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Au départ de la Route du Rhum, un catamaran en fibres de lin

Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum, naviguera cette année sur un bateau écoresponsable et innovant. Celui-ci rassemble la plus grande pièce en fibre de lin jamais produite, qui a nécessité un hectare de lin pour deux tonnes de tissu. La coopérative Terre de Lin a joué un rôle majeur dans ce projet.

Roland Jourdain a testé son catamaran WE Explore, fabriqué en partie en fibres de lin, en rejoignant Concarneau depuis le Portugal en juillet dernier.
© We Explore

[Mis à jour le 7 novembre à 15h30]

C'est finalement mercredi 9 novembre que Roland Jourdain devrait s'élancer sur la Route du Rhum à bord de We Explore, catamaran dont la particularité est d'être fabriqué à base de fibre de lin.

Le navigateur Roland Jourdain a créé la société Kaïros, il y a quinze ans, dans le but d’accompagner les performances sportives de performances environnementales. Dans cette même démarche, il fait appel en 2018 à Terre de Lin pour l’aider à trouver un matériau alternatif à la fibre de verre et la fibre de carbone pour son catamaran, qui sera baptisé We Explore. Ces dernières dominent le marché des composites nautiques : le verre est préféré pour les bateaux de plaisance tandis que la rigidité du carbone convainc plus le nautisme de compétition.
 

Une coopérative agricole sollicitée pour le bateau en lin de Roland Jourdain

La coopérative normande Terre de Lin (700 adhérents) implantée en Seine-Maritime et dans l'Eure produit plutôt pour l’industrie textile, mais s’implique également dans le marché des composites. La fibre de lin s'y développe depuis une dizaine d’années. Elle produit une gamme de roving (mèches) pour une utilisation spécifique du matériau dans les composites. C’est ainsi que Terre de Lin est déjà en contact avec différentes sociétés de nautisme, et qu’elle assure aussi en grande partie les composites des skis Salomon depuis une décennie.

Les avantages de la fibre de lin

Le défi reste inédit pour la coopérative puisqu’il s’agit de sortir la plus grande pièce de fibre de lin jamais produite. Le catamaran mesure 18 mètres de long et 9 mètres de large. L’intégralité du pont (le dock) doit être fait entièrement en lin, ce qui nécessitera au total « un hectare de lin pour deux tonnes de fibre », précise Laurent Cazenave, chargé de communication de la coopérative.

"Quand on observe au microscope, on peut voir que le lin est déjà une fibre en lui-même"

L’enjeu pour Terre de Lin est donc plus de « montrer à l’ensemble de l’industrie qu’il est possible de faire une pièce de cette envergure ». Car les atouts de la fibre de lin par rapport au verre et au carbone sont déjà connus :

  • L’écoresponsabilité : le verre et le carbone sont fabriqués par l’homme et ne présentent pas de solutions de fin de vie pour les matériaux. Le lin est quant à lui un fruit de la nature, et les pièces produites par sa fibre peuvent être transférées en énergie pour assurer une deuxième vie au matériau. Son utilisation permet de réduire les émissions carbones.
  • La légèreté : la fibre de lin est beaucoup plus légère que le verre et permet un gain de poids total conséquent. C’est un avantage considérable pour les performances sportives de We Explore et Roland Jourdain.
  • La résistance et la gestion des vibrations : en compétition, la fibre de carbone est privilégiée pour ses atouts de résistance aux chocs. Mais cette rigidité provoque ainsi des vibrations du matériau. La fibre de lin vient à la fois remplir les exigences en termes de résistance, tout en sachant atténuer les vibrations.


Deux tonnes de lin déjà sur mer

Roland Jourdain et Terre de Lin ont ainsi recherché pendant de nombreux mois comment fabriquer le tissu technique idéal à base de lin pour We Explore. Une fois sorti de la filature, le produit a été livré en 2021 au chantier Outremer à La Grande-Motte (Hérault), troisième grand acteur du projet, pour la construction du catamaran. Le pont a été posé sur la coque en février 2022, et le chantier s’est terminé cet été. Si le bateau peut s’avérer plus fragile, il a été testé avec succès par le skipper en juillet dernier entre Cascais (Portugal) et Concarneau (Finistère). Ce dernier s’est ainsi qualifié pour la Route du Rhum 2022 qui débute ce mercredi (si la météo le permet). Le départ peut se suivre sur les réseaux sociaux, et notamment la page Facebook officielle de la course.

 

L'agricultrice, très présente sur les réseaux sociaux, Nadège Petit qui cultive notamment du lin, a réalisé un Thread sur le sujet ce jour sur twitter avec photos retraçant l'évolution du projet.

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