Ils ont inventé le yaourt bio écoresponsable vendu en vrac
La Ferme des glycines dans la Manche s’est lancée dans la fabrication de yaourt bio vendu en poches de 1,2 kg à 5 kg à des GMS et collectivités. Elle cherche aujourd’hui des éleveurs pour dupliquer l’initiative dans d’autres départements.
La Ferme des glycines dans la Manche s’est lancée dans la fabrication de yaourt bio vendu en poches de 1,2 kg à 5 kg à des GMS et collectivités. Elle cherche aujourd’hui des éleveurs pour dupliquer l’initiative dans d’autres départements.
Transformer une partie de son lait en yaourt fermier bio et le vendre en direct et en vrac à la grande distribution et aux collectivités. C’est l’idée qu’a eu il y a cinq ans Éric Lepage, éleveur de 90 vaches normandes en bio à Saint-Jean-d’Elle. « Après avoir été en conventionnel, puis en raisonné, je suis passé en bio en 2010, explique-t-il. Pendant dix ans, mon seul client a été la laiterie Les prés rient bio. Je voulais diversifier mes débouchés et me rapprocher du consommateur. J’ai donc réfléchi à transformer et vendre en direct une partie de mon lait. Et comme nous sommes Ferme laitière bas carbone, j’ai réfléchi à un mode de vente qui réduise les emballages. »
Parce qu’il ne souhaitait pas tout faire tout seul et n’avait pas toutes les compétences, Éric Lepage s’est entouré de trois salariés des Prés rient bio, autorisés par Danone à s’investir personnellement dans le projet, un commercial, un responsable process et un responsable marketing. « Ensemble, nous avons conçu un procédé de conditionnement en poche plastique équipée d’un bouchon verseur. » La SARL Ferme des glycines ainsi créée a investi dans un module de transformation avec l’objectif de commercialiser du yaourt fermier bio en poches sous la marque « Simple comme bonjour ».
Le lait est valorisé à hauteur d’environ 4 euros le litre
Deux ou trois matins par semaine, les premiers litres de la traite sont pasteurisés, transformés en yaourt et conditionnés en poches de 1,2 kg pour la GMS, et 3 kg et 5 kg pour les collectivités et la restauration. « Une poche de 1,2 kg correspond à 10-12 pots de yaourt et réduit les emballages de 44 %, précise l’éleveur. Les consommateurs, notamment les jeunes et dans les grandes villes, sont sensibilisés à la réduction des emballages. De plus, le yaourt pasteurisé dans ces poches a une DLC de 30 jours, contre 21 jours pour des yaourts bio en pots. Les distributeurs sont donc intéressés par du yaourt bio, fermier, local, écoresponsable et qu’ils peuvent vendre plus longtemps. »
Lancé en mars 2021, le yaourt « Simple comme bonjour » est vendu à des collectivités, dans la plupart des magasins Leclerc de la Manche et du Calvados, dans quelques magasins Carrefour, Intermarché et Système U du département et dans quelques GMS des départements voisins. Depuis fin août, la SARL fournit aussi des Monoprix à Paris. La livraison est sous-traitée, de même que la fabrication des étiquettes, confiée à un CAT. « Mon objectif est de mieux valoriser le lait mais aussi de créer de l’emploi et de la richesse localement », assure Éric Lepage.Les commandes sont passées le lundi matin, pour des livraisons à partir du mercredi. Le lait est vendu par l’EARL à la SARL au même prix que celui de la laiterie, à savoir 540 euros les 1 000 litres sur la dernière campagne. La SARL valorise ensuite le lait à hauteur d’environ 4 euros le litre. L’objectif pour la première année est de transformer 50 000 litres de lait, ce qui représente un UTH, puis environ 100 000 litres par an les années suivantes. « Le Covid ne nous a pas aidés, car beaucoup de cantines et restaurants étaient fermés, admet l’éleveur. Mais la rentrée se présente très bien. »
L’objectif d’Éric Lepage est donc de dupliquer l’expérience ailleurs pour répondre à la demande locale. « Nous avons des demandes hors de la Manche, précise-t-il. L’idée est donc que d’autres éleveurs en bio se lancent dans la production de yaourt en poches. Nous pouvons proposer le module entier avec la marque, de la formation, un appui commercial, ou seulement l’équipement avec la marque… Dans tous les cas, le yaourt reste propre à chaque ferme. Deux fermes de la région parisienne sont déjà intéressées par le concept. »
Un projet soutenu par la région Normandie
Le process, coconstruit par la SARL avec des fournisseurs du département, repose sur du matériel de pasteurisation du lait, de transformation en yaourt et de remplissage sous vide de poches plastiques. Le matériel a été installé dans un module constitué de caisses frigo de camions recyclées. Trois cent mille euros ont été investis dans le projet, sur lesquels la SARL a obtenu une subvention de 40 % de la région.