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Transmission d’exploitation agricole : choisir la bonne forme juridique pour sa société

Quelle est la forme juridique la plus adaptée pour son entreprise agricole en vue de la transmission de son exploitation ? Il est conseillé d’engager la réflexion une dizaine d’années avant d’envisager cette étape.

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Le choix de la forme sociétaire dépend de ses objectifs en matière de transmission.
© Watier-Visuel/Archives

L’enjeu en amont d’une transmission d’exploitation agricole est de trouver le véhicule qui conviendra le mieux à ses objectifs et à ses projets. « La forme juridique de l’exploitation est la pierre angulaire de la transmission d’entreprise, c’est autour d’elle que s’articule en grande partie la stratégie pour réussir cette étape », considère Cyril Dannoux, conseiller en gestion de patrimoine chez Cerfrance BFC (Bourgogne Franche-Comté).

Comme pour de nombreux aspects de la transmission d’exploitation, le maître mot est l’anticipation. Les réflexions peuvent être entamées une dizaine d’années avant le départ en retraite. « Ça permet de s’approprier les choses, avance Cyril Dannoux. Cela laisse aussi le temps de la concertation en famille. » Un projet de transmission implique plusieurs personnes (parents et enfants dans le cadre d’une transmission familiale) avec des objectifs différents.

La forme sociétaire choisie va ainsi offrir plusieurs options permettant d’ajuster la transmission. Le Gaec, la SCEA et l’EARL sont les principales formes de sociétés civiles agricoles même s’il est aussi possible d’opter pour une société commerciale à objet agricole (SARL, SAS). L’anticipation est une condition pour profiter au maximum des changements que l’on va mettre en place. Sinon, le risque est de supporter les frais inhérents à la constitution d’une société (rédaction de statuts, acte d’apport, mutation d’immeubles, plus-values…) sans en tirer tous les avantages.

Faciliter la reprise du capital

S’il n’y a pas de formes idéales et qu’il est possible de transmettre une exploitation individuelle, les experts s’accordent à dire qu’il est plus facile de transmettre une exploitation organisée en forme sociétaire. « Cela permet de disposer de plus d’options pour organiser la transmission », assure Hervé Paris, expert transmission au Crédit agricole de Champagne-Bourgogne. Détenir le capital sous forme de parts sociales va laisser la possibilité de transmettre l’exploitation progressivement au repreneur. Ce qui est utile car, d’une part, le départ en retraite du cédant ne correspond pas forcément au moment de l’installation du futur repreneur. D’autre part, le repreneur n’a pas toujours la capacité financière de reprendre l’exploitation en une seule fois.

Garder des associés non exploitants au capital

La forme Gaec présente des avantages en matière de transparence et sur le plan économique, mais elle n’est pas très adaptée à une transmission qui se fait progressivement. Les associés du Gaec doivent en effet y exercer leur activité à titre exclusif et principal. Pour avoir un associé non exploitant au capital, il faut opter pour une autre forme de société. L’EARL permet de rester associé non exploitant, mais obligatoirement minoritaire, tandis que dans la SCEA, le ou les associés non exploitants peuvent être majoritaires au capital. C’est aussi la seule option qui permet d’avoir à son capital une personne morale comme une holding.

Le statut d’associé non exploitant est celui qui permet à la fois de toucher sa pension de retraite et de rester au capital. « Le maintien d’un associé non exploitant est parfois une solution par défaut car cela repousse le problème concernant la transmission de l’exploitation », note toutefois Cyril Dannoux qui considère que cela doit rester temporaire. Il estime important d’avoir un projet en tête et de savoir ce qu’on va faire à moyen terme de ses parts sociales conservées.

Un outil pour compartimenter l’exploitation

Sur le plan fiscal, l’outil sociétaire va offrir la possibilité d’opter pour l’impôt sur les sociétés (IS). Ce qui permet notamment aux associés d’être imposés sur le revenu et soumis à la MSA exclusivement sur les sommes qui sont sorties de la société (prélèvements réels). Ce qui reste dans la société sera soumis à l’IS. « L’IS est un outil facilitateur de reprise du capital car il peut permettre d’augmenter le revenu disponible pour maximiser la capacité du jeune à financer son projet », avance Cyril Dannoux.

Il est important de réfléchir à la structuration sociétaire avec d’autres entités. Le bâtiment va par exemple pouvoir être isolé dans une structure de type SCI ou GFA pour ne faire porter sur l’exploitation que les actifs comme le cheptel et le matériel. « C’est une solution pour réduire le poids de la reprise », explicite Cyril Dannoux. On peut aussi imaginer la création d’une structure commerciale pour développer d’autres activités ou d’une ou plusieurs holdings.

Les statuts de la société vont aussi être à travailler pour qu’ils correspondent à ce que les personnes souhaitent : partage du résultat, partage du capital, rémunération du travail, mesures en cas de décès d’un associé. « Quand on a une jonction générationnelle, il faut s’imposer une réflexion pour fixer les règles, avance Cyril Dannoux, car on peut être parents et enfants, frères et sœurs, au travail, on est associés. »

Faire une holding pour constituer un patrimoine privé

Pour le cédant, la constitution d’une holding permet de prendre une participation dans le capital de la société d’exploitation. Une partie des résultats de la société opérationnelle, généralement soumise à l’impôt sur le revenu, va être remontée au niveau de la holding qui, elle, est soumise à l’impôt sur les sociétés. Ce résultat va pouvoir être investi dans un objectif de gestion de patrimoine (placements financiers, immobilier locatif). Cette entité va pouvoir être gardée une fois à la retraite pour avoir des revenus complémentaires. C’est aussi une option pour avoir des contreparties non agricoles pour la partie de la fratrie qui ne reprend pas l’exploitation. Côté repreneur, la holding est une autre solution pour faciliter la reprise en allégeant la pression fiscale et sociale.

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