de chlore actif en bout de ligne et sa stabilité. Une qualité hors normes peut réduire l’efficacité du chlore. Si ces éléments ne sont pas respectés, préférez un traitement au peroxyde d’hydrogène qui sera moins exigeant et donc plus sécurisant.

Enfin, il faut s’assurer que les animaux arrivent dans une ambiance favorable. L’hygrométrie et la température sont à surveiller précisément avec des sondes adéquates et étalonnées, car elles peuvent révéler une ventilation inappropriée.  Une hygrométrie trop forte (plus de 50%) à la mise en place est un bon indicateur du risque de déclencher une colibacillose, révélant potentiellement une température trop faible avec une litière froide. Cela va pousser les poussins à utiliser l’énergie du sac vitellin pour se réchauffer au détriment du développement du système immunitaire.

L’étape cruciale de l’accueil des poussins

Dès l’arrivée du poussin, la manière de réaliser leur mise en place joue un rôle important sur la maîtrise de la maladie, soulignant l’importance de respecter leurs besoins et de réduire leur stress.

 

 
Préférez un déchargement manuel depuis les caisses d’origine plutôt qu’un déchargement collectif par container
Préférez un déchargement manuel depuis les caisses d’origine plutôt qu’un déchargement collectif par container © P. Le Douarin

 

Préférez un déchargement manuel depuis les caisses d’origine plutôt qu’un déchargement collectif par container susceptible de stresser les poussins. Même si le déchargement manuel est plus contraignant pour l’éleveur (temps, main-d’œuvre, pénibilité), il permet de réduire de moitié le risque d’apparition d’une colibacillose.

 

 

De plus, il est important de contrôler les entrées dans le bâtiment. Le personnel de déchargement porte des tenues et des bottes propres pour éviter d’introduire des colibacilles pouvant persister à l’extérieur. Tout au long du lot, il reste tout aussi nécessaire de maîtriser le risque d’introduction d’agents pathogènes par des vecteurs divers (véhicules, humains, nuisibles...). Le camion d’équarrissage doit passer à plus de 50 mètres du bâtiment. L’enquête a aussi montré que la prise en charge des opérations de dératisation par une entreprise spécialisée réduisait d’un tiers le risque de colibacillose.

Une multitude de souches E. coli  

Il existe une grande diversité de souches d’Escherichia coli classées selon leur pouvoir pathogène. La plupart ne provoquent aucune réaction chez l’animal. D’autres présentent des marqueurs de virulence qui vont permettre aux bactéries de se multiplier dans l’organisme et de provoquer l’état pathologique, puis déclencher la maladie. L’étude a mis en évidence neuf marqueurs de virulence qui caractérisent mieux les souches E. coli. Ce sont notamment les marqueurs chuAD, iutA1, pic, tk1 et tsh. Les impacts sanitaires et économiques des souches virulentes sont très lourds, la maladie générant une forte mortalité dans les lots, des boiteries, et des saisies à l’abattoir.

120 souches E. coli et 144 variables d’élevage

L'étude Colisée avait pour objectif de rechercher la bactérie E. coli et ses marqueurs de virulence à différents niveaux. Plusieurs visites ont été réalisées par l’Itavi et l’Anses dans 80 élevages de poulets du Grand-Ouest.

Avant l’arrivée des poussins (chiffonnettes dans le bâtiment) et à l’arrivée du camion de livraison (poussins et chiffonnette de fond de boîte). Une notation de la qualité des poussins, de leur comportement à la mise en place et des mesures d’ambiance ont été également faites.

À 3 semaines d’âge, des mesures d’ambiance, une notation du comportement des poulets et des indicateurs de bien-être ont été relevés. En cas de suspicion d’une colibacillose, des poulets étaient examinés au laboratoire pour diagnostic bactériologique. Les données d’élevage et les marqueurs de virulence ont été mis en lien avec le déclenchement de colibacillose de manière à identifier les facteurs de risque.

Les partenaires

L'étude Colisée a été pilotée par l’Itavi en collaboration avec l’Anses, les laboratoires Bio Chêne Vert, Réseau Cristal, Labocea, ainsi qu’avec l’Oniris. Elle a été financée par la Direction générale de l’enseignement et de la recherche ainsi que par le Comité interprofessionnel du poulet de chair (CIPC).

La roue des contaminations à E. coli

 

 
La colibacillose n’est pas une fatalité en élevage de poulet

 

Les poussins arrivent majoritairement porteurs de E. coli mais moins de la moitié des lots déclenchent une colibacillose. Multifactorielle, la maladie sera conditionnée par la présence de marqueurs de virulence et par les pratiques d’élevage.

Les plus lus

<em class="placeholder">Pauline Van Maele et Aurélien Lerat : « La viabilité de notre projet d&#039;installation à deux reposait sur le maintien de l’élevage sur l’exploitation avec deux ...</em>
« Le poulet a rendu viable notre projet d’installation »

Dans l’Aisne, Pauline et son frère Aurélien Lerat ont repris l’exploitation familiale de grandes cultures en réinvestissant…

<em class="placeholder">Accessible par un unique chemin, l’entrée du site d’élevage de Nicolas Verdier est délimitée par une clôture grillagée avec un portail électrique et un grand sas ...</em>
Une biosécurité renforcée pour un site de deux poulaillers de chair neufs

Nicolas Verdier s'est installé à Mansigné dans la Sarthe avec un site de deux poulaillers neufs de 1 800 m2 équipé d'un…

<em class="placeholder">GŽraldine Mazerolle et ses poulets Label rouge de 15 jours</em>
« Nous avons renforcé l'exploitation bovine et de poules pondeuses avec deux bâtiments label »

Pour générer un revenu complémentaire et vivre à deux sur l’exploitation dans l'Allier, Géraldine et Julien Mazerolle se sont…

<em class="placeholder">Nicolas Verdier lors de la porte ouverte : « Mon site de deux bâtiments de 1 800 m2 répond à mes attentes en termes de revenu et de temps de travail.»</em>
« Je vis bien avec mon site de volailles de chair neuf de 3 600 m2 »

Nicolas Verdier s’est installé seul avec deux poulaillers de chair neufs. Grâce à des performances technico-économiques…

<em class="placeholder">Bruno Mousset travaille depuis vingt-cinq ans dans le groupe LDC et pilote le pôle Amont depuis 2020. Auparavant, il a dirigé la société Lœuf (2011-2019), a été ...</em>
« Il nous faut des éleveurs de volailles pour nos sites LDC »

La consommation de volaille a le vent en poupe et particulièrement le poulet. Pour rester dans l’assiette des consommateurs…

<em class="placeholder">Simple ou sophistiquée, la chaudière à biomasse est une bonne solution technique pour réduire la consommation de gaz, mais attention à sa rentabilité.</em>
Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre en volailles

Bien que peu émettrices de gaz à effet de serre (GES), les filières avicoles vont participer à l’effort collectif de réduction…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)