Interculture : la méthode Merci élargit la panoplie de ses mesures de l’impact nutritif des couverts
Pour bien mesurer l’impact (nutriments, matière organique…) d’un couvert d’interculture sur la culture suivante et au-delà, la méthode Merci intègre de nouvelles fonctionnalités tout en gardant sa fiabilité.
Pour bien mesurer l’impact (nutriments, matière organique…) d’un couvert d’interculture sur la culture suivante et au-delà, la méthode Merci intègre de nouvelles fonctionnalités tout en gardant sa fiabilité.
La V2 de Merci est sur le pas de tir. Datant de 2010, la première version de la Méthode d’estimation des restitutions par les cultures intermédiaires (Merci) permet de mesurer les quantités captées d’azote, de phosphore et de potassium des couverts d’interculture et d’estimer leur restitution à la culture suivante. Une nouvelle version (la V2) de Merci va voir le jour en novembre.
« La méthode s’élargit au soufre et au magnésium, pour les éléments nutritifs dont les quantités restituées au sol sont calculées, présente Jean-Luc Fort, chef du service innovation recherche développement à la chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Elle apportera en outre des informations sur la quantité de stockage de carbone au sol avec l’impact sur l’évolution du taux de matière organique. Enfin, pour les agriculteurs méthaniseurs, la méthode mesurera le rendement méthanogène du couvert (1). »
De nombreux modes de conduite des cultures intermédiaires pris en compte
Cette deuxième version intègre davantage d’espèces de cultures intermédiaires. Elle prend en compte une large gamme de contextes pédoclimatiques pour les calculs de même que des modes de conduite de l’interculture plus larges, par exemple sur la diversité des dates de destruction et sur la gestion des résidus de culture (enfouissement, non-enfouissement, exportations).
Les formules de calcul de la méthode Merci font leur entrée dans l’ère numérique : elles sont désormais accessibles via un site web, à condition de s’enregistrer. « Cela permettra d’engranger davantage de références au niveau national pour rendre les calculs plus précis », explique Jean-Luc Fort. Précédemment, les calculs étaient réalisés grâce à un fichier Excel qu’il fallait télécharger. Le site internet doit favoriser la création d’une communauté d’utilisateurs de la méthode. Près de 600 ont été comptabilisés en juillet 2019 par une enquête (2), mais il faut y ajouter de nombreux utilisateurs non répertoriés.
Une durée de prélèvement de 40 minutes en moyenne
Rappel : pour connaître toutes ces informations se rapportant à son couvert d’interculture, la méthode Merci se base sur des prélèvements au champ avec la pesée d’échantillons de chaque espèce du couvert sur une surface donnée, juste avant la date de destruction. Le poids de biomasse verte mesuré est converti en quantité d’azote, de phosphore, de potasse… qui est captée et qui sera disponible pour la culture suivante.
« La durée de prélèvement est en moyenne de 40 minutes pour une parcelle, rapporte Sébastien Minette, chargé de projet agronomie à la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Elle est jugée 'passable' par les utilisateurs mais ce prélèvement est incontournable. » La nécessité de ce prélèvement est sans doute l’étape de la méthode qui limite son utilisation.
L’enquête qui a été menée sur l’utilisation de Merci révèle que les utilisateurs jugent très fiables l’estimation de l’azote, phosphore et potasse piégés par la culture intermédiaire. En revanche, ils sont plus méfiants sur les valeurs de restitution à la culture suivante. D’ailleurs, pour l’azote précisément, seuls 21 % des utilisateurs intègrent entièrement dans leurs bilans de fertilisation sa valeur calculée de restitution, 60 % partiellement et 19 % n’en tiennent pas compte du tout. La méthode demande encore à faire ses preuves.
(2) Bilan de la méthode à partir d’entretiens auprès de 34 utilisateurs et d’un sondage en ligne (236 réponses).